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L'article provient de TVA Sports
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Coyotes: «On sait où on est, et on sait où on veut aller»

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Louis-André Larivière

2021-09-14T13:32:31Z
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Les prochaines semaines ont de quoi rendre André Tourigny fébrile. Nouvellement installé dans un condo de Phoenix à proximité de l’autoroute, et là où la torride chaleur désertique atteint les 40 °C, le nouvel entraîneur-chef des Coyotes de l’Arizona a presque complété ses préparatifs stratégiques en vue du calendrier 2021-2022. 

Il ne reste plus qu’à diriger son premier entraînement à la barre d’une équipe de la Ligue nationale de hockey. Et il trépigne d’impatience.

«Tout m’emballe présentement!», s’est-il exclamé, lundi, lors d’un entretien téléphonique avec le TVASports.ca. «Mon premier camp comme entraîneur-chef dans la LNH, de rencontrer les joueurs... je suis fébrile, excité que ça commence. All of the above. L’émotion est là.»

Tourigny raconte que les têtes de hockey du club se retrouvent «au bureau depuis trois semaines» pour peaufiner leur programme, mais que tous s’impatientent de voir le rideau se lever et débuter le premier acte. 

«On n’a parfois rien à faire. On a hâte. On dirait qu’on y va juste pour que ça commence plus vite, raconte le pilote de 47 ans. Toute la préparation est faite. Il me reste quelques joueurs à rencontrer en personne. Les gars commencent à pratiquer entre eux à partir de jeudi.»

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Changer la culture   

Tourigny, son directeur général Bill Armstrong, et l’organisation se préparent pour une nouvelle ère après une période où les stocks de sélections au repêchage étaient à sec et le bassin d’espoirs quasi aride. Grâce à une transaction avec les Canucks de Vancouver, dans laquelle le capitaine Oliver Ekman-Larsson a pris le chemin de la Colombie-Britannique, les Coyotes ont pu repêcher Dylan Guenther au neuvième rang au total, cet été.

La sélection de Guenther n’est d’ailleurs pas un hasard. Le talentueux ailier albertain a joué sous les ordres de Tourigny dans la conquête du Canada au Championnat mondial des moins de 18 ans, inscrivant sept points, dont deux buts gagnants.

Dépourvu de son premier choix après que son prédécesseur a tenu un camp d’évaluation d’espoirs sans permission, Armstrong a ainsi sauvé la mise. Surtout que la concession n’avait pas repêché au tour initial depuis 2019; elle n’avait pas eu de droit de parole au deuxième tour depuis 2018. Fini l’époque de liquider des atouts en retour de vétérans pouvant aider l’équipe à gagner rapidement, stratégie qui n’a guère porté ses fruits durant le règne de John Chayka.

Bien entendu, ce ne sera pas une question de mois avant que les Coyotes trônent au classement de la section Centrale. Une telle prétention serait démesurée. Tourigny et son DG ont le même constat. Les Coyotes entament une traversée du désert avant d'espérer connaître des jours de gloire.

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«On sait où on est. Et on sait où on veut aller, laisse-t-il entendre. Premièrement, on veut créer une culture. Quand [la reconstruction] a commencé, l’année dernière, je ne peux pas dire comment c’était. Mais la façon qu’on aborde l’avenir est basée sur une culture et un concept d’équipe. 

«On mettra beaucoup d’emphase là-dessus.»

Au cours de l’été, Armstrong a fait le plein de sélections en vue de l’encan de 2022 en échangeant Ekman-Larsson et Conor Garland aux Canucks, le gardien Darcy Kuemper à l’Avalanche du Colorado en retour d’un premier choix, puis le convoité joueur de centre Christian Dvorak aux Canadiens de Montréal (également en retour d’un choix du tour initial de 2022), mais aussi en absorbant de gros contrats: notamment ceux des vétérans Andrew Ladd (4,375M$), Louï Eriksson (6M$), ainsi que des défenseurs Anton Stralman (5,5M$) et Shayne Gostisbehere (4,5M$), que les Flyers de Philadelphie ont allègrement transféré en Arizona en compagnie d’un choix de deuxième ronde pour ouvrir une vanne sous leur plafond salarial.

En quelques mois, les Coyotes se sont approprié pas moins de huit des 64 premières sélections de la cuvée de 2022 tout en ajoutant des vétérans respectés au noyau. La stratégie plait à Tourigny.

