Un premier État américain interdit la pilule abortive - et le reste du pays pourrait suivre
Camille Dauphinais-Pelletier
Les limitations d'accès à l'avortement continuent de progresser aux États-Unis. Le Wyoming vient de devenir le premier État où il est explicitement interdit d'utiliser et de prescrire la pilule abortive, et le reste du pays pourrait bientôt connaître le même sort. Voilà ce qu'il faut savoir à ce sujet.
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C'est quoi, la pilule abortive?
Il s'agit en fait de la combinaison de deux médicaments (mifépristone et de misoprotol), qui permet d'interrompre une grossesse de 63 jours et moins.
Au Québec comme aux États-Unis, il faut une prescription pour obtenir la pilule abortive. Il s'agit d'une méthode utilisée fréquemment pour effectuer des avortements - plus de la moitié de ceux pratiqués aux États-Unis sont faits de cette façon.
Il ne s'agit pas de la même chose que la pilule du lendemain (Plan B, Ella), que l'on peut prendre à la pharmacie sans prescription après une relation sexuelle. Celle-ci permet de retarder ou d'empêcher l'ovulation, mais ne permet pas d'interrompre une grossesse déjà entamée.
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L'interdiction au Wyoming
Depuis que le jugement Roe V. Wade, qui protégeait le droit à l'avortement dans tous les États des États-Unis, a été renversé en 2022, plusieurs États se sont dotés de lois anti-avortement.
Dans les États où l'avortement est illégal dans presque tous les cas (dont l'Alabama, le Tennessee ou encore le Texas), les pilules abortives sont illégales par défaut. La nouveauté avec le Wyoming, c'est qu'il s'agit du premier État à interdire explicitement cette méthode, dans une loi distincte, en plus de sa loi anti-avortement générale (actuellement contestée en cour).
Le gouverneur du Wyoming, le républicain Mark Gordon, a entériné vendredi une loi qui rend illégal le fait de «prescrire, prodiguer, distribuer, vendre ou utiliser tout médicament ayant comme objectif de procurer un avortement», rapporte Fox News. Les médecins ou autres personnes qui fournissent cette pilule pourront faire face à une peine allant jusqu'à 6 mois de prison et une amende de 9000$. La loi prévoit toutefois que la personne enceinte ne fera pas face à ces sanctions.
Des exemptions à l'interdiction sont prévues notamment pour protéger une femme dont la vie ou la santé serait mise en danger par la grossesse. La loi concernant la pilule abortive devrait aussi être contestée en cour sous peu.
La pilule du lendemain n'est pas concernée par cette législation, puisqu'elle ne provoque pas un avortement.
Le Wyoming compte moins de 600 000 personnes et est l'État le moins populeux des États-Unis. Son gouverneur et ses deux sénateurs sont républicains.
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Jugement important attendu au Texas
Le tout arrive alors qu'un jugement important est attendu au Texas, où un juge fédéral devra trancher à savoir si l'une des composantes de la pilule abortive est réellement assez étudiée et sécuritaire pour être approuvée par la FDA (U.S. Food and Drugs Administration), même si elle est utilisée depuis plus de 20 ans.
Une coalition de groupes anti-avortement sont derrière cette cause judiciaire. Le juge qui devra trancher, Matthew Kacsmaryk, est reconnu pour ses opinions conservatrices, et a notamment par le passé écrit des articles critiquant les droits entourant l'avortement.
Comme il siège à une cour fédérale, son jugement aura un impact sur l'ensemble des États-Unis, pas juste le Texas.
- Avec les informations du New York Times, de Fox News, de NBC News, du Collège des médecins du Québec, de Planned Parenthood et de SOS Grossesse