Les Carabins rejoignent le Rouge et Or en finale
Marc-Antoine Malo
Coupables de multiples pénalités, les Carabins de l’Université de Montréal en ont néanmoins fait suffisamment pour vaincre le Vert & Or de l’Université de Sherbrooke par la marque de 23 à 15 et passer en finale de la Coupe Dunsmore, samedi, au Complexe sportif Claude-Robillard.
Voyez les faits saillants dans la vidéo principale ci-dessus.
Ce fut l’histoire de la rencontre; l’UdeM a reculé presque autant en raison des pénalités que Sherbrooke n’a avancé avec le ballon. Les Bleus ont été pris en défaut 18 fois, pour des pertes de 200 verges. Conduite antisportive, rudesse, pour avoir retenu, saisie du protecteur facial; tout le livre des règlements y est passé.
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Visiblement en colère après la rencontre, l’entraîneur-chef Marco Iadeluca s’est fait avare de commentaires.
«Je vais faire attention à ce que je dis. On va prendre la victoire et se concentrer sur la semaine prochaine. [...] On a gagné, on a battu plus qu’une équipe aujourd’hui», a-t-il dit, mentionnant au passage le nombre outrageux de pénalités d’un côté.
Heureusement pour les favoris locaux, le quart-arrière Jonathan Sénécal était en grande forme. Il a réussi 24 de ses 34 tentatives de passe pour des gains de 264 verges.
Les Carabins n’avaient pas été en mesure d’inscrire un touché à leur dernier duel contre Sherbrooke. Le scénario a été bien différent cette fois puisqu’ils ont atteint la zone des buts dès leur première possession. Au bout d’une longue action, Fabrice Hennekens a complété le jeu avec une faufilade.
Pénalités à profusion
En plus des nombreuses pertes de terrain, deux touchés ont été annulés après des lancers de mouchoir. En fin de deuxième quart, Hassane Dosso a franchi la zone payante, avant que son bel effort ne soit refusé par les officiels. Sénécal l’a de nouveau ciblé au jeu suivant pour le majeur, et cette fois, sans pénalité.
«Ça m’a fait suer», a avoué Dosso à propos de cette première tentative ratée.
Le receveur a été plutôt efficace avec neuf attrapés pour 60 verges. Blessé pendant la majorité de la saison, il effectue un beau retour à l’action depuis la semaine dernière. À deux reprises, les partisans des Carabins ont eu une petite frousse en voyant le joueur vedette prendre du temps à se relever.
«J’ai eu l’impression qu’ils voulaient m’éliminer du jeu, j’ai fait des sacrifices», a-t-il dit avec le sourire.
À l’attaque du côté de Sherbrooke, le quart Anthony Robichaud a surtout combiné ses efforts à ceux de William Marchand. Le receveur a capté sept ballons pour 86 verges, dont un dans la zone des buts.
Les Verts n’ont d’ailleurs obtenu que 238 verges de gains offensifs.
«On voulait arrêter la course pour mettre le ballon dans les mains du quart-arrière, c’est ce qu’on a fait, a expliqué le joueur de ligne défensive Philippe Lemieux-Cardinal. On n’a pas donné de gros jeux explosifs. Ç’a été mission réussie pour nous. Il y a encore des petits détails à corriger.»
L’un des moments importants de cette rencontre a eu lieu avant la mi-temps, quand le botteur Jacob Camiré s’est blessé. Au moment d’un dégagement, un joueur adverse s’est lourdement écroulé sur sa jambe. Ce fut la fin de son match, lui qui a été vu sur les lignes de côté avec un plâtre.
En finale de la Coupe Dunsmore, les Carabins se mesureront à leurs rivaux de toujours, le Rouge et Or de l’Université Laval, qui a vaincu les Stingers de Concordia 38 à 27 samedi. Ce duel aura lieu samedi prochain, au Stade TELUS-UL.
«L’adversité, on aime ça à Montréal»
Face au Vert & Or de l’Université de Sherbrooke cette saison, les Carabins de l’Université de Montréal en ont eu pour leur argent. Vaincus plus tôt cette année par les hommes de Mathieu Lecompte, les Bleus ont mis leurs démons de côté samedi.
Cette demi-finale de la Coupe Dunsmore fut forte en émotions. Certains joueurs y ont peut-être pris goût un peu trop et plusieurs bousculades ont eu lieu après le sifflet final. Mais la poussière finit toujours par retomber, et les vainqueurs avaient de bons mots pour leurs adversaires du jour.
