Golf Canada: une mission personnelle
François-David Rouleau
Laurence Applebaum n’en démord pas. Dans sa «vision 2032», le grand patron de Golf Canada veut voir 30 de ses professionnels s’établir sur les deux plus grands circuits de golf au monde, la PGA et la LPGA, dans les 10 prochaines années. Et les Québécois devront avancer sur ces grandes scènes un jour.
Quand il a consulté le plateau à l’Omnium canadien féminin en début de semaine dernière et qu’il a vu 19 golfeuses de l’unifolié, dont l’adolescente de 12 ans, Lucy Lin, et plusieurs jeunes étoiles, il n’a pu s’empêcher de sourire et de regarder avec optimisme vers le futur.
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Cinq d’entre elles ont participé aux rondes du week-end. Alors qu’on s’attendait à ce que Brooke Henderson fasse flèche de tout bois dans sa région natale, c’est plutôt la jeune Maddie Szeryk et la vétérane Alena Sharp qui se sont signalées au club de golf Ottawa Hunt.
Applebaum a bien noté la présence des quatre Québécoises menées par Maude-Aimée Leblanc, qui a retrouvé son sourire.
Talents en développement
Mais le chef de la direction souhaiterait en voir davantage de la Belle Province, tant chez les hommes que chez les femmes. «Je mets l’accent sur cet élément. Je veux voir des golfeurs et des golfeuses du Québec traverser les étapes et se rendre sur les deux plus grands circuits. Il y a de beaux talents qui évoluent sur les circuits mineurs. Ils doivent passer au travers.»
Applebaum faisait ainsi référence chez les hommes à Joey Savoie, qui gravite sur le circuit satellite du PGA Tour Canada, à Étienne Papineau, qui a eu l’occasion de participer à l’Omnium de Phoenix sur la PGA l’hiver dernier, et à une poignée d’espoirs évoluant dans les rangs collégiaux américains.
Savoie occupe le 25e rang du classement général de la saison canadienne avec un top 10 au compteur. Papineau, quant à lui, est au 36e échelon.
Chez les femmes, il a noté l’engouement autour de Leblanc à Ottawa et il voit les Sarah-Ève Rhéaume et Brigitte Thibault s’établir dans le grand circuit. Du moins, il l’espère.
«Chez les gars, la marche est haute, a-t-il rappelé en écartant le cas de l’Ontarien Taylor Pendrith, qui a grimpé sur la PGA en brûlant les circuits mineurs. On sent qu’un Québécois percera, mais c’est une question de temps et de constance.»
Résultats encourageants
Lors de l’Omnium canadien au Club de golf de St-Georges en juin dernier, 20 golfeurs avaient représenté le pays. Aucun d’entre eux ne venait du Québec. Lors de l’édition précédente en 2019, ils étaient trois.
Aucun Québécois n’a jamais réussi à s’établir sur le circuit de la PGA.
Applebaum espère donc que la tendance changera au fil de la prochaine décennie.
«Nous avons tellement de bonnes choses qui se produisent présentement, et ce à tous les niveaux de jeu, a-t-il indiqué en regardant vers les divers résultats de l’équipe nationale. Les récentes performances sont définitivement encourageantes.»
À tous les niveaux, 15 golfeurs et golfeuses de la province portent les couleurs de la formation nationale comptant 58 membres.
Prêt à toute éventualité
Le moins qu’on puisse dire, c’est que les choses bougent rapidement cet été dans le paysage du golf professionnel avec l’arrivée de la ligue controversée LIV Golf.
L’Omnium canadien masculin pourrait bien bénéficier des changements annoncés mercredi dernier par le commissaire de la PGA, Jay Monahan.
Celui-ci annoncera prochainement l’identité des quatre tournois additionnels qui figureront sur la liste des 12 grands événements réunissant les meilleurs golfeurs dès la saison 2023. Chacun de ses tournois proposera une bourse de 20 M$.
La classique canadienne
À travers les branches, on entend que cette annonce pourrait avoir lieu lors de la Coupe des Présidents, à Quail Hollow, dans trois semaines.
On peut croire que l’Omnium canadien, le troisième plus vieux tournoi au monde, pourrait être identifié dans cette liste.
Présenté par un commanditaire majeur du circuit, la Banque Royale du Canada, et finaliste au titre de tournoi de l’année en 2019, l’Omnium national pourrait aussi bien gagner cette palme en 2022.
Golf Canada est prêt à toute éventualité.
«On travaille constamment avec le circuit pour placer notre tournoi dans les meilleures positions, a insisté le chef de la direction, Laurence Applebaum. On veut se mesurer aux autres championnats nationaux. On veut faire partie des leaders mondiaux pour attirer les joueurs, leur permettre de livrer des performances spectaculaires à un événement important.»
Pas inquiet
Par ailleurs, invité à commenter les grands changements de l’été dans le monde du golf et la distribution astronomique d’argent par les Saoudiens, Applebaum ne s’est pas dit inquiet pour les golfeurs d’élite canadiens.
«On n’a pris aucune position à cet égard, car aucun de nos joueurs ne nous a approchés pour discuter d’une offre. Tout ce que l’on peut faire, c’est de leur offrir notre support. Ils prennent leurs propres décisions. Nous sommes un partenaire du circuit de la PGA.»
Le temps viendra certainement où Golf Canada devra prendre position, comme plusieurs de ses golfeurs obtiennent du succès et que l’organisme est impliqué autant avec le circuit de la PGA qu’avec celui de la LPGA.
La commissaire de la LPGA s’était d’ailleurs dite ouverte à discuter avec les Saoudiens s’ils approchaient son circuit.