Quel retour de Jean Pascal!
Mathieu Boulay
Au cours de la dernière année, Jean Pascal avait toutes les raisons d’accrocher ses gants. Dopage, dépression et perte de motivation envers son sport ont semé le doute dans son esprit. Toutefois, il n’a pas baissé les bras et on a vu la somme de ses efforts lors de sa victoire par décision unanime contre Fanlong Meng, tard vendredi soir.
Négligé des parieurs et de plusieurs observateurs, Pascal (36-6-1, 20 K.-O.) a encore prouvé qu’il pouvait tirer son épingle du jeu contre un adversaire qui était classé no 1 par l’International Federation Boxing (IBF). Ce n’est pas rien.
Voyez les meilleurs moments du duel dans la vidéo ci-dessus.
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Après un lent départ marqué par son inactivité des 31 derniers mois, l’ancien champion du monde a retrouvé ses repères contre Meng (17-1, 10 K.-O.) qui semblait en contrôle après les cinq premiers rounds.
Durant sa carrière, Pascal a toujours eu tendance à ralentir dans la deuxième moitié du combat. Vendredi, contre Meng, il a fait le contraire. Il a passé à la vitesse supérieure. Une stratégie qui a semblé déboussoler le favori de l’affrontement.
Sur la carte du "Journal de Montréal", il a remporté de façon claire cinq des six derniers rounds. Une remontée spectaculaire qu’il a réussie grâce à sa recette habituelle. Il a forcé Meng à boxer sur les talons. Comme Pascal l’avait promis, son adversaire est sorti de sa zone de confort.
«Je n’ai jamais été ébranlé durant le combat, a raconté Jean Pascal à sa sortie du ring. Après presque trois ans d’absence sur le ring, j’étais un peu rouillé.
«Au fur et à mesure que les rounds avançaient, je prenais le contrôle du combat, mais je voyais aussi qu’il était plus fatigué que moi. Ça m’encourageait d’y aller encore plus fort.»
Le Québécois l’a bousculé à plusieurs reprises et il profitait de chaque occasion dans les situations rapprochées pour placer des coups intéressants. Puis, Pascal a réussi à voler quelques rounds avec des explosions dans les dernières secondes. Une stratégie qui a fonctionné parce que les juges lui ont donné une victoire par décision unanime.
Pas mal pour un «vieux» de 39 ans. Il a fini le tout avec une séance de pompes au terme de 12 rounds âprement disputés. Un "remake" de ce qu’on a vu de Bernard Hopkins contre Pascal il y a quelques années.
Les cris d’Angel
De la première à la dernière cloche, Pascal a pu compter sur les encouragements et les cris de sa fille Angel. Elle a été derrière son paternel même dans les moments plus difficiles.
Parfois, elle était la seule qu’on entendait dans la salle. La majorité de la foule avait un penchant pour le Québécois à la fin des hostilités.
«Ça m’encourageait d’entendre la foule, a souligné Pascal. Chaque fois que je me suis battu à l’extérieur, j’ai toujours eu l’appui d’une grande partie de mes amis et de ma famille.
«Lors de mes combats contre Marcus Browne et Badou Jack, j’entendais bien ma fille dans la foule. Angel, c’est ma plus grosse fan. Je l’apprécie beaucoup.»
Par la suite, il a dit à sa fille qu’il l’aimait. Des mots bien sentis d’un père à sa fille qui l’a aidé à surmonter plusieurs mois difficiles.
Des fleurs, mais...
Pendant ce temps, du côté du clan de Fanlong Meng, on ne comprenait pas la décision des juges. Il y a aussi la chute au plancher de Meng au neuvième assaut qui a soulevé certaines interrogations.
«J’avais un pointage de 7-5 dans les rounds en faveur de Fanlong, a raconté Shaun George à sa sortie du Probox Event Center. Le knockdown qui est survenu au neuvième n’en était pas un. La reprise le confirme.
«On a vu Pascal voler plusieurs rounds dans les dernières secondes. Tu ne peux pas gagner un combat de cette façon. On ne peut pas s’en servir comme excuse.
«Par contre, je lui lève mon chapeau. Il a été rusé. Selon moi, il a été ébranlé à quelques reprises, mais Fanlong ne l’a pas remarqué. Mon boxeur vient d’engranger une bonne dose d’expérience.»