Une mise en garde aux partisans du CH
Michel Therrien
Même si les Canadiens sont inactifs depuis le 31 janvier, l’actualité dans la Ligue nationale de hockey, elle, n’arrête jamais. Cette semaine, je veux aborder quelques sujets qui ont retenu mon attention au cours des derniers jours.
Commençons d’abord avec le week-end des étoiles. Je ne m’y attarderai pas trop longtemps puisque tout a été dit. Comme je l’ai mentionné à l’émission «JiC» lundi, c’est un œil au beurre noir pour la LNH.
Depuis samedi, on n’entend que des critiques, et avec raison. La LNH a complètement raté son coup. Elle doit maintenant modifier son approche et trouver un enjeu plus sérieux pour vendre le produit aux États-Unis.
Parlant de changer de format, les propos de Sidney Crosby sur les séries éliminatoires m’ont interpellé. Je suis d’accord avec lui, on devrait revenir à la même formule qu’auparavant, c’est-à-dire que l’équipe qui termine la saison en tête de chaque association affronte au premier tour celle en 8e place, puis la 2e contre la 7e, la 3e contre la 6e et la 4e contre la 5e. C’est une idée intéressante.
C’est très rare que Crosby donne son opinion publiquement, surtout à propos d’un sujet délicat comme celui-là. Lorsqu’un ambassadeur comme lui parle, la LNH a le devoir de l’écouter. J’espère que les hauts dirigeants porteront une attention particulière à ses commentaires et qu’ils examineront de près les différentes possibilités.
On dit souvent que les entraîneurs doivent être à l’écoute des joueurs, mais ça doit aussi s’appliquer aux grands patrons de la ligue, qui doivent garder un esprit ouvert.
Lamoriello a bien raison
Dans un tout autre ordre d’idée, Lou Lamoriello a exprimé tout haut ce que tout le monde pense tout bas dans la business du hockey lorsqu’il a déclaré que le contrat de huit ans et 68 millions de dollars octroyé à la nouvelle acquisition des Islanders, Bo Horvat, était «trop long et trop d’argent».
On n’entend pas souvent une telle critique, mais le bon vieux Lou a bien raison de se plaindre. Ce n’est certainement pas vendeur pour le joueur et l’organisation new-yorkaise, mais il a simplement dit la vérité. Cependant, comme le veut l’expression, toute vérité n’est pas bonne à dire.
Je partage toutefois son opinion. Le contrat offert à Horvat est effectivement trop long et trop cher. Ça ressemble aux ententes mirobolantes qui se concluent chaque été. C’est toujours le 1er juillet que les pires contrats sont signés.
Mais malheureusement, tu n’as pas le choix dans la LNH d’aujourd’hui si tu veux rester compétitif. Si tu ne le fais pas, un autre directeur général osera sortir son chéquier à ta place.
Ça s’annonce tranquille...
Par ailleurs, la date limite des transactions approche à grands pas. Il reste à peine trois semaines avant le jour J, le 3 mars.
Mes attentes sont basses pour les Canadiens. Je ne crois pas qu’il y aura beaucoup de mouvements. À cause des mauvaises performances de certains vétérans, ils sont peu attrayants.
Si vous vous mettez à la place d’une équipe qui lutte pour la coupe Stanley, pensez-vous vraiment que les joueurs du CH qui deviendront autonomes, soit Evgenii Dadonov et Jonathan Drouin, vont aider à aller loin en séries? Poser la question, c’est y répondre...
De son côté, Joel Edmundson pourrait intéresser certaines équipes, mais son historique médical représente un gros risque et pourrait refroidir plusieurs DG malgré sa bonne réputation à travers la ligue.
En plus, il lui reste une autre année de contrat. Avec la faible hausse du plafond salarial la saison prochaine, c’est un pensez-y bien.
Monahan et Anderson font peur
La santé fragile de Sean Monahan doit aussi effrayer bien des DG. Beaucoup de gens sont convaincus que Kent Hughes peut obtenir un choix de premier tour contre Monahan, mais c’est rêver en couleur.
À mon avis, il rapportera au mieux un choix de deuxième ronde s’il n’est plus blessé. N'oublions pas également que Monahan serait un troisième centre dans une équipe aspirante aux grands honneurs.
Si Monahan démontre d’ici la fin du mois qu’il peut jouer et qu’il retrouve son synchronisme, il deviendra un candidat plus attirant aux yeux des autres clubs, mais il y aura toujours un drapeau rouge à côté de son nom.
Celui de Josh Anderson revient aussi souvent dans les rumeurs. Par contre, ce n’est pas évident d’échanger un joueur avec un contrat valide pour encore quatre ans. Si j’étais directeur général, ça me ferait peur.
Je ne suis vraiment pas convaincu qu’Anderson quittera Montréal, à moins que les Canadiens retiennent une partie de son salaire, mais ce serait surprenant puisque Hughes veut se garder le plus de marge de manœuvre possible sous le plafond salarial en vue des prochaines années.
Bref, ça s’annonce assez tranquille chez le CH. C’est dommage, parce que l’ajout de jeunes espoirs et de choix au repêchage aurait aidé le processus de reconstruction en cours.
Dans l’ensemble, je prévois plus d’action au repêchage qu’à la date limite des transactions. Il y aura certes encore beaucoup d’échanges cette année, mais ce ne seront pas nécessairement de gros noms. D’ailleurs, Horvat était l’un des attraits principaux et il n’est plus sur le marché.