«Beaucoup de résilience de la part de Sherbrooke, a souligné le joueur de ligne défensive Philippe Lemieux-Cardinal. Beaucoup de bons jeux de notre côté, un peu d’indiscipline... un peu beaucoup d’indiscipline. C’est ce qu’on va devoir rectifier en vue des prochaines semaines.»
Les victoires d’émotion forgent les grandes équipes, mais les Carabins auraient sans doute aimé l’emporter d’une manière différente avant de croiser le puissant Rouge et Or de l’Université Laval pour une neuvième fois de suite en finale de la Coupe Dunsmore.
«C’est de l’adversité, et l’adversité, on aime ça à Montréal, a assuré le quart-arrière Jonathan Sénécal. On continue à travailler fort et c’est comme ça qu’on s’améliore.»
Or, on en revient toujours aux sempiternelles pénalités.
«C’est vraiment un aspect qu’il faut enlever de notre équipe. Ça fait quelques parties où on se tire dans le pied à l’attaque et sur les unités spéciales. Contre des équipes comme Québec, tu ne peux pas prendre 200 verges de pénalités», a martelé Sénécal.
Face aux Verts, les Carabins ont parcouru 482 verges à l’attaque. Sherbrooke a dû se contenter de 218 verges. Force est d’admettre que sans les 18 pénalités de l’UdeM, le pointage aurait été bien différent de 23 à 15...
Avant-match
Dans la ligue à cinq équipes du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ), il est assez commun de croiser souvent le même adversaire. Les Carabins de l’Université de Montréal ont d’ailleurs des comptes à régler avec le Vert & Or de l’Université de Sherbrooke, et cette fois, dans un match sans lendemain.
Il s’agira du même duel de demi-finale de la Coupe Dunsmore que l’an dernier. Les Bleus, quasiment imbattables en 2021, avaient soufflé les hommes de Mathieu Lecompte 31 à 3.
Or, les Verts ont arraché une victoire de 12 à 5 à l’UdeM, pas plus tard que le 22 octobre, à Sherbrooke. L’entraîneur-chef Marco Iadeluca n’est toutefois pas à la recherche de la revanche ou de la rédemption. Il s’agit d’un match à gagner absolument, un point c’est tout.
«Honnêtement, je pense qu’on a super bien joué le match là-bas. On a dominé au niveau des statistiques, partout sauf du côté des revirements. On a eu cinq revirements offensifs et on n’en a créé aucun. Quand tu perds la bataille des revirements cinq à zéro, tes chances de succès sont quasi nulles», a rappelé Iadeluca au bout du fil, jeudi.
Il faudra ainsi éviter les erreurs de la sorte. Les Carabins se sont redonné une dose de confiance la semaine dernière en battant les Redbirds de l’Université McGill. Les 24 points ont fait du bien à une attaque qui est souvent tombée en panne cette saison.
«Il faut le prendre comme un match comme les autres, être prêts à tout donner sur le terrain, éliminer les erreurs inutiles et avoir du “fun”, c’est tout», a mentionné le porteur de ballon Lyshawn Dubois, pour qui il s’agira d’un premier match éliminatoire.
Une défensive à la hauteur
Si l’attaque a souvent constitué un point d’interrogation pour les Carabins – elle a été la moins productive de la ligue avec 163 points – la défensive a été leur point fort. Les membres de l’unité ont respecté à la lettre les plans de match de Denis Touchette.
«Chaque semaine est un combat. Chaque semaine, on cherche à donner le meilleur de nous et à s’améliorer. C’est certainement un peu cliché, mais c’est vraiment ça. Ne rien tenir pour acquis et toujours chercher à corriger les détails de semaine en semaine, c’est ce qu’il y a de plus important», a expliqué le coordonnateur défensif par rapport aux objectifs de ses hommes.
L’Université de Montréal a été efficace en n’accordant que 124 points à l’adversaire en saison régulière. Ce n’est pas le moment de quitter le ballon des yeux.
«Souvent, quand tu as de bons matchs, il y a des choses qui peuvent passer sous ton nez et ça peut te rattraper plus tard. Il faut faire attention à tous les détails», a rappelé Touchette.
«On peut tomber dans l’oubli pendant une saison avec beaucoup d’émotion, a ajouté le joueur de ligne défensive Philippe Lemieux-Cardinal. [...] Dans un match sans lendemain comme ça, en demi-finale, il faut porter une attention particulière à ces petits détails-là pour nous permettre d’optimiser nos chances de gagner.»
C’est samedi au Complexe sportif Claude-Robillard que les Carabins et le Vert & Or tenteront d’obtenir leur billet pour la finale de la Coupe Dunsmore.