Une famille ukrainienne du Saguenay vit des heures d'angoisse
Jean-François Tremblay | TVA Nouvelles
Une famille ukrainienne établie au Saguenay–Lac-Saint-Jean vit des heures d’angoisse en suivant le déroulement de la guerre dans son pays natal.
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«Pour nous, pour notre famille, pour notre pays, c'est une catastrophe. Parce qu'on perd nos enfants. On perd notre futur. On perd notre vie», a confié Anastasia Derkach, qui a de nombreux proches toujours en Ukraine.
Arrivée au Québec en 2018, cette photographe habite au Saguenay avec son mari Oleksii et leurs deux enfants depuis près de deux ans.
Elle ne comprend pas que les Russes fassent la guerre à son peuple.
«Les Russes et les Ukrainiens, ce sont des amis. Ils n'aiment pas faire la guerre. On va toujours s'aider chacun. Quand cette guerre a commencé, je me suis dit, " "qu'est-ce qui se passe?" Ce n'est pas possible», a déclaré la jeune femme.
Pour elle, c'est le président russe Vladimir Poutine qui voulait la guerre. Et il n'arrêtera pas, malgré les pourparlers amorcés lundi entre l'Ukraine et la Russie.
«Je sais que cette personne ne va pas arrêter parce qu'il pense juste à lui. Pas aux personnes. Pas aux humains. Ce n'est pas la décision de la Russie. C'est la décision de Poutine.»
Les Derkach sont originaires de la ville de Rivni, située dans le nord-ouest du pays.
La mère d'Oleksii est débarquée à Jonquière, il y a deux semaines, et se demande si elle pourra retourner en Ukraine le 20 mars.
Des femmes de la famille se sont réfugiées en Pologne, mais les hommes sont restés pour protéger leur patrie.
Anastasia souhaiterait que les autres pays leur envoient de l'équipement et des armes afin de pouvoir résister. «On besoin vraiment d'aide. Tout le monde veut nous aider, mais nous avons besoin de plus et plus. On va faire le maximum qui est possible, mais notre force..., a-t-elle dit en arrêtant sa phrase et en exprimant avec ses mains que cette force a une limite. Je veux dire un grand merci aux pays qui nous ont aidés. On a reçu beaucoup de choses et pour moi, c'est très important.»
Son mari Oleksii, lui, ne recherche pas l'aide des Américains qui, selon lui, ont surtout créé des conflits, plutôt que d'en régler.
«Les États-Unis font beaucoup de choses qui ne sont pas bonnes pour les Ukrainiens. Les autres pays, oui. On a besoin d'aide du Canada. On a besoin d'aide de l'Europe. Pas des États-Unis», estime celui qui travaille aussi au Saguenay.
Anastasia est également déchirée. Son grand-père décédé était dans l'armée russe.
«Pour moi, la question est très compliquée. Une partie de ma famille est russe. Une partie de ma famille est ukrainienne.»
Elle croit que lui aussi serait étonné de voir ce conflit. «Pour lui, ce ne serait pas possible. Parce que pour les Russes, pour la Russie, ce n'est pas possible de faire comme ça.»
Même leur fille Élizabeth, 10 ans, craint de ne plus voir ses proches. À son âge, elle a compris une notion toute simple.
«Je n'ai pas envie que ça devienne une guerre mondiale. Il y a d'autres pays qui ont vraiment une forte armée. Parce que si ça commence comme ça, ça va faire vraiment une grosse guerre», a dit l’enfant parfaitement bilingue.
Son père a voulu adresser un message à sa famille dans sa langue d'origine, traduit par Élizabeth.
«Il a dit "tenez le coup là-bas". Et il espère qu'ils seront vivants. »
Les Derkach ont le sommeil léger ces jours-ci. Avec le décalage horaire, les bombardements se déroulent tard le soir et en pleine nuit, heure du Québec. Ils veulent savoir ce qui se passe pour leurs proches qui défendent leur pays.