Une guerre Canada-États-Unis dans les gradins d’amphithéâtres sportifs
Agence QMI
La grogne a gagné les estrades des arénas canadiens de la Ligue nationale de hockey (LNH), et ce n’est pas en raison des performances des équipes locales.
Après les partisans des Sénateurs d’Ottawa et des Flames de Calgary la veille, c’était au tour des spectateurs présents au Rogers Arena de Vancouver pour assister à l’affrontement entre les Canucks et les Red Wings de Detroit de huer copieusement la présentation de l’hymne national américain.
Sans surprise, la hausse de 25% des tarifs douaniers imposée par le gouvernement américain, à laquelle le Canada a répliqué samedi avec l’annonce d’une décision similaire, ne passe tout simplement pas au sein d’une grande partie de la population située au nord de la frontière. Partout, que ce soit sur les réseaux sociaux ou devant les micros et les caméras, l’initiative des États-Unis est vertement décriée. Et le monde du sport n’échappe visiblement pas au vent de morosité.
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Chez nous à Montréal, quelques spectateurs avaient maugréé durant l’interprétation de l’hymne américain précédant l’affrontement entre le Canadien et le Wild du Minnesota jeudi au Centre Bell. Toutefois, le mécontentement est devenu plus perceptible au Centre Canadian Tire, le domicile des «Sens», où une partie de la foule ne s’est pas gênée pour transmettre à sa façon son message avant un duel face à ce même Wild samedi. Les partisans des Flames ne sont pas demeurés en reste avant le choc les opposant aux Red Wings.
And the boo birds come out in Calgary for the U.S. anthem. pic.twitter.com/uABwpvfB4L
— Courtney Theriault (@cspotweet) February 2, 2025
Pas une première
Tous territoires confondus, le sport a été maintes fois associé à des controverses politiques et à la violence, physique et verbale, en découlant. Les cas sont nombreux, dont celui recensé au Centre Bell en mars 2003. À l’époque, les Américains avaient entamé l’invasion de l’Irak, non approuvée par le gouvernement d’Ottawa, et la foule montréalaise avait saisi l’occasion pour exprimer son désaccord.
Avant le match du 21 mars 2003, le Star-Spangled Bannera rapidement été enterré par les huées, une manière de rappeler au président des États-Unis du moment, George W. Bush, que sa décision n’était pas la plus populaire. Cependant, le président du CH, Pierre Boivin, a considéré la situation tellement embarrassante qu’il a diffusé un communiqué d’excuses, mentionnant au passage qu’«[il croyait] fermement qu’un tel comportement n’a[vait] pas sa place dans le sport professionnel».
Rappelons aussi un fait important: le CH était la propriété d’un Américain, soit l’homme d’affaires George Gillett. Sensible vis-à-vis de cet enjeu, le club a donc demandé à sa clientèle de montrer davantage de respect: lors de la partie locale suivante du Tricolore, une vidéo de Jean Béliveau livrant un discours de sensibilisation est apparue sur le tableau indicateur de l’édifice. Les moyens entrepris par l’équipe ont porté leurs fruits, car le silence est revenu dans les estrades, une fois l’hymne des États-Unis commencé.
Soirées mouvementées à prévoir?
Les nouveaux frais confirmés des deux côtés de la frontière semblent là pour demeurer, du moins à court terme, et la colère du public pourrait s’attiser davantage. À l’intérieur des enceintes sportives, il faut s’attendre à plus de manifestations d’hostilité pendant les hymnes nationaux.
À titre d’exemple, le match de la Confrontation des 4 nations devant opposer le Canada aux États-Unis le 15 février au Centre Bell présente déjà un potentiel explosif. Des gens sur les lieux pourraient se faire entendre, surtout que toutes les conditions pour une visibilité accrue seront réunies: la rencontre aura lieu un samedi soir, à une heure de grande écoute, et opposera deux équipes constituées de hockeyeurs élites, le tout étant diffusé d’un océan à l’autre au Canada (NDLR au Québec, TVA Sports diffusera l’affrontement).
Auparavant, le domicile du Tricolore pourrait être le théâtre d’autres concerts de huées, quand les Devils du New Jersey et le Lightning de Tampa Bay s’y présenteront le week-end prochain pour les joutes des 8 et 9 février. Dans le cadre de la Confrontation des 4 nations, les États-Unis doivent également disputer à Montréal la rencontre du 13 février face à la Finlande.
Ailleurs dans le circuit Bettman, Calgary, Edmonton, Winnipeg et Vancouver affichent à leur calendrier de la semaine des parties locales face à des clubs américains.