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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Cette ex-policière désencombre les maisons d’accumulateurs compulsifs qui ont besoin d'aide

Beaucoup de ses clients ont perdu le contrôle de leur consommation

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Photo portrait de Sarah-Maude Lefebvre

Sarah-Maude Lefebvre

2025-04-19T04:00:00Z
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Plonger les mains dans la terre, manger un sandwich avant d'aller au lit, apprécier la beauté du monde: des Québécois ont trouvé leur bonheur dans une panoplie de petites et grandes choses. Voici une série de témoignages pour vous inspirer.


Une ex-policière qui consacre sa retraite à aider les gens à désencombrer leur maison constate à quel point ils sont plus heureux et libérés après avoir fait le vide autour d’eux.

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Après 25 ans à la Sûreté du Québec, Isabelle Lafontaine a changé de vie il y a trois ans. Elle voulait continuer à aider les gens non plus en les protégeant, mais en les aidant à désencombrer leur intérieur et à organiser leur espace.

Elle a pris sa retraite et démarré sa petite entreprise. Depuis, le téléphone ne dérougit plus.

«Récemment, j’ai désencombré une salle de bains. Ça m’a pris 6 h 30. Il y avait beaucoup, beaucoup de stock. Il fallait tout trier: qu’est-ce qu’on garde? Qu’est-ce qu’on donne?», raconte la femme de 53 ans.

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Isabelle Lafontaine offre des services de désencombrement et d’organisation de l’espace.
Isabelle Lafontaine offre des services de désencombrement et d’organisation de l’espace. PHOTO FOURNIE PAR Isabelle Lafontaine

28 pantalons

La femme de Boischatel, près de Québec, affirme n’avoir jamais encore été aux prises, dans sa pratique, avec une personne atteinte du syndrome de Diogène, un trouble d’accumulation compulsif d’objets et d’insalubrité.

Les personnes «ordinaires» à qui elle vient en aide sont plutôt des victimes de la surconsommation, qui en arrivent à perdre le contrôle de leur espace.

«Une dame avait converti une chambre en walk-in pour avoir plus d’espace. Mais qu’est-ce qu’on fait quand on a plus d’espace? On le remplit. Elle a continué à acheter, acheter, acheter. [...] Quand j’ai commencé à trier ses pantalons, j’ai réalisé qu’elle avait 28 paires de pantalons noirs. Elle-même ne savait même pas qu’elle avait tout ça», illustre Mme Lafontaine.

Cette dernière affirme que son travail de tri lui permet de faire comprendre à ses clients que la surconsommation n’amène pas le bonheur réel qu’ils croient obtenir en achetant des objets.

«Les objets ou une grande maison, ce n’est pas ça qui amène le vrai bonheur. La satisfaction d’acheter, c’est éphémère. Quand j’étais policière et que je vivais des journées chaotiques, ça me faisait tellement de bien de revenir le soir dans un endroit calme et épuré. C’était ça, mon équilibre», dit-elle.

Pleurer de bonheur

Il n’est pas rare que les clients de Mme Lafontaine «pleurent de bonheur» après son passage.

«Ils sont heureux et se sentent libérés. Il y a une dame qui m’a textée après mon départ pour me dire qu’elle était tellement contente qu’elle pensait dormir dans la chambre d’amis que je venais de désencombrer. Il y avait tellement de choses avant qu’on ne pouvait pas y marcher», relate-t-elle.

PHOTO FOURNIE PAR Isabelle Lafontaine
PHOTO FOURNIE PAR Isabelle Lafontaine

Ses tarifs, semblables à ceux d’un entretien ménager, lui permettent d’être relativement accessible à tous, affirme Mme Lafontaine.

Elle aide autant des personnes âgées qui «cassent maison» que des personnes qui ne sont pas capables physiquement de désencombrer leur résidence.

«Les gens repoussent le moment de s’attaquer au problème, mais ils sont tellement mieux après. Et moi, ça me procure autant de bonheur qu’à la personne que je désencombre.»

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