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Environnement

Une pétrolière a infiltré l’organisation de la COP28

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Photo portrait de Andrea Lubeck

Andrea Lubeck

2023-02-03T20:41:37Z
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Une douzaine d’employés de la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis travailleraient à l’organisation de la prochaine conférence de l’ONU sur le climat (COP28), qui se déroulera à Dubaï en décembre prochain, a révélé The Guardian.

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Le 12 janvier dernier, on apprenait que le PDG de l’Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC), Sultan Ahmed al-Jaber, avait été nommé à titre de président de la prochaine COP28. La nouvelle avait soulevé l’ire des organismes environnementaux, qui ont appelé Sultan al-Jaber à démissionner de son poste de PDG pour éviter les conflits d’intérêts.

Mais voilà qu’au moins une douzaine de fonctionnaires de cette même entreprise fait désormais partie de l’équipe organisationnelle de la conférence mondiale, selon une analyse de comptes LinkedIn réalisée par le groupe d’enquête indépendant Centre for Climate Reporting et consultée par The Guardian. Ils occupaient leur poste chez ADNOC tout juste avant de passer à l’équipe du sommet sur le climat.

Le président de la COP28, Sultan Ahmed al-Jaber
Le président de la COP28, Sultan Ahmed al-Jaber AFP

On y retrouve ainsi deux anciens ingénieurs aux postes de négociateurs pour les Émirats arabes unis, et ce, même si leur profil ne présente pas d’expérience particulière dans la diplomatie climatique internationale. Deux cadres supérieurs de la compagnie pétrolière sont également «chargés de soutenir» le rôle de l’émirat comme hôte de la conférence.

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Rappelons que l’utilisation des combustibles fossiles, comme le pétrole, le gaz et le charbon, est à l’origine de la crise climatique.

Les inquiétudes ravivées

Ces révélations soulèvent de nouvelles inquiétudes quant à la présence de représentants de l’industrie pétrolière à la conférence pour le climat et à l’influence que ceux-ci peuvent exercer sur les négociations et l’accord final résultant de la rencontre.

Les Émirats arabes unis, un important pays pétrolier, ont souligné l’importance que la COP28 soit «inclusive» en rassemblant «toutes les perspectives autour de la table», y compris celle de l’industrie pétrolière et gazière. 

«Si nous n’apportons pas de changements radicaux, la COP28 sera le sommet sur le climat perdu», a déclaré Jared Huffman, élu du Congrès américain, dans une lettre soumise à l’envoyé spécial du président pour le climat, John Kerry.

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Dans sa missive, il a demandé à Kerry de pousser les Émirats arabes unis à démettre Sultan al-Jaber de son poste de président de la conférence. John Kerry a plutôt appuyé la nomination.

«Prétendre d’une manière ou d'une autre que tout ce personnel spécialisé dans les combustibles fossiles et toutes ces connexions ne constituent pas une menace massive pour l’ensemble de la conférence va au-delà de la naïveté», a-t-il poursuivi.

Questionné par The Guardian, Sami Joost, un porte-parole de Sultan al-Jaber, a déclaré ceci: «Les personnes qui sont embauchées sont issues d'une variété de milieux et de secteurs... Une fois en poste, ces personnes sont entièrement concentrées sur le travail de livraison de la COP28 et n’ont aucune obligation envers leurs anciens employeurs.»

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Tous dans le même bâtiment

Les bureaux de certains membres de l’équipe de la COP28 seraient d’ailleurs situés dans le même bâtiment que la compagnie pétrolière. 

Le bureau de l’envoyé spécial des Émirats arabes unis pour le climat, un autre poste qu’occupe Sultan al-Jaber, se trouverait aussi à la même adresse, selon des document déposés auprès du ministère américain de la Justice. 

Ces informations ont poussé les Nations unies à interroger la délégation sur son indépendance face à l’ADNOC, selon un reportage de Politico.

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«Le personnel est actuellement basé dans plusieurs endroits différents», a précisé Sami Joost. Le porte-parole a d’ailleurs assuré qu’ils déménageraient dans des bureaux permanents en février. 

«Dans l'intervalle, des directives de gouvernance claires sont en place pour garantir que l'équipe puisse fonctionner de manière totalement indépendante de toute autre entité où elle pourrait se trouver», a-t-il également indiqué au Guardian.

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