Un stock monstre de vélos électriques à liquider à Montréal: il paie 750$ pour un modèle qui vaut 1700$
Le liquidateur envisage même d’acheter l’entrepôt pour s’y installer en permanence


Louis-Philippe Messier
À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Les chasseurs d’aubaines envahissent un grand entrepôt de Montréal où des vélos électriques de marques en faillite sont en liquidation à moitié prix.
Une quantité étourdissante de boîtes de vélos électriques IGO et Louis Garneau m’attend dans l’entrepôt de 26 000 pieds carrés, à Hochelaga, qui appartenait jadis à la défunte SOS Vélo.
Elles sont empilées et je bondis dessus pour prendre une photo des lieux.
Je suis incapable d’apercevoir la fin des rangées de boîtes.
«Peux-tu croire qu’on a rentré 3500 boîtes à quatre gars pendant six jours?», me dit Jacques Lauzon, l'un des vendeurs, avec un brin de fierté.
Y a-t-il déjà eu une plus grosse vente de vélos électriques que celle-là au Québec?
Probablement pas: 5000 vélos...
Il y a 20 modèles différents de la marque IGO, qui a fait faillite à la fin de l’année dernière.

Le liquidateur Eldorado ne se casse pas la tête pour fixer ses prix.
«Tu prends ce que ça coûtait chez Costco juste avant la faillite du fabricant et tu coupes au moins en deux», résume M. Lauzon.
Presque 1000$ de moins
Sur place, je rencontre des chasseurs d’aubaines contents.
Martin Ducharme va payer 750$ pour se procurer un modèle de vélo que sa conjointe Chantal Ricard a payé 1700$ l’an dernier.
«C’est quand même fou de penser qu’on achète exactement la même chose pour presque 1000$ de moins», se réjouit M. Ducharme.

«C’est vraiment triste qu’une belle compagnie d’ici disparaisse, mais ça me donne un vélo vraiment pas cher!», commente Steeve Grenon, qui utilise un vélo IGO à roues surdimensionnées électrique pour aller au travail pendant toute l’année.
«Je voulais des pièces de rechange, mais ça revient moins cher de prendre tout le vélo à 50%, alors c’est ce que je fais», raconte-t-il.

Dans l’entrepôt, samedi, ça grouille de monde.
M. Lauzon a du mal à me parler dans la cohue.
Les acheteurs l’interpellent.
«Là, près du mur, ce sont les anciens modèles qui ont servi de démonstrateurs: ils partent à environ 650$», me lance-t-il.
Plus loin dans l’entrepôt, il y a aussi des vélos qui ont été retournés à la compagnie IGO, habituellement parce qu’ils ont été sortis des boîtes et mal montés par les clients.
«Des mécanos vont les remonter correctement et les vendre pour moins de la moitié du prix», m’apprend M. Lauzon.
Selon lui, comme les pièces des vélos Garneau ou IGO sont standardisées, les remplacer ou les réparer dans l'avenir ne devrait pas poser problème.

N’est-ce qu’un début?
Est-ce que d’autres fabricants de vélos d’ici mordront la poussière et fourniront de nouveaux vélos à liquider qui se rajouteront à cet immense stock?
Ce n’est pas impossible.
Car l’industrie se porte mal.
«Après un boom pendant la pandémie, les compagnies de vélos ont de la misère et plusieurs tombent», me raconte Dave Lauzon, l'un des patrons d’Eldorado.
Dave Lauzon n’exclut pas d’acheter carrément l’entrepôt pour y vendre en permanence.
La vente se déroule au 3075, rue Sainte-Catherine Est... tant qu'il restera des vélos.
«J'espère que tout notre stock actuel aura été écoulé d'ici à la Saint-Jean-Baptiste», ajoute le patron.
