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L'article provient de TVA Nouvelles

Un variant qui donne la frousse à plusieurs pays

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Anne Caroline Desplanques | Journal de Montréal

2021-11-27T10:32:45Z
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Le Canada a verrouillé ses frontières à tous les étrangers en provenance de sept pays de l’Afrique australe, dans l’espoir de tenir à distance un nouveau variant de la COVID-19 qui donne des sueurs froides à la planète.

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Tous les voyageurs étrangers en provenance de l’Afrique du Sud, du Mozambique, du Botswana, du Zimbabwe, du Lesotho, de l’Eswatini et de la Namibie sont bannis du Canada jusqu’à nouvel ordre, qu’ils soient vaccinés ou non. 

L’Union européenne, les États-Unis et plusieurs pays arabes leur ont aussi fermé leurs portes hier. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois depuis le début de la crise sanitaire que des pays ferment leurs frontières en raison de l’apparition d’un variant.

Hier, l’aéroport sud-africain de Johannesburg a été pris d’assaut par des centaines de voyageurs voulant quitter le pays avec les derniers vols disponibles.

Photo AFP
Photo AFP

Le monde craint que toute la région soit rapidement aux prises avec un nouveau variant de coronavirus, détecté jeudi en Afrique du Sud et baptisé Omicron hier. Jamais un variant n’avait provoqué autant d’inquiétude depuis l’émergence du Delta, il y a un an, en Inde.

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« La pandémie n’est pas terminée encore. Ceci est un rappel que nous devons demeurer prudents », a insisté le ministre fédéral des Transports Omar Alghabra.

En quarantaine à l’hôtel  

Comme aucun vol direct ne relie cette région du monde au Canada, les Canadiens et les résidents permanents qui voudraient en revenir devront transiter par un autre pays et s’y faire tester avant de s’envoler pour le Canada.

Ils devront à nouveau être testés à leur arrivée et attendre les résultats dans un hôtel désigné par le fédéral. Si leur test est négatif, ils seront autorisés à s’isoler chez eux pendant 14 jours.

Des voyageurs qui voulaient se rendre à Londres se sont butés à des comptoirs fermés à l’aéroport international O.R. Tambo à Johannesburg en Afrique du Sud. En mortaise, une voyageuse qui se fait tester au même aéroport avant de prendre son vol.
Des voyageurs qui voulaient se rendre à Londres se sont butés à des comptoirs fermés à l’aéroport international O.R. Tambo à Johannesburg en Afrique du Sud. En mortaise, une voyageuse qui se fait tester au même aéroport avant de prendre son vol. Photos Reuters

« Ça peut sembler exagéré pour certains, mais c’est vraiment pour s’assurer d’être le plus prudent possible », a dit le ministre fédéral de la Santé Jean-Yves Duclos, défendant l’approche « ceinture et bretelle » du gouvernement devant un variant dont on sait encore peu de choses.

Retracer 700 voyageurs au Canada  

Quant aux voyageurs qui sont rentrés au pays depuis cette région du globe au cours des deux dernières semaines, ils sont sommés de se faire dépister et de s’isoler 14 jours « immédiatement ».

Environ 50 personnes arrivent tous les jours de pays de l’Afrique australe, via un pays de transit. La Santé publique doit donc retracer quelque 700 voyageurs arrivés depuis deux semaines.

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« Nous avons les outils maintenant, incluant ArriveCAN [plateforme internet], pour localiser ces personnes », a assuré la Dre Theresa Tam, l’administratrice en chef de la santé publique fédérale, avant d’appeler la population à redoubler de prudence à l’approche des rassemblements des fêtes.

En réaction, les bourses ont toutes plongé hier. Les marchés craignent que l’économie mondiale soit à nouveau paralysée et que les chaînes d’approvisionnement soient encore plus bousculées qu’elles le sont déjà.

  

  • Écoutez l’analyse du virologue Benoit Barbeau sur QUB radio   

Une nouvelle menace  

Un nouveau variant hautement contagieux en provenance de l’Afrique du Sud replonge la planète dans un état d’alerte. Appelé Omicron, il inquiète les experts, qui appellent à la vigilance.    

  • Hugo Duchaine, Le Journal de Montréal   

Très virulent

« On pense que dans certaines régions [d’Afrique du Sud], il pourrait représenter 75 % de toutes les séquences analysées. C’est un signe d’une transmission efficace. Ça fait craindre pour la suite des choses », soutient Alain Lamarre, professeur-chercheur en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

3e dose au plus vite

« Plus on aura de personnes vaccinées, moins on laissera la chance à des variants d’émerger », souligne Mme Borgès Da Silva, encourageant une immunisation mondiale. Par contre, le Dr Weiss souligne que plusieurs pays présentent une plus grande réticence à la vaccination. En Afrique australe, le taux de vaccination est d’environ 20 % contre plus de 75 % au Canada.

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Pour l’instant, les deux experts appellent à une troisième dose le plus rapidement possible chez toutes les personnes ayant été vaccinées depuis plus de six mois, mais surtout pour les personnes immunosupprimées et les travailleurs de la santé.

Plus résistant au vaccin ?

« [Le variant Omicron] semble plus contagieux, mais est-il plus sévère ? On n’en sait rien encore », souligne Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

Elle ajoute que le variant Delta, qui s’est rapidement répandu à travers le monde, n’était pas résistant au vaccin, comme en témoigne la situation épidémiologique au Québec.

Pour le virologue Benoît Barbeau, « la question la plus brûlante » sera de connaître l’impact des nombreuses mutations du variant sur la protection vaccinale.

Déjà de la recherche

Le laboratoire allemand BioNTech, allié à Pfizer, a dit étudier le nouveau variant et attendre « au plus tard dans deux semaines » de premiers résultats d’études qui permettront de déterminer s’il est capable d’échapper à la protection vaccinale.

De son côté, Moderna a annoncé son intention de développer une dose de rappel spécifique pour celui-ci. 

Dur à contrôler

« C’est non seulement inévitable qu’il sera au Canada, mais il est fort probablement déjà ici », estime le virologue Benoît Barbeau. Même si pour l’instant les autorités assurent qu’il n’a pas été décelé au pays, le variant se propage rapidement. 

L’Afrique du Sud, qui observait environ 200 cas de COVID-19 par jour, a récemment vu les nouvelles infections quotidiennes atteindre plus de 2000 cas.

Plus de 30 mutations

D’un point de vue génétique, le variant Omicron possède un nombre de mutations inhabituellement élevé, dont une trentaine dans la protéine spike, qui est la clé d’entrée du virus dans l’organisme. Le variant Delta, qui s’est répandu comme une traînée de poudre ces derniers mois, n’en a que deux.

Pour le microbiologiste Karl Weiss, il n’est pas étonnant de voir un variant apparaître en Afrique du Sud, où il y a une forte population immunosupprimée et non traitée (contre le VIH) et vivant dans des conditions sanitaires difficiles.

Avec l’Agence QMI

 

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