Un pape qui aimait le monde
Le pape François, décédé hier, avait un style bien à lui qui ne faisait pas l’unanimité
Agence France Presse et Olivier Faucher
Ouverture à l’homosexualité, critiques contre Trump, franc-parler controversé: le pape François, souverain pontife hors norme, s’est éteint à 88 ans hier matin, au lendemain de Pâques, après avoir subi un AVC.
C’est le Vatican qui a annoncé sa mort «à sa résidence au lundi de Pâques» peu avant 4h (heure de Montréal) et 10h (heure de Rome).
La veille, à l’occasion de la fête pascale, Sa Sainteté s’était offert un bain de foule en «papamobile» sur la place Saint-Pierre au Vatican même s’il paraissait épuisé.

Il avait multiplié les apparitions publiques ces derniers jours en dépit de l’avis des médecins. Ceux-ci lui avaient prescrit un repos de deux mois après son hospitalisation de 38 jours débutée à la mi-février pour une double pneumonie qui l’avait beaucoup affaibli.
La nouvelle de son décès a suscité une vague d’émotions partout dans le monde, à commencer par la place Saint-Pierre qui a attiré des milliers de fidèles venus pleurer sa mort.
Pugnace progressiste
Originaire de l’Argentine, Jorge Mario Bergoglio de son vrai nom s’est engagé sans relâche pour la défense des migrants, la justice sociale et l’environnement en 12 ans de pontificat. Il parlait plusieurs langues, dont l’espagnol, l’anglais et le français.
Le souverain pontife a détonné par rapport à ses prédécesseurs quant à son ouverture à l’homosexualité, en autorisant pour la première fois en 2023 les prêtres catholiques à bénir les unions de personnes de même sexe.
Il avait aussi durement critiqué à plusieurs reprises Donald Trump, notamment en l’accusant d’être «pas chrétien» lors de la campagne présidentielle de 2016 pour sa volonté d’ériger un mur à la frontière mexicaine.
Ironiquement, c’est à sa rencontre avec le vice-président américain J.D. Vance que le pape a fait sa toute dernière apparition publique dimanche.

Sous son règne, il a dû gérer de nombreuses nouvelles révélations d’abus sexuels commis par des membres du clergé, dont les conclusions d’une commission en 2021 estimant que 216 000 personnes mineures en ont été victimes. Il avait alors souhaité l’éradication de la «culture de l’abus» dans l’Église.
Modeste et controversé
Il a aussi marqué par sa modestie, choisissant de vivre dans un deux-pièces de Sainte-Marthe plutôt que dans le palais apostolique. Cela se reflète aussi dans son testament publié hier, où il souhaite une sépulture «simple», «sans décorations», où figurera une seule inscription, son nom en latin: Franciscus.
Suscitant une grande ferveur populaire, le style chaleureux du pape était toutefois loin de faire l’unanimité. Le souverain pontife fut durement critiqué par une opposition conservatrice pour son supposé manque d’orthodoxie et une gouvernance jugée autoritaire.
De nombreux dirigeants et personnalités ont rendu hommage au pape défunt hier, soulignant entre autres sa compassion pour les plus démunis et son humilité.
Selon les règles du Vatican, les funérailles devraient avoir lieu entre vendredi et dimanche, tandis que le conclave, soit le processus pour choisir le prochain pape, devrait s’ouvrir entre les 5 et 10 mai.