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Environnement

Une expédition 100% féminine pour documenter la pollution plastique dans le Saint-Laurent

La biologiste Anne-Marie Asselin est cheffe de mission de l'Expédition Bleue.
La biologiste Anne-Marie Asselin est cheffe de mission de l'Expédition Bleue.
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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2022-08-18T20:21:38Z
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Un équipage entièrement féminin lèvera l’ancre de Sept-Îles le 26 août pour documenter la pollution plastique dans le golfe du Saint-Laurent. La mission des sept femmes est double: lutter contre les changements climatiques et pour l'égalité des genres en science.

Photo Anne-Marie Asselin
Photo Anne-Marie Asselin

La biologiste marine Anne-Marie Asselin mènera l’Expédition Bleue, de Sept-Îles, sur la Côte-Nord, à Havre-Aubert, aux îles de la Madeleine. 

Elle et son équipage passeront 17 jours à bord du voilier EcoMaris pour mesurer l’étendue des débris de plastique qui s'accumulent dans les gyres, de gigantesques tourbillons d'eau formés d'un ensemble de courants marins, et étudier les effets de cette pollution sur la biodiversité dans le golfe du Saint-Laurent. 

«On soupçonne qu’il y a une accumulation de plastique dans une colonne d’eau, un peu comme les îles de plastiques dans les océans, mais à plus petite échelle», explique la cheffe de mission. 

«On s’en va échantillonner au cœur du gyre du golfe du Saint-Laurent pour la première fois», ajoute Mme Asselin, qui rappelle que «80% de la pollution dans les océans provient des fleuves et des rivières à l’intérieur des continents». 

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L’Expédition Bleue aura également pour mission de quantifier la pollution par le macro-plastique retrouvée sur les berges inhabitées. 

«Il y a quelques années, j’ai ramassé une tonne de déchets dans le parc du Gros-Morne à Terre-Neuve en une heure à peine. C’est ma donnée de base», souligne-t-elle. «On veut comprendre si les courants marins acheminent les déchets sur plusieurs berges ou s’ils sont plutôt concentrés dans cette région du Canada.» 

Photo Anne-Marie Asselin
Photo Anne-Marie Asselin

Les femmes en science

Avant d’entamer des études en biologie marine, Anne-Marie Asselin a fait carrière comme plongeuse sous-marine. 

«J’étais guide sur des productions cinématographiques et sur des bateaux avec des groupes privés dans le coin des Caraïbes. J’ai assisté beaucoup de scientifiques dans le cadre de ma spécialisation sur les requins», raconte celle qui souhaitait retourner à l’école pour mieux comprendre l’environnement dans lequel elle travaillait. 

Elle voulait aussi faire la différence dans un milieu dominé par les hommes. 

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Les femmes ne représentent en effet que 30% des chercheurs dans le monde, et seulement 12% des membres des académies nationales des sciences, selon le rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation (UNESCO) sur la science. 

«J’avais envie de changer cette culture-là», lance Mme Asselin, qui peut compter, depuis le début de sa carrière, sur l’appui de la biologiste marine experte des mammifères marins, Lyne Morissette. Cette dernière prendra aussi part à l’Expédition Bleue. 

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«J’ai souvent été victime de misogynie dans le milieu très masculin de la plongée», poursuit-elle. «Même dans le milieu de la biologie où il y a une prédominance de femmes, je n’ai jamais eu de professeure. Il n’y a pas de femmes non plus à la télévision, dans les émissions scientifiques, sur Discovery Channel ou à la BBC.» 

Photo Anne-Marie Asselin
Photo Anne-Marie Asselin

Elle déplore que «le scientifique typique» soit constamment représenté «comme un homme blanc en sarrau». 

«Comment veux-tu qu’on inspire la nouvelle génération de jeunes filles à entreprendre des carrières scientifiques si on ne voit que des hommes partout?», questionne Anne-Marie Asselin. 

Naviguer entre l’art et la science

Au-delà d’être entièrement féminin, l’équipage de l’EcoMaris ne compte pas que des scientifiques. Des artistes littéraires seront également à bord. 

L’idée: «vulgariser la science avec des outils ancrés dans la culture», fait valoir Anne-Marie Asselin. 

«Ça aide à rendre le message plus digeste et à rejoindre un auditoire habitué à un contenu plus léché. On est en train de repenser la manière de communiquer la science.» 

Il y a cinq ans, la biologiste marine fondait l’Organisation bleue, un organisme pour la conservation de l’environnement. Depuis, elle a toujours «navigué» entre la culture et la science, dit-elle. 

D’ailleurs, l’organisme vient tout juste de terminer la Virée du Saint-Laurent, un festival qui allie musique et conscience environnementale, initiative des groupes Qualité Motel et Valaire. 

«J’aime bien utiliser mon expertise en cinéma dans mon travail scientifique», lance la cheffe de mission. 

Les membres des groupes Qualité Motel et Valaire lors de la Virée du Saint-Laurent.
Les membres des groupes Qualité Motel et Valaire lors de la Virée du Saint-Laurent. Photo La Virée du Saint-Laurent


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