Alain Bellemare, un PDG incapable de sauver Bombardier
Michel Girard
C’est le 13 février 2020, soit exactement cinq ans, jour pour jour, après son arrivée à la tête de la haute direction de Bombardier, que Alain Bellemare dévoilera les résultats financiers de l’exercice 2019, lesquels, prévient-il, s’annoncent malheureusement inférieurs aux prévisions.
Au cours de son règne de cinq ans, force est de constater que monsieur Bellemare ne s’est pas avéré le « sauveur » qu’on attendait lorsqu’il a remplacé Pierre Beaudoin à titre de président et chef de la direction de la multinationale contrôlée par sa famille, les Beaudoin-Bombardier.
Il suffit de suivre le titre de Bombardier en Bourse pour se rendre compte à quel point son bilan déçoit les investisseurs et les analystes.
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Lors de la nomination d’Alain Bellemare le 13 février 2015, l’action de Bombardier valait 2,63 $. Hier, le titre s’échangeait autour de 1,20 $ pièce, soit moins de la moitié de sa valeur d’il y a cinq ans.
La valeur de Bombardier en Bourse est actuellement inférieure à 3 milliards de dollars. Eh oui ! c’est moins que les 3,3 milliards de dollars qu’on a collectivement investis en 2015 lors de l’opération de survie de la multinationale des Beaudoin-Bombardier.
Alors que le gouvernement de Philippe Couillard, par l’entremise d’Investissement Québec, injectait 1,3 milliard de dollars dans la C Series, la Caisse de dépôt et placement, elle, investissait 2 milliards de dollars dans Bombardier Transport.
Le hic ? Comme on ne détient aujourd’hui qu’une parcelle de 16,36 % de la C Series (devenue l’A220) et que 30 % de Bombardier Transport, notre investissement initial de 3,3 milliards de dollars dans la survie de Bombardier semble précaire. Du point de vue boursier, à tout le moins.
Mais, lui, il a de la « chance »...
Lui et ses collègues de la haute direction ont eu la « chance » de liquider des gros blocs d’actions à plus de 4 $ pièce (fin septembre / début octobre 2018), soit juste avant la succession de mauvaises nouvelles qui ont eu pour conséquences de faire plonger l’action de Bombardier à l’automne 2018.
Quel pif !
À lui seul, Alain Bellemare a encaissé un profit de 10,5 millions de dollars lors de cette opération de vente massive d’actions acquises par levée d’options.
L’avenir
Malgré les décevants résultats financiers 2019 qu’il dévoilera sous peu, Bellemare n’en continue pas moins de faire accroire aux actionnaires et investisseurs que des jours meilleurs s’annoncent pour Bombardier.
« Conformément au plan de cinq ans et à la suite d’un examen approfondi d’options stratégiques, Bombardier continue à étudier activement des options visant à renforcer son bilan et à créer de la valeur pour ses actionnaires. Depuis que nous avons lancé notre plan de redressement, dit-il, nous avons réglé la question de nos actifs aéronautiques non performants, achevé notre cycle d’investissements massifs et placé l’entreprise sur une solide trajectoire de croissance interne et de marges accrues, tout en gérant avec prudence nos liquidités et notre lourd fardeau d’endettement. »
Décroissance
Bombardier va boucler l’année 2019 avec un volume d’affaires de 15,8 milliards US $, soit 4,3 G$ US de moins qu’en 2014, dernière année du règne de Pierre Beaudoin, lequel avait remplacé son père (Laurent) en juin 2008 à titre de président et chef de la direction.
Après cinq années profitables, de 2009 à 2013, Pierre Beaudoin avait enregistré en 2014 une année financière dans le rouge (perte nette de 1,25 G US $), à cause notamment des coûts exorbitants du développement de la C Series.
Pour redresser les finances et requinquer la multinationale, Pierre Beaudoin a dû céder son poste de PDG à Alain Bellemare.
Le grand fait d’armes du nouveau PDG Bellemare : nous faire investir 3,3 G$ dans la survie de Bombardier.
Depuis, il a fait, entre autres, le gros ménage dans la division Aviation, en cédant gratuitement à Airbus le contrôle (50,06 %) de la C Series.
Sous le règne de Bellemare, la division Aviation a vu son volume d’affaires fondre de 3 milliards $ US et la division Transport a vu le sien baisser de 1,3 milliard US.
Chose certaine, la décroissance de Bombardier ne s’est pas avérée payante jusqu’à maintenant !