Une nouvelle étoile est née
Charles Laverdière
En jouant la finale des Internationaux des États-Unis, samedi, Leylah Annie Fernandez est devenue la plus récente étoile montante du tennis au Canada.
Son parcours et ses futurs exploits permettront d’inspirer une génération entière de futurs joueurs et joueuses de tennis canadiens, comme le font présentement Bianca Andreescu, Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov, trois représentants de l’unifolié âgés de 22 ans et moins qui ont percé le top 30 de la WTA et de l’ATP, chose que fera Fernandez lors de la prochaine mise à jour du classement.
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La jeune athlète de 19 ans est aussi devenue le troisième membre de la feuille d’érable en moins de 10 ans à atteindre la finale d’un tournoi du Grand Chelem après Eugenie Bouchard à Wimbledon, en 2014, et Andreescu aux Internationaux des États-Unis, en 2019.
«Effectivement, ces résultats-là vont stimuler la participation – on l’espère – plus du côté des jeunes, a avoué Eugène Lapierre, vice-président de Tennis Canada au Québec, lorsque rejoint au téléphone à New York, puisqu’il a pu assister au match de Fernandez. En principe, c’est ce qu’on entend chez les jeunes qui veulent sauter sur le terrain et imiter Eugenie, Bianca, Leylah, Félix et Denis, et compagnie. C’est ce qu’on veut voir. Notre rôle, ça va être d’en profiter, de cette émulation, qu’on a finalement créée et de continuer, parce que ça met de la pression d’avoir de bons résultats, ça veut dire que les gens vont s’attendre à ce qu’il y en ait encore.»
«Ça va permettre la promotion du tennis, a ajouté le chef du programme féminin de Tennis Canada Sylvain Bruneau. On le voit autant chez les gens qui jouent déjà au tennis ou qui ne jouent pas au tennis, c’est une petite culture qui commence à se développer dans le pays. Il y a une tradition d’excellence et ça devient possible pour les jeunes qui veulent jouer au tennis de rêver d’être capable de faire quelque chose, si jamais ils le veulent, au niveau compétitif, ou juste de prendre la raquette et d’en faire un sport récréatif, c’est déjà bien.
«On voit des compatriotes qui font des grandes choses et là il n’y a plus de barrière, tout est permis. Il n’y a plus de complexe du tout, d’être Canadien sur la scène du tennis international. Au contraire, on est à admirer.»
Se méfier du succès immédiat
Si Bouchard, Andreescu et Fernandez partagent une similarité, c’est qu’elles ont toutes atteint la finale d’un tournoi du Grand Chelem à un très jeune âge. Bouchard en avait 20, tandis que les deux autres avaient 19 ans.
Ce succès est souvent accompagné d’une reconnaissance et d’une pression supplémentaire de bien performer à chaque événement, ce qui peut s’avérer dangereux pour certains athlètes, particulièrement au niveau de la santé mentale.
«On le voit pas juste avec nos athlètes, mais on le voit avec toutes sortes d’athlètes, et même dans d’autres sports. Nous l’avons vu avec Naomi Osaka, qui a parlé ouvertement de la pression de la victoire, de la pression du succès. Autant ils peuvent s’amuser quand ils sont jeunes et quand ça va bien, autant quand les gens ont des attentes à leur égard, ça devient beaucoup plus lourd, a confié Lapierre. Dans d’autres sports aussi, on l’a vu avec Jonathan Drouin, avec le Canadien de Montréal.
«[Les athlètes] deviennent plus accessibles au grand public et ça apporte de la pression. [...] Elles deviennent des vedettes internationales du jour au lendemain. De faire un gros coup à New York, comme Leylah l’a fait cette semaine, son nom est [maintenant] partout dans le monde. Elle est attendue, qu’elle joue à Paris, ou à Buenos Aires, ou à Beijing. Ça change une vie.»
Lapierre reconnaît toutefois que les organisations comme Tennis Canada ont un certain rôle à jouer afin de mieux préparer les athlètes à faire face à ce genre de situations, particulièrement au niveau des réseaux sociaux.
Toutefois, le public ne devrait pas avoir à s’inquiéter dans le cas de Fernandez.
«Est-ce qu’elle va continuer d’être la même joueuse, de s’entraîner aussi fort et d’être aussi passionnée pour son sport? Je suis sûr, sûr, sûr que oui, a mentionné Bruneau. À cause de son entourage aussi, je suis sûr que ça ne va rien changer. Ce n’est pas comme si elle va tomber sur une vague et surfer. Elle va profiter de ce qui s’est passé pour aller plus haut et plus vite.»