Vaccination obligatoire : non, il n’y aura pas de sursis pour les camionneurs
Raphaël Pirro
Le gouvernement fédéral ira bel et bien de l’avant avec l’obligation vaccinale pour les camionneurs dès samedi, contrairement aux informations «erronées» véhiculées par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) mercredi soir.
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Les règles annoncées au mois de novembre dernier entreront donc en vigueur dans deux jours, comme prévu. Dès samedi, les camionneurs canadiens qui ne sont pas adéquatement vaccinés devront se faire dépister à l’entrée et au jour 8 après leur retour au pays, tout en respectant la quarantaine.
Des organisations liées à l’industrie du camionnage, dont l’Association du camionnage du Québec (ACQ), avaient reçu une information contraire de l’ASFC selon laquelle Ottawa avait accordé un délai d’une semaine pour donner de l’«oxygène» à l’industrie, d’où la confusion.
Son PDG, Marc Cadieux, s’est dit «déçu que le gouvernement ait créé de la confusion à un moment où l’industrie est fragile». «On n’avait pas besoin de ça», a-t-il dit.
En entrevue, M. Cadieux a affirmé qu’il avait appris que le gouvernement maintenait la politique à travers les médias, et que personne à Ottawa n’avait contacté l’ACQ au cours de la journée pour corriger le tir.
Une source au gouvernement a indiqué que la note envoyée n’avait pas été vérifiée par les bureaux des ministères concernés et qu’elle aurait même pu être envoyée par erreur.
Les ministres de la Santé, des Transports et de la Sécurité publique ont clarifié la situation dans un communiqué conjoint jeudi après-midi. «Les renseignements partagés hier [mercredi] étaient erronés. Nos équipes ont communiqué avec des représentants de l’industrie pour s’assurer qu’ils ont les bons renseignements», ont-ils écrit.
La politique avait été annoncée le 19 novembre dernier. Celle-ci empêcherait aussi les camionneurs américains d’entrer au pays.
Le gouvernement et l’industrie estiment que le taux de camionneurs qui ne sont pas adéquatement vaccinés varie entre 10 % et 15 %.
Les craintes de l’industrie persistent
Cette confusion a créé de faux espoirs dans les industries du camionnage et de l’import-export, qui auraient bien aimé un report de cette mesure.
Selon Jean-Claude Fortin, PDG de l’Association canadienne du camionnage, celle-ci pourrait avoir un impact important sur des secteurs de l’économie, comme l’approvisionnement en nourriture.
«C’est sûr qu’il y a beaucoup d’expéditeurs et de receveurs qui commencent à paniquer. En ce moment, l’industrie de l’alimentation panique. C’est sûr que si on a déjà des tablettes vides, on va peut-être en avoir un peu plus», a dit M. Fortin.
La PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec, Véronique Proulx, est tout aussi «inquiète», «car cette décision va inévitablement fragiliser les chaines d’approvisionnement déjà grandement perturbées par la pandémie».