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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Une commission d’enquête pour mieux comprendre l’ingérence étrangère au Canada

AFP
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Jean Baillargeon, Expert-conseil en communication stratégique

2023-06-18T04:00:00Z
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La démission de David Johnston, rapporteur spécial sur l’ingérence chinoise ne surprend personne. Il y a maintenant de l’espoir pour une véritable commission d’enquête. Mais quel sera le mandat de cette commission et doit-elle s’intéresser seulement à la Chine qui n’est peut-être que la pointe de l’iceberg de l’ingérence étrangère au Canada?  

À l’aube d’une ère où nous nous engageons à accueillir plus de 500,000 immigrants et réfugiés par année, il convient de prendre des mesures pour assurer la sécurité de ces nouveaux arrivants et futurs citoyens canadiens.

Le premier rapport de David Johnston soulève davantage les carences des modes de surveillance du Canada que celle de l’ingérence de la Chine qui profite du laxisme de nos dirigeants politiques face à la gestion naïve de nos élections et de la manipulation de nos ressortissants devenus citoyens à part entière.

Connaître les failles

C’est le cas pour les milliers de Chinois qui ont fui le régime de Pékin notamment après la répression des partisans de la démocratie à Hong Kong. Pourtant, nous avons permis, malgré des rapports du service canadien de renseignement et de sécurité (SCRS), l’implantation de « poste de police chinois » à Vancouver, Toronto et Montréal dont le rôle consiste avant tout à surveiller et intimider les familles de citoyens canadiens d’origine chinoise, sans compter la manipulation de certains scrutins. Notre réputation de havre de paix pour les réfugiés politiques est-elle par conséquent surfaite?

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Le problème, ce n’est plus de trouver un coupable, mais plutôt de connaître les failles non seulement de notre système démocratique qui est devenu une véritable passoire devant les menaces potentielles du jeu d’influence internationale, mais aussi de mieux protéger nos dirigeants politiques contre les abus de puissances étrangères, particulièrement celles qui ne partagent pas nos valeurs démocratiques.

Nos agences de sécurité souffrent non seulement d’un manque d’appui et de leadership politique, mais pire encore d’un manque de crédibilité aux yeux du gouvernement d’où l’importance d’une commission d’enquête publique non seulement sur l’ingérence chinoise, mais surtout sur le renforcement des mesures de sécurité pour protéger davantage notre démocratie. Comment y parvenir?

Libertés démocratiques

En plus de la Chine, la Russie, l’Iran et l’Arabie saoudite pourraient représenter une menace directe à nos droits démocratiques, compte tenu de leurs politiques répressives envers leurs concitoyens. Comment ces pays agissent-ils chez nous? Quels groupes financent-ils? Quelles sont leurs tactiques d’influence? Utilisent-ils les réseaux sociaux? Doit-on établir un registre de leurs représentants au Canada? Toutes ces questions devraient être évaluées par cette commission d’enquête sur l’influence étrangère au Canada.

Quant au choix du ou des commissaires, j’estime que les premiers ministres de la Colombie-Britannique, de l’Ontario et du Québec devraient aussi être consultés en plus des partis d’opposition à Ottawa, puisque ces provinces sont les plus populeuses et reçoivent beaucoup de ressortissants étrangers.

Je suggère trois commissaires parfaitement bilingues et pas nécessairement des juges, car la connaissance des affaires étrangères et de leurs réseaux d’influence doit être un prérequis.

Photo fournie par Jean Baillargeon
Photo fournie par Jean Baillargeon

Jean Baillargeon, Expert-conseil en communication stratégique

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