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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Fonderie Horne: une norme pour tous les métaux et des seuils quotidiens pour l’arsenic, propose Charette

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Gabriel Côté | Agence QMI

2022-07-13T19:08:27Z
2022-07-14T01:15:28Z
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Le ministre Benoit Charette considère la possibilité d’imposer à la fonderie Horne une norme pour l’émission de tous les métaux et non pas seulement de l’arsenic.

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C’est ce dont le ministre de l’Environnement a discuté lors de rencontres privées avec des acteurs locaux, dont la mairesse de Rouyn-Noranda, la Santé publique régionale de l’Abitibi, la Chambre de commerce et le Comité Arrêt des rejets et émissions toxiques (ARET) de Rouyn-Noranda.

M. Charette a aussi évoqué la possibilité d’établir des «cibles intermédiaires» dans la prochaine autorisation gouvernementale qui devrait être officialisée d’ici la fin de l’été. Rappelons que l’attestation actuelle arrive à échéance et que l’entreprise qui exploite la fonderie, Glencore, doit s’entendre avec le gouvernement d’ici là.

«On aurait la possibilité d’exercer notre pouvoir de contrôle et notre pouvoir de sanction, par exemple après deux ans de l’instauration de la nouvelle attestation, si on ne respecte pas les conditions et les cibles qui seraient précisées», a dit Benoit Charette en mêlée de presse, pour expliquer le fonctionnement des cibles intérimaires.

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Le gouvernement pourrait également fixer des seuils quotidiens pour les émissions d’arsenic, qui atteignent parfois entre 800 et 1000 nanogrammes par mètre cube pour une journée donnée, en plus d’installer des capteurs visant à mesurer la qualité de l’air.

Benoit Charette n’a pas rencontré les représentants de Glencore mercredi. «Personnellement, ça fait plusieurs mois que je n’ai pas eu de contacts avec la fonderie, mais le ministère est en contact avec la fonderie (...). La fonderie sait fort bien qu’elle ne peut pas nous revenir avec un plan qui ne soit pas plus ambitieux que celui qui nous a été présenté jusqu’à maintenant», a-t-il dit.

Le ministre «réceptif»

«Ça a été une bonne rencontre, a déclaré la mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, en entrevue à LCN, mercredi en début d’après-midi. On a pu porter haut et fort toute l’inquiétude de la population. Le ministre s’est montré réceptif.»

Mme Dallaire s’est montrée particulièrement satisfaite de la possibilité qu’une norme soit établie pour les émissions de l’ensemble des métaux, qui répond selon elle à une demande de la municipalité. «On a clairement demandé que le plan d’action de la fonderie doit viser le respect des normes sur la qualité de l’air pour l’ensemble des métaux.»

La mairesse de Rouyn-Noranda a dit que Benoit Charette lui a confirmé que les prochaines attestations seront «plus contraignantes», mais elle plaide pour que de nouvelles mesures soient mises en place le plus rapidement possible.

«Le statu quo est inacceptable, il faut absolument que des mesures soient prises.»

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Perte de confiance

Les mesures proposées par le ministre sont un pas dans la bonne direction, estime Valérie Fournier du comité ARET, qui se désole toutefois que les cibles n’aient pas été chiffrées par le ministre et qu’aucun échéancier n’ait été établi pour l’instant.

«On a vécu une grande perte de confiance à l’endroit du gouvernement dans ce dossier, alors on va rester vigilants. On n’a pas vu d’engagement ferme du ministre sur des cibles à atteindre ni sur les échéanciers pour y parvenir», a expliqué Valérie Fournier en entrevue.

Norme

L’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) a réitéré que le gouvernement devrait imposer à la fonderie Horne la norme provinciale de trois nanogrammes par mètre cube, alors que le droit acquis de polluer de la fonderie est fixé à 100 nanogrammes par mètre cube depuis 2020.

«La seule norme acceptable c’est celle qu’on est prêt à appliquer à l’ensemble de la province (...), et la norme actuellement pour le reste de la province est de trois nanogrammes par mètre cube. Je ne vois pas comment on peut justifier que ce ne soit pas tous les citoyens qui ont droit à la même qualité de l’air», a fait valoir la présidente de l’AQME, Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, en entrevue à LCN.

Si elle reconnait que de grands efforts seront requis pour opérer une telle réduction, Dre Pétrin-Desrosiers considère que ces efforts auraient dû être entrepris beaucoup plus tôt.

«Aucun plan»

La députée solidaire de Rouyn-Noranda, Émilise Lessard-Therrien, n’a pour sa part pas été impressionnée par sa rencontre avec le ministre Charette, mercredi après-midi.

«Pourquoi le ministre de l’Environnement s’est-il déplacé en Abitibi s’il n’avait aucun plan et aucun chiffre à présenter? s’est-elle interrogée. Il est venu nous servir les mêmes arguments des trois dernières années. Les gens sont inquiets et en colère contre la CAQ qui a manqué de volonté politique pour mettre Glencore au pas.»

Mme Lessard-Therrien soutient qu’un gouvernement de Québec solidaire appliquerait la norme québécoise de trois nanogrammes par mètre cube.

«On ne fera pas de compromis sur la santé des gens au risque de froisser la Fonderie Horne», a-t-elle lancé.

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