«Bataille des sexes» à venir au curling
Benoît Rioux
La Canadienne Rachel Homan se concentre d’abord sur les Championnats mondiaux féminins de curling, ce week-end en Corée du Sud, mais le rendez-vous suivant qui prend la forme d’une «bataille des sexes», le 7 avril à Toronto, tend à alimenter les discussions au-delà des amateurs du sport qu’elle pratique.
L’événement organisé par Grand Slam of Curling, qui gère généralement une série de tournois majeurs, se dresse comme une façon originale d’accorder un peu de visibilité à la discipline en plus d’amasser des sous pour différents organismes, dont la Fondation Sandra-Schmirler.
Homan, légende du curling au Canada, fera alors face à Bruce Mouat, un skip écossais faisant partie de l’élite mondiale, sur la glace du Mattamy Athletic Centre.
«C’est différent et innovateur, a qualifié Homan, dans une entrevue accordée au balado spécialisé The Broom Brothers. Je pense que ça va être excitant pour les amateurs qui vont regarder et ça ne peut qu’être plaisant.»
Prôner l’équité
Si elle y voit d’abord un grand événement promotionnel, l’athlète ontarienne de 35 ans profite naturellement de l’occasion pour prôner l’équité entre les hommes et les femmes dans le sport en compagnie de ses partenaires, dont sa coéquipière de longue date Emma Miskew.
«Tu ne te sens pas désavantagée par le simple fait que tu es une femme présentement, a indiqué Homan, dont l’entrevue se tenait dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars dernier. C’est bien, mais j’espère que cela aura un effet boule de neige et que, peu importe le sport, la valeur monétaire sera la même [entre les hommes et les femmes]. Ce serait le rêve!»
La LPHF fait rêver
Il y a encore beaucoup de chemin à faire, notamment au curling, mais Homan fait remarquer une magnifique évolution dans le sport professionnel, chez les femmes, au cours des dernières années.
«Quand j’étais jeune, il n’y avait pas de circuits comme la Ligue professionnelle de hockey féminin ou quoi que ce soit au basketball ou au soccer, a-t-elle formulé, toujours au balado The Broom Brothers. C’est excitant!»
«J’espère qu’un jour il y aura une ligue professionnelle de curling, où il sera réellement possible de gagner sa vie en faisant cela, a-t-elle souhaité. Il faut inspirer les prochaines générations et qu’elles puissent se dire qu’elles peuvent devenir des curleuses professionnelles, réaliser ce que la LPHF a fait au hockey.»
Avant d’en arriver là, la «bataille des sexes» mettra la table pour le Championnat des joueurs, qui rassemblera les 12 meilleures équipes masculines et féminines au monde, du 8 au 13 avril, à Toronto.
De Billie Jean King à Rachel Homan, en passant par... Manon Rhéaume
Le curling est loin d’en être à sa première confrontation entre des hommes et des femmes. Rachel Homan, qui sera au cœur de la prochaine «bataille des sexes», a elle-même déjà fait tomber des barrières, en mars 2016, en inscrivant une victoire dans un tournoi masculin.
Homan et ses coéquipières avaient ainsi été invitées à participer à la compétition Elite 10 en Colombie-Britannique. Si le Terre-Neuvien Brad Gushue avait enlevé les grands honneurs, une victoire de 2 à 1 de l’équipe féminine dans le tournoi à la ronde face à la formation albertaine de Charley Thomas avait marqué les esprits.
À travers les décennies, un match historique de curling avait aussi eu lieu en 1972, à Winnipeg, entre la pionnière Vera Pezer et Orest Meleschuk. Un duel opposant Marilyn Bodogh à Ed Werenich s’était aussi tenu en 1986, à Toronto, puis plus récemment, Jennifer Jones et Cheryl Bernard ont aussi participé à de tels événements promotionnels, en format «skins».
Le 20 septembre 1973
Historiquement, l’expression «bataille des sexes» est surtout associée au match de tennis ayant été remporté par l’Américaine Billie Jean King, le 20 septembre 1973 à Houston, contre son compatriote Bobby Riggs. On tend par ailleurs à oublier que Riggs avait d’abord sèchement battu, quelques mois plus tôt, l’Australienne Margaret Court.
En 1992, Las Vegas avait eu droit à un match entre Martina Navratilova et Jimmy Connors. Au fil des ans, les sœurs Serena et Venus Williams de même que la Belge Justine Henin ont aussi pris part à des événements spéciaux avec des hommes.
Au hockey, la Québécoise Manon Rhéaume a été la première femme à disputer un match préparatoire avec le Lightning de Tampa Bay, en septembre 1992. La golfeuse suédoise Annika Sorenstam avait fait jaser à son tour, en 2003, en participant à un tournoi masculin de la PGA. Michelle Wie et Britanny Lincicome l’ont notamment suivie.
