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L'article provient de 24 heures

Qui est Stéphane Gagnon, le criminel proche des Hells derrière la manif anti-mesures sanitaires de Québec?

Stéphane Gagnon portait une tuque aux couleurs de sa bande de motards en discutant avec Bernard «Rambo» Gauthier à Saguenay.
Stéphane Gagnon portait une tuque aux couleurs de sa bande de motards en discutant avec Bernard «Rambo» Gauthier à Saguenay. Photo Agence QMI, Roger Gagnon
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Éric Thibault, Félix Séguin, Agence QMI

2022-02-17T13:25:47Z
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L’une des «vedettes» des manifestations contre les mesures sanitaires à Québec est un criminel au lourd casier judiciaire, proche des Hells Angels. C'est ce que révèle le Bureau d'enquête de Québecor.

Le 5 février, Stéphane Gagnon a entamé un discours enflammé de sept minutes devant le parlement en se présentant à la foule comme l’un des organisateurs du «convoi Saguenay/Lac-Saint-Jean» ayant attiré 700 manifestants dans la capitale nationale.

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Fondateur du groupe identitaire Les Patriotes Saguenay/Lac-Saint-Jean, Gagnon a dit qu’il se donnait «corps et âme» depuis deux ans en participant aux manifestations «pour la liberté de choix et de droits».

Or le militant jonquiérois traîne aussi un passé de cambrioleur récidiviste dans la capitale, où il a été condamné au criminel à 39 reprises, a appris le Bureau d’enquête de Québecor.

Il a écopé de peines de prison de six mois à deux ans après avoir commis plusieurs vols par effraction et quelques crimes avec violence à Québec, entre 1986 et 1996.

Stéphane Gagnon portait une tuque aux couleurs de sa bande de motards en discutant avec Bernard «Rambo» Gauthier à Saguenay.
Stéphane Gagnon portait une tuque aux couleurs de sa bande de motards en discutant avec Bernard «Rambo» Gauthier à Saguenay. Photo Agence QMI, Roger Gagnon

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Devils Ghosts    

Gagnon est fiché comme l’un des 10 membres ou aspirants d’un club-école des Hells Angels, soit les Devils Ghosts du chapitre Saguenay, selon des documents policiers auxquels nous avons eu accès.

Fondé il y a 10 ans pour exécuter les basses œuvres des Hells sur le terrain en matière de violence et de stupéfiants, le club des Devils Ghosts est maintenant basé à Montréal, en Outaouais, en Estrie et au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Les Devils Ghosts du Québec tiennent un rassemblement annuel au Saguenay depuis 2015.
Les Devils Ghosts du Québec tiennent un rassemblement annuel au Saguenay depuis 2015. Photo d'archives, Agence QMI

D’après nos sources, Gagnon, surnommé «Floyd», en mènerait large au sein de cette bande de motards.

Le 3 février dernier, devant des représentants des médias, il portait ouvertement une tuque sur laquelle le nom des Devils Ghosts était bien en vue pendant qu’il discutait avec un autre organisateur vedette du convoi de manifestants, le syndicaliste Bernard «Rambo» Gauthier, à Saguenay.

Gagnon a déjà milité pour le Parti libéral du Québec, ce qui lui a permis de se faire photographier avec l’ex-premier ministre Philippe Couillard en 2008.
Gagnon a déjà milité pour le Parti libéral du Québec, ce qui lui a permis de se faire photographier avec l’ex-premier ministre Philippe Couillard en 2008. Photo tirée de Facebook

Miraculé de la médecine    

Sur les réseaux sociaux, Gagnon décrie aussi avec véhémence le gouvernement caquiste et ses mesures contre la pandémie.

Le 21 décembre dernier, sur sa page Facebook, il traitait la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, de «grosse vache» parce qu’elle demandait l’assistance des Forces armées canadiennes pour accélérer la vaccination des Québécois alors que le variant Omicron menaçait la capacité des hôpitaux.

Pourtant, Gagnon, 54 ans, est lui-même un miraculé de la médecine, ayant fait la une de l’hebdomadaire Le Courrier du Saguenay après avoir subi avec succès une greffe de foie à l’hiver 2016. 

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Gagnon sur son lit d’hôpital, où il s’est fait greffer un nouveau foie en 2016.
Gagnon sur son lit d’hôpital, où il s’est fait greffer un nouveau foie en 2016. Photo tirée de Facebook

Le ministère de la Santé estime qu’au moins 125 000 chirurgies ont dû être reportées depuis le début de la pandémie pour pouvoir soigner des patients infectés par la COVID-19.

Le 5 février, Gagnon profitait de son discours pour demander au premier ministre François Legault de démissionner.

«J’ai trois enfants pis chu tanné qu’ils mettent des masques pour aller à l’école», scandait celui qui se dit détenteur d’un baccalauréat en travail social. 

Joint hier soir par notre Bureau d’enquête, Stéphane Gagnon a confirmé être membre des Devils Ghosts, ainsi que son passé judiciaire.

«L’association que vous faites n’a pas sa place présentement, il se passe tellement de choses au Québec. [...] Je n’irai pas faire sauter le parlement, je ne suis pas innocent», a-t-il affirmé.

• À lire aussi: Le «convoi de la liberté» victime d’une cyberattaque

39 CONDAMNATIONS CRIMINELLES                              

  • Stéphane Gagnon se dit travailleur social à Saguenay (arrondissement de Jonquière).               
  • C'est le fondateur des Patriotes du Saguenay/Lac-Saint-Jean.              
  • Il est membre du club de motards Devils Ghosts, chapitre Saguenay, qui soutient les Hells Angels.            
  • Son casier judiciaire recèle 39 condamnations en matière criminelle, dont 22 pour introduction par effraction, 5 pour vol, une pour voies de fait armées et une pour menaces de mort.

UN DANGEREUX GROUPE DE MOTARDS                               

  • De la trentaine de clubs qui soutiennent les Hells Angels au Québec, celui des Devils Ghosts est l'un des plus importants, a témoigné un expert en bandes de motards devant le tribunal en 2018.               
  • C’est le «club-école» des Hells qui compte le plus de chapitres au Québec.               
  • Depuis sa fondation en 2012, cette bande a été la cible de nombreuses enquêtes policières en matière de trafic de drogue, d’extorsion et de violence.               
  • Leur premier chapitre (Montréal) a été parrainé par l’ex-leader des Hells Salvatore Cazzetta.               
  • Le «parrain» du chapitre Saguenay, Benoit (Ben) Plourde, vétéran membre en règle des Hells Angels, purge une peine de sept ans de pénitencier pour avoir contrôlé le marché des stupéfiants dans cette région entre 2016 et son arrestation en 2018.               
  • Un de leurs membres fondateurs, Sergio Piccirilli, incarcéré pour trafic de drogue et possession d’armes prohibées, dont la tête avait été mise à prix par la mafia montréalaise, a survécu à une tentative de meurtre par empoisonnement au pénitencier de Drummondville en 2019.                       
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