«En regardant la qualité des vétérans, je trouve que c’est un excellent travail de Bill. Oui, nous avons beaucoup de jeunes, nous sommes aussi en reconstruction avec des pros. Ils ont déjà gagné et, l’autre force, c’est que beaucoup de gars veulent se prouver aux jeunes. 

«Ils veulent prouver qu’ils peuvent rester. Et ils veulent faire leur place», dit-il au sujet des Jay Beagle, Andrew Ladd, voire Eriksson. Des gars comme Ladd et Eriksson ont connu beaucoup de succès. Ils veulent prouver qu’ils appartiennent à la LNH.»

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Photo Rob Wallator Hockey Canada
Photo Rob Wallator Hockey Canada

Des airs d’Avalanche   

La dynamique lui rappelle, en quelque sorte, son arrivée au Colorado comme adjoint de Patrick Roy en 2013-2014.

«À Denver, les attentes n’étaient pas là, raconte-t-il. On avait beaucoup de bons vétérans, des gars qui avaient gagné. Ils sont arrivés et ils ont aidé les Nathan MacKinnon et les Gabriel Landeskog, qui étaient tous des jeunes. 

«Ils étaient entourés de leadership et de bons vétérans.»

Armstrong construit autour des jeunes, mais il construit aussi autour de son entraîneur-chef: Tourigny accueillera un allié de longue date derrière le banc après l’annonce de l’ajout de Mario Duhamel au personnel d’entraîneurs du club. Un instructeur avec qui il dit partager «la même vision et philosophie».

«Je suis très chanceux de l’avoir avec moi, a-t-il commenté au sujet de son adjoint chez les 67’s d’Ottawa (2017-2020), en fin d’après-midi. Je le vois comme un privilège. Les 10 ans que nous avons passés ensemble ont été les plus productifs de ma carrière.»

Rester le même   

Bouillant, ardent de gagner et de fouetter ses jeunes en leur prodiguant de précieux conseils pour grandir, Tourigny n’entend pas changer son style dans la LNH. C’est pourquoi il a été nommé comme successeur de Rick Tocchet. C’est ce que son patron a vu en lui.

«Je pourrais faire semblant et te dire que Bill et moi on se connait depuis 10 ans, mais ce n’est pas le cas. Ça clique sur la philosophie, comme le conditionnement et le style de jeu. Pour le reste, il faut travailler ensemble. 

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«On va vivre des épreuves. C’est comme dans une relation de couple, a-t-il imagé. Sur le plan du "coaching", Bill me connait plus que moi je me connais. Il sait quelle sorte d’équipe j’aime. Tu ne peux pas arriver et dire "je vais être un coach différent". C’est ça que Bill aime de moi et la vision de ton DG doit cadrer avec la tienne.»

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Pour ce qui est des jeunes joueurs, tels que Clayton Keller, Barrett Hayton, Jakob Chychrun ou Connor Timmins, Tourigny préconisera d’abord et avant tout une approche humaine. Car, selon lui, la psychologie est cruciale dans l’encadrement.

«C’est ce qui est le plus important pour moi. Que les joueurs savent que j’ai confiance en eux. Ce ne sont pas des numéros. C’est le nerf de la guerre.

«Chaque joueur est un humain. Des fois, t’es fâché contre le joueur, pas contre la personne. Si tu ne t’occupes pas de la personne, que tu lui parles que de ce qu’il doit corriger, ça devient redondant. Il faut que tu t’occupes bien des jeunes», nuance-t-il.

Les Coyotes accueilleront dès vendredi le tournoi de la confrontation des recrues («Rookie Faceoff»), du 17 au 20 septembre, puis entameront leur camp d’entraînement deux jours plus tard.

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Tourigny vivra ensuite son baptême comme instructeur en chef le 14 octobre face aux Blue Jackets de Columbus. Réalise-t-il qu’il réalise un rêve de (très) longue date?

«Je ne pense pas beaucoup à ça, répond-il humblement. Ça n’arrive pas du jour au lendemain. Ce n’est pas comme si ma route a commencé hier. J’y vais un pas à la fois.

«À un moment donné, tu t’approches du but. Là ça commence. Je n’ai pas le temps de lever le pied et regarder le paysage passer. Je dois être à la hauteur de la confiance qu’on m’a témoignée.»

Avec Tourigny aux commandes, les Coyotes entament une traversée du désert. Avant d'espérer connaître des jours de gloire.

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