Une anesthésiste de l’hôpital Royal Victoria radiée pour un dîner au resto «inacceptable» et des signatures à l’aveugle

Une anesthésiste de l’hôpital Royal Victoria qui signait des documents médicaux à l’aveugle et qui a laissé un confrère surveiller deux patientes en même temps pour aller au restaurant vient d’être radiée trois mois.

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«Le présent dossier illustre l’importance pour un médecin de respecter ses obligations déontologiques, quelle que soit l’efficience recherchée dans un milieu de travail», a noté le conseil de discipline du Collège des médecins du Québec (CMQ).

La D^re Caroline Goyer reconnaissait alors avoir commis «une pluralité d’infractions graves» en décembre 2016 et en avril 2019.

On a notamment reproché à l’anesthésiste d’expérience de s’être absentée pendant environ une heure pour aller à un restaurant se trouvant à cinq minutes de route de l’hôpital. Un dîner était prévu pour souligner le travail des secrétaires du département.

La D^re Goyer avait demandé à un autre anesthésiste, Thierry Daloze, de «couvrir» la salle d’une patiente, si une urgence survenait.

Le D^r Daloze, qui a été radié cinq semaines pour cette affaire, «s’est ainsi retrouvé à être responsable de deux salles simultanément», indique le conseil.

Le duo a été impliqué dans une situation semblable presque trois ans plus tard. La D^re Goyer craignait alors être en retard en raison d’une réunion à un autre hôpital.

Dans les deux cas, elle était néanmoins revenue à Royal Victoria pour le début des procédures.

«Outre le fait que la durée de l’absence de surveillance est importante, cette situation inacceptable apparaît s’être répétée avec quelques années d’écart», a indiqué le conseil.

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Risques inutiles

Les faux pas de la D^re Goyer ne s’arrêtent pas là, elle qui a laissé des inhalothérapeutes régler le plan de sédation et surveiller les signes vitaux de quatre de ses patientes.

«Déléguer des activités de sédation-analgésie à du personnel n’ayant pas les compétences nécessaires constitue une infraction grave», a asséné le conseil de discipline, ajoutant que cela expose «inutilement» les patients à des risques.

Caroline Goyer a également fait preuve d’un «manque d’intégrité» en prenant soin de signer des ordonnances et des congés sans même rencontrer les patientes.

Bien qu’elle n’a pas effectué ces différents services, la D^re Goyer a quand même réclamé à l’État plus de 1000$.

«Lorsqu’un médecin facture à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) des honoraires pour des examens qu’il n’a pas faits, ce geste mérite une sanction sévère», a mentionné le conseil de discipline.

Département dans l’embarras

Des sources avaient déjà confié au Journal que Caroline Goyer et Thierry Daloze faisaient partie d’un groupe de quatre anesthésistes à l’origine de moult conflits à l’hôpital Royal Victoria, qui est chapeauté par le Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

Les deux autres médecins, Thomas Schricker et Ralph Bernd Lattermann, ont été sanctionnés par le CMQ l’an dernier.

Le D^r Schricker, une sommité dans le milieu, vient d’être remplacé à la tête du département d’anesthésie à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université McGill.

Il avait été appelé à témoigner par la Couronne dans le procès d’une ex-anesthésiste de Laval pour l’homicide involontaire d’un patient. Elle a été acquittée en février dernier.

Le tribunal avait largement écarté son opinion, évoquant la «circonstance inusitée» de son témoignage, survenu juste avant son plaidoyer de culpabilité devant le conseil de discipline.