Retrait non consenti du condom: le «Stealthing» est officiellement devenu illégal en Californie
Retrait non consenti du condom:
Andrea Lubeck
Le stealthing, c’est lorsqu’un homme retire furtivement son condom, à l’insu de son ou de sa partenaire – et surtout sans son consentement –, en pleine relation sexuelle. La Californie est devenue officiellement le premier État américain à punir cette pratique.
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De plus en plus dénoncé, le stealthing reste peu souvent puni par la loi à travers le monde.
«Les victimes de stealthing pourront poursuivre en justice les auteurs. En adoptant cette loi, nous soulignons l’importance du consentement», a tweeté le bureau du gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom en annonçant la signature de cette loi, adoptée le 7 septembre.
With @AsmGarcia’s #AB453 signed, victims of stealthing will be able to take civil action against their perpetrators. By passing this bill, we are underlining the importance of consent.https://t.co/uxlorgewu4
— Office of the Governor of California (@CAgovernor) October 8, 2021
C’est après la lecture d’un article d’Alexandra Brodsky, rédigé alors qu’elle était étudiante en droit à l’Université Yale en 2017, qu'une élue californienne, Cristina Garcia, a décidé de plancher sur le projet de loi, rapportait BuzzFeed, en septembre.
Dans son article, elle expliquait comment le stealthing, une pratique s’apparentant au viol, transforme des rapports sexuels consentis en rapports sexuels non consentis.
«Heureuse que la Californie guide la nation en ce qui concerne le stealthing. Un État en moins, plus que 49», a tweeté Cristina Garcia, se réjouissant que cela rende ce procédé «non seulement immoral, mais illégal».
Glad that CA is leading for the nation on stealthing. 1 state down, 49 to go 👊🏽💪🏽@hannahcwiley https://t.co/P7044Nxwik
— Cristina Garcia (@AsmGarcia) October 8, 2021
Selon la nouvelle loi, une personne commet une agression sexuelle lorsqu’elle «provoque un contact entre un organe sexuel, dont un préservatif a été enlevé, et les parties intimes d’une autre qui n’a pas verbalement consenti au retrait du préservatif».
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Un pratique qui rappelle le viol
Des victimes interrogées par Alexandra Brodsky décrivent cette pratique, qui est répandue, comme «un abus de confiance et une atteinte à leur autonomie, ce qui n’est pas sans rappeler le viol». Elles craignaient également les grossesses indésirées et les infections transmises sexuellement.
Bien que tout le monde – femme ou homme – puisse en être victime, une étude menée en 2019 démontre que les femmes sont les plus touchées. Le tiers (32%) des répondantes ont rapporté avoir vécu une expérience de stealthing. Un homme sur cinq (19%) a indiqué l’avoir aussi vécu.
Passible de poursuites civiles
Le stealthing devient passible de poursuites civiles, sans toutefois devenir un acte criminel. Selon Alexandra Brodsky, le procès civil est préférable, parce qu’il offre plus de pouvoir à la victime que le procès criminel.
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«[Au criminel], tout le monde, sauf les victimes, peut décider de la suite à donner à l’affaire. La police doit décider d’enquêter ou non, les procureurs doivent décider de poursuivre ou non l’affaire. Les survivants n’ont pas leur mot à dire et cela peut être une expérience vraiment déresponsabilisante qui aggrave le méfait lui-même», précise l’avocate.