Pékin 2022: un succès plus rapide que prévu
Richard Boutin
La présence de quatre porte-couleurs du Centre national d’entraînement Pierre-Harvey (CNEPH) à Pékin va bien au-delà des attentes de l’entraîneur-chef Louis Bouchard.
Cendrine Browne, Antoine Cyr, Olivier Léveillé et Laura Leclair ont obtenu leur billet pour la capitale chinoise.
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« Notre objectif était de placer deux athlètes aux Jeux », raconte Bouchard, qui a dirigé Alex Harvey pendant toute sa carrière.
« L’éclosion d’Olivier a été une belle surprise. Pour les Jeux, on n’a pas d’attentes. On souhaite seulement qu’il vive à plein l’expérience olympique. À 20 ans aussi, Alex avait terminé au 4e rang au sprint par équipe aux Jeux de Vancouver en 2010, mais il avait signé une 3e place sur 50 kilomètres en Coupe du monde avant de se présenter aux Jeux. »
L’autre surprise de Bouchard, c’est Laura Leclair.
« Il y avait trois ou quatre filles qui se battaient pour cette place et les chances de Laura étaient minces, souligne-t-il, mais elle a livré une bonne course et remporté la victoire. »
Leclair a remporté la finale de l’épreuve de sprint pour obtenir son billet pour la Chine.
Progression rapide
Les succès arrivent rapidement compte tenu de la période difficile que le CNEPH a traversée depuis la retraite de Harvey au terme des finales de la Coupe du monde à Québec en mars 2019.
Le départ du fondeur le plus décoré dans l’histoire du ski de fond canadien a laissé un trou dans le budget de l’organisme à but non lucratif en plus de faire perdre la locomotive du groupe.
« Tu dois être conservateur quand tu repars un groupe de jeunes, explique Bouchard. L’évolution de nos athlètes a été plus vite que prévu. Ils ont bien progressé et ils ont été bien encadrés. Antoine et Olivier se sont poussés l’un et l’autre, ce qui a favorisé leur progression. Nous ne sommes jamais à l’abri de surprises, mais l’avenir s’annonce bien. »
Sur le plan financier, Bouchard se démène pour assurer un financement stable pour les prochaines années.
« Le niveau de financement varie beaucoup et on vise une contribution stable d’une année à l’autre. C’est pourquoi la Classique Alex Harvey verra le jour. Il s’agira d’une loppet populaire pour assurer notre financement, mais aussi pour offrir une motivation aux plus jeunes qui verront nos athlètes en action ».
Comme le défi Pierre Lavoie
« On débute au Mont-Sainte-Anne, mais on aimerait développer des événements un peu partout au Québec comme c’est le cas avec le Grand défi Pierre Lavoie. C’est un rêve, mais qui est très réalisable », précise Bouchard.
La première édition se déroulera le 3 avril.
Le financement du CNEPH a écopé en raison du manque à gagner de Nordiq Canada.
« Nous avions des craintes financières avec le départ d’Alex et nous sommes retombés à l’époque de 1999 à 2009 où le financement était difficile, résume-t-il. Le financement de Nordiq Canada a diminué, mais ils sont conscients de l’importance de notre programme. En 1995, quand ils ont mis sur pied le CNEPH, ce fut une idée de génie qui a porté fruit au fil des ans. Le programme du CNEPH est une étape essentielle dans le développement des fondeurs québécois qui veulent demeurer près de leur famille et étudier en français. »
Olivier Léveillé savoure sa chance d’être aux Olympiques à 20 ans
Olivier Léveillé a pleinement réalisé qu’il prendra part aux Jeux quand il a aperçu les anneaux à son arrivée dans le village olympique où se dérouleront les épreuves de ski de fond.
« C’est quand j’ai vu les anneaux que j’ai vraiment réalisé la grande chance que j’avais d’être aux Jeux olympiques à l’âge de 20 ans », raconte Léveillé.
« C’est l’un des plus grands événements sur la planète. En novembre quand j’ai réussi le plus important standard de qualification, je n’y croyais pas encore. Même lors de l’annonce officielle de l’équipe, j’avais encore des doutes en raison des protocoles de la COVID-19. Ça m’a vraiment pris du temps de réaliser que je serais aux Jeux », poursuit-il
L’équipe canadienne s’est pointée à Zhangjiakou il y a déjà une semaine.
« Ce fut une bonne chose d’arriver tôt pour s’habituer, indique Léveillé. Avec l’arrivée des autres équipes au cours des derniers jours, la nervosité a toutefois augmenté d’un cran. »
Acquérir de l’expérience
Le fondeur de Sherbrooke est conscient des buts qu’il souhaite atteindre.
« Dans ma tête et dans la perspective de mon entraîneur, l’objectif principal est d’acquérir le plus d’expérience possible, mais je suis un compétiteur », résume-t-il.
« Mon objectif est de reproduire ce que j’ai fait pendant la saison de la Coupe du monde en obtenant un Top 30 », précise Léveillé.
Ce dernier identifie trois épreuves où il pourrait tirer son épingle du jeu.
« Je me sens bien et j’ai super hâte au skiathlon. Au sprint style libre, j’ai connu une bonne progression et il y a aussi le 15 kilomètres classique où je peux bien faire. Mon objectif est de participer à toutes les épreuves individuelles. Pour les épreuves en équipe, il faudra voir ma forme et les résultats de mes coéquipiers. »