Jean Charest s’est fait lessiver par la vague, même au Québec
Raphaël Pirro
Jean Charest a subi une défaite dévastatrice en ne recueillant qu’une fraction des voix comparativement à son rival Pierre Poilievre, qui a balayé ses adversaires d’un océan à l’autre, en passant par le Québec.
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« Sur le plan politique, Charest a frappé son Waterloo. Il a essayé de revenir, mais il s’est frappé à un mur », a commenté Rudy Husny, ancien conseiller du gouvernement Harper et stratège conservateur.
M. Poilievre a reçu 68,15 % des points, contre un maigre 16 % pour Jean Charest, suivi de 9,6 % pour Leslyn Lewis et des poussières pour les deux derniers candidats, Roman Baber et Scott Aitchison.
« Son équipe a une grosse responsabilité dans cette défaite », juge M. Husny. « Quand tu as une différence de 50 % avec le gagnant, et que ce n’est pas un duel, il y a quelque chose qui n’a vraiment pas fonctionné. »
M. Charest a été submergé au Québec, en ne remportant qu’une poignée de circonscriptions sur 78.
Le reste est allé aux mains du nouveau chef.
Les longs mois de bataille sans merci contre un adversaire largement plus populaire n’ont jamais permis à l’ancien premier ministre du Québec de prendre le dessus dans les sondages ou sur le terrain.
Remercié par le nouveau chef
Le nouveau chef a marqué un changement de ton après avoir longuement souligné le travail de Jean Charest dans la campagne référendaire de 1995.
« Merci d’avoir sauvé le pays », a lancé M. Poilievre lors de son discours victorieux.
Dès le jour un de la campagne, le momentum s’est trouvé dans le camp de M. Poilievre, qui avait déjà l’appui d’une portion importante des membres et du caucus conservateur.
Jean Charest s’est lancé dans l’arène le 10 mars, il y a six mois jour pour jour.
Pour son premier événement, il s’était rendu dans le cœur de la bête conservatrice, à Calgary, en Alberta, pour envoyer un message d’unité : un ancien premier ministre du Québec, libéral de surcroît, peut ramener l’Alberta à la « table des décisions » à Ottawa.
La main tendue a finalement été repoussée. Pierre Poilievre a complètement raflé l’ouest du pays.
M. Charest a perdu un allié de taille lorsque le colistier progressiste-conservateur Patrick Brown a été poussé vers la sortie par les instances du PCC, au mois de juillet, en raison d’une allégation de financement illégal.
Devenu chef du Parti progressiste-conservateur de 1993 à 1998, Jean Charest avait quitté la politique fédérale pour se lancer avec le Parti libéral du Québec. Il a dirigé le Québec de 2003 à 2012.
C’est donc dix ans plus tard que M. Charest est revenu en politique active. Ce temps d’absence a contribué de manière importante à sa défaite, selon d’anciens stratèges du gouvernement de Stephen Harper.
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