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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Rues piétonnes à Québec: une révolution qui va demander du courage

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Photo portrait de Karine Gagnon

Karine Gagnon

2023-03-24T04:00:00Z
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COPENHAGUE | Comme quoi il est difficile de révolutionner les habitudes de déplacements – ce que souhaite faire Bruno Marchand à Québec –, même à Copenhague, considérée aujourd’hui comme la ville durable par excellence, le maire a reçu des menaces de mort lors de l’implantation d’une première rue piétonne. 

Le maire Bruno Marchand (à gauche) souhaite que la mobilité active prenne beaucoup plus de place à Québec. « Je vais le faire, car il le faut, et parce que les gens le réclament », a-t-il lancé hier, après une rencontre avec Klaus Myging, vice-président du comité exécutif de Copenhague, en compagnie de Stéphane Boyer, maire de Laval, et de Julie Bourdon, mairesse de Granby.
Le maire Bruno Marchand (à gauche) souhaite que la mobilité active prenne beaucoup plus de place à Québec. « Je vais le faire, car il le faut, et parce que les gens le réclament », a-t-il lancé hier, après une rencontre avec Klaus Myging, vice-président du comité exécutif de Copenhague, en compagnie de Stéphane Boyer, maire de Laval, et de Julie Bourdon, mairesse de Granby. Photo Karine Gagnon

Il faut effectivement beaucoup de courage de la part des politiciens pour changer les habitudes, comme l’a fait valoir hier Klaus Myging, vice-président du comité exécutif de la capitale danoise. Bruno Marchand l’a rencontré hier, à l’hôtel de ville de l’endroit.

M. Myging lance que les politiciens « doivent peut-être même accepter de ne pas être élus la prochaine fois [...] Il ne faut pas avoir peur de faire des règles qui déplaisent », a-t-il insisté.

Dans le cas de Copenhague, la rue principale de la ville, Stroget, qui s’étend sur plus d’un kilomètre, est devenue piétonne en 1962.

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Le centre-ville de la capitale du Danemark était alors littéralement envahi par les automobiles, un peu comme à Québec.

Bruno Marchand pense que l’avenir réside dans les rues piétonnes, grâce auxquelles il souhaite apaiser le Vieux-Québec. 

À Copenhague, le maire d’alors, Alfred Wassard, souhaitait vérifier si le modèle de rue piétonne pouvait être viable.

Stroget, avec son occupation résidentielle et commerciale, en a fourni une preuve éloquente, mais cela lui a valu des menaces de mort, rien de moins.

Les Copenhagois se sont cependant vite aperçus des nombreux avantages. Les citoyens ont pu se réapproprier leur rue. Les commerçants en ont bénéficié et ont aménagé des terrasses à l’extérieur. 

Depuis, les rues piétonnes se sont multipliées à Copenhague, jusqu’à en faire son charme.

Désœuvrée et peu attractive il y a 40 ans, la ville s’illustre aujourd’hui en championne de la mobilité durable. 

Projets pilotes

Pour y arriver, il est toutefois nécessaire de bien communiquer avec les citoyens et commerçants, comme l’a souligné hier M. Myging, qui voit dans les projets pilotes une avenue intéressante. 

Bruno Marchand devra s’en assurer s’il veut que les gens embarquent. À Québec, la moitié des commerçants s’opposent au retour de la rue piétonne sur Cartier, alors que les citoyens y sont au contraire favorables.

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Le maire affirme que s’ils ne sont pas convaincus, on travaillera sur d’autres artères en priorité. 

Il cite la rue Racine, par exemple. Un projet pilote se mettra aussi en branle dans le Vieux-Québec cet été.

Plus de vélos

Puis, l’exemple du vélo à Copenhague, qui s’illustre aussi comme capitale mondiale du vélo malgré son climat nordique, s’avère également intéressant. 

Se balader dans les rues est fascinant, car on y compte plus de vélos que de voitures.

« Tous les partis d’opposition sont en faveur du vélo en ville aujourd’hui, mais ce n’était pas le cas il y a 14 ans », a mentionné M. Myging. 

En fait, les élus de Copenhague se disent que tous ceux qui habitent à 15 kilomètres et moins de la ville devraient se déplacer en vélo. Les services sont organisés en conséquence. 

À Québec, l’hiver est plus rude, mais on est tout de même très loin du compte.

On aurait tout avantage à développer le réseau cyclable, comme le souhaite M. Marchand, et comme on l’a fait à Montréal.

Le maire a précisé hier que 92 % de tous les trajets de cinq kilomètres et moins à Québec ne se font pas en transport actif ou collectif.

Il promet des annonces sur les corridors cyclables en avril.

Revenir en arrière 

J’écoutais l’élu danois hier et je me disais que le même phénomène s’observe à travers le monde lorsque de nouveaux projets changent les déplacements, que ce soit un tramway, une rue piétonne ou des corridors cyclables.

Même s’il y a eu beaucoup d’opposition par moment, personne ne reviendrait en arrière, bien au contraire. 

Le modèle de mobilité active de la capitale danoise ne peut être implanté à Québec comme tel, pour des raisons de densité, de proximité et d’étendue de la ville, convient Bruno Marchand.

Il estime néanmoins que Québec peut s’inspirer de sa transformation. 

Québec est loin d’être désœuvrée, bien sûr, mais il faut voir à son attractivité avant d’en arriver là.

Et on n’y échappe pas : la mobilité active s’impose comme un facteur déterminant dans les villes modernes.

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