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L'article provient de TVA Sports
Sports

Une joueuse québécoise lance un cri du cœur

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Philippe Asselin

2021-10-22T14:39:27Z
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La Québécoise Natasha Tcheki-Jamgotchian lance un cri du cœur pour dénoncer le traitement réservé aux joueuses de soccer qui tentent de vivre de leur sport.

Au début du mois, celle qui évolue en défense centrale a publié sur son compte Instagram l’injustice qu’elle a vécue avec Puskas Akademia FC, un club professionnel hongrois. Après s’être gravement blessée à un genou à son premier match de la saison, l’équipe l’a abandonnée à son sort.

D’entrée de jeu, la femme de 25 ans a voulu mettre quelque chose au clair, lorsque joint au téléphone: «mon objectif n’est pas de faire pitié, mais d’exposer comment les femmes sont traitées dans le monde du soccer, qui est censé être professionnel.».

Concrètement, Tcheki-Jamgotchian, qui a grandi dans l’Ouest-de-l’Île, se cherchait une équipe à l’été 2021, et ce, après avoir amorcé sa carrière professionnelle en deuxième division suédoise. Un entraîneur ontarien qu’elle connaissait l’a mise en contact avec le Puskas Akademia FC.

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«Ils m’ont donné un essai, mais deux jours après mon arrivée au club, ils m’ont offert un contrat. Je l’ai signé et l’équipe aussi. Je suis même allé chercher mes visas de travail», s’est souvenue celle qui a également joué pour l’Université de Syracuse et les Martlets de McGill.

«J’ai été vraiment mal traitée»

Tcheki-Jamgotchian a paraphé son contrat le 5 septembre et s’est déchiré un ligament du genou deux jours plus tard.

«Par message texte, le club m’a dit que je pouvais rester dans l’entourage de l’équipe, mais que je ne serais pas payée.»

L’athlète est restée deux semaines et a tenté de trouver de l’aide, mais elle s’est finalement résignée à revenir au Québec pour être opérée par un médecin qu’elle connaissait.

«J’ai dû me battre avec l’équipe pour être remboursé pour mon billet d’avion et le dépôt que j’avais fait pour un appartement. Finalement, le club m’a seulement remboursé pour mon billet de retour», a dit la Québécoise, qui estime ses pertes financières à un peu plus de 2000 $.

«J’avais été prévoyante. Je m’étais pris une assurance pour la période de mon essai. Le club m’a affirmé que j’étais maintenant assurée avec eux dès que je signais mon contrat...»

«J’ai été vraiment mal traitée. Pas seulement par le club, mais également par mes représentants, qui ont simplement disparu», a-t-elle ajouté.

Se retrouvant avec rien devant elle, Tcheki-Jamgotchian a l’intention de déposer une plainte à la FIFA, même si elle a peu d’espoir que cela changera quelque chose à sa situation.

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Une culture à changer

Pour revenir à sa publication, la femme n’aurait jamais cru qu’elle aurait fait autant de bruits dans le petit monde du soccer féminin québécois.

«J’ai longtemps hésité avant de raconter mon histoire, parce que je me disais que ça n’intéresserait personne. J’ai ensuite réalisé que si plus de femmes racontaient ce qui leur était arrivé, qu’elles démontrent qu’il y a un manque de respect et que ce n’est pas si "glamour" de jouer au soccer professionnel en Europe, les clubs vont peut-être changer leur façon de faire.»

«Après ma publication sur les réseaux sociaux, une multitude de filles m’ont écrit et raconté des histoires semblables à la mienne. En Europe, il semble que ce soit commun de ne pas être payée ou qu’un contrat ne soit pas respecté en raison d’une blessure.»

«La culture n’est pas professionnelle chez les femmes et ça doit changer, a clamé Tcheki-Jamgotchian. Il y a un problème avec comment on voit les femmes au soccer. Aussi, les athlètes ne savent pas nécessairement comment négocier leur contrat. Nous demandons l’équivalant d’une bouchée de pain et nous ne l’obtenons même pas. C’est quelque chose qui doit changer.»

Sur une note personnelle, Tcheki-Jamgotchian a bien l’intention de se remettre sur pied et de retenter sa chance chez les pros. Elle a aussi l’intention de devenir sa propre agente et d’en apprendre davantage sur la négociation de contrats.

«Je veux le faire pour moi et pour pouvoir éventuellement aider quelqu’un qui se retrouverait malheureusement dans une situation similaire à la mienne.»

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