Roland-Garros: Félix a rendez-vous avec le roi
Jessica Lapinski
PARIS - Pour devenir un grand, il faut affronter les plus grands. Et dans l’histoire du tennis, aucun joueur n’a été plus légendaire que l’Espagnol Rafael Nadal sur l’ocre de Roland-Garros.
En éliminant grâce à une performance très solide le Serbe Filip Krajinovic (55e) par des scores de 7-6 (3), 7-6 (2) et 7-5 vendredi, sur ce court 14 un peu à l’écart de la frénésie de la Porte d’Auteuil, Félix Auger-Aliassime a obtenu son billet pour la ronde des 16 et ce qui devrait être l’une des confrontations les plus mémorables de sa carrière.
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Nadal, c’est 13 titres à Paris. Un monstre de la terre battue, «l’ogre de l’ocre» qui, à Roland-Garros, n’est tombé que devant deux joueurs en 17 ans : le surprenant Suédois Robin Soderling et le numéro 1 mondial, le Serbe Novak Djokovic.
Chance et malchance
Dimanche, presque assurément sur le Philippe-Chatrier, à une heure encore indéterminée, Félix aura donc à la fois la chance et la malchance d’affronter Nadal dans son carré de sable.
Il y avait 25 journalistes dans la salle de presse vendredi, soit trois fois plus qu’à l’habitude, pour interroger Félix au sujet de cette confrontation.
Car, bien sûr, il intrigue ce duel entre Nadal, cinquième favori, et Auger-Aliassime, neuvième. Même s’il est sur papier très inégal, Félix ayant gagné son premier match à Paris cette année, après deux tentatives vaines.
Les deux joueurs se sont déjà croisés une fois. C’était sur la terre battue de Madrid, il y a trois ans, et «Rafa» l’avait emporté en deux petites manches.
Où sera «tonton»?
Mais il y a une autre intrigue, qui va au-delà de ce face à face : où sera Toni Nadal, conseiller du Québécois depuis un an, mais surtout, oncle et ancien entraîneur de l’Espagnol, qu’il a aidé à conquérir Paris 10 fois?
«Il observera le match d’une zone neutre», a affirmé la raquette de L’Ancienne-Lorette.
Visiblement un peu las à l’idée de répondre à une déferlante de questions sur l’implication de son mentor dans la marche à suivre pour vaincre Nadal, le joueur de 21 ans a poliment tenu à mettre les choses au clair.
«Nous savons tous là où il excelle. Je ne pense pas que Toni puisse me dire quoi que ce soit de nouveau sur Nadal», a-t-il pointé.
«On n’a pas encore parlé [de stratégie]. On verra bien [aujourd’hui]. Cela dépend de lui, mais je ne m’y attends pas de sa part, a ajouté Auger-Aliassime. Je ne pense pas que l’on va beaucoup parler du match, même avec mon coach Frédéric [Fontang]. Il n’y a pas grand-chose à dire. Je connais Nadal, je l’ai vu jouer souvent, je sais où il excelle.»
L’homme aux 21 titres majeurs aussi à un droit à une pléthore de questions à ce sujet.
Et ce fut le même son de cloche : «Je ne vais pas parler à Toni. Pour moi, c’est très simple. C’est mon oncle, je ne pense pas qu’il voudra que je perde, mais c’est un professionnel.»
Il n’y a pas de secret
De Félix, «Rafa» a dit qu’il s’agissait «d’un des joueurs en meilleure forme sur le circuit».
«Il est en huitièmes, je sais que je vais devoir jouer un très haut niveau pour avoir la possibilité de passer au tour suivant», a commenté l’ancien numéro 1, qui ne semble pas trop embêté par son pied depuis le début du tournoi.
«Ce que je peux faire, c’est de me concentrer sur mes forces, a pour sa part souligné Félix. Je sers bien, je vais tenter d’utiliser mon coup droit, de monter au filet.»
«De toute façon, s’il y avait un secret pour battre Rafa, il n’aurait pas gagné 13 fois ici», a-t-il ajouté, sourire en coin.
Félix chasse un spectateur
La foule à Paris n’est pas la plus douce et Félix Auger-Aliassime l’a appris à ses dépens, vendredi. En première manche de son match contre le Serbe Filip Krajinovic, le Québécois a été pris à partie par un spectateur qui l’a traité de «piece of shit» (de «merde», en d’autres mots) et de «zéro»... Irrité, le neuvième favori a demandé à l’arbitre Greg Allensworth d’intervenir si ledit «partisan» recommençait. La réaction n’a pas été longue à venir : l’homme a été chassé du court 14 quelques instants plus tard, après avoir de nouveau proféré des insultes à l’endroit d’Auger-Aliassime.