Plus contagieux et résistant aux vaccins? Ce qu’il faut savoir sur Omicron, le nouveau variant détecté en Afrique du Sud
AFP
- Un nouveau variant, potentiellement très contagieux et aux mutations multiples, a été détecté en Afrique du Sud et est jugé «préoccupant» par l'OMS.
- Face à la menace que représente ce variant, Ottawa a suspendu l'entrée au pays de voyageurs étrangers qui sont passés par sept pays du sud de l'Afrique, incluant l'Afrique du Sud, au cours des 14 derniers jours.
- À ce stade, les scientifiques ne sont pas certains de l’efficacité des vaccins existants contre la nouvelle forme du virus.
Un nouveau variant de la COVID-19, potentiellement très contagieux et aux mutations multiples, a été détecté en Afrique du Sud. Voici tout ce qu'il faut savoir sur ce variant jugé préoccupant par l'OMS, alors que les vols en provenance du sud de l'Afrique ont été suspendus par Ottawa.
«Potentiel de propagation très rapide»
Le nouveau variant B.1.1.529 a été classé vendredi «préoccupant» par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), et baptisé Omicron.
Le variant présente un nombre «extrêmement élevé» de mutations et «nous pouvons voir qu’il a un potentiel de propagation très rapide», a déclaré le virologue Tulio de Oliveira, lors d’une conférence de presse en ligne chapeautée par le ministère sud-africain de la Santé.
D’un point de vue génétique, il possède un nombre de mutations inhabituellement élevé, dont une trentaine dans la protéine spike, la clé d'entrée du virus dans l'organisme. Le variant Delta, qui s’est répandu comme une traînée de poudre ces derniers mois, n’en a que deux.
«Ça regarde mal. Il y a deux aspects qui inquiètent, dont cette montée des cas en Afrique du Sud. On pense que dans certaines régions, il pourrait représenter 75% de toutes les séquences analysées. C’est un signe d’une transmission efficace. Ça fait craindre pour la suite des choses», a expliqué Alain Lamarre, professeur-chercheur en immunologie et virologie à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS).
Si la plupart des scientifiques pensaient que le prochain variant préoccupant serait issu d'une évolution de Delta, le B.1.1.529 appartient à une souche complètement distincte.
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Les vaccins efficaces?
Les métamorphoses du virus initial peuvent potentiellement le rendre plus transmissible, jusqu’à rendre le variant dominant: cela a été le cas avec le variant Delta découvert initialement en Inde et qui, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a réduit à 40% l’efficacité des vaccins anti-COVID-19 contre la transmission de la maladie.
Il faudra «plusieurs semaines» pour comprendre le niveau de transmissibilité et de virulence du nouveau variant détecté en Afrique du Sud et nommé B.1.1.529, a prévenu un porte-parole de l’OMS.
À ce stade, les scientifiques sud-africains ne sont pas certains de l’efficacité des vaccins actuels contre la nouvelle forme du virus.
«Ce qui nous préoccupe, c’est que ce variant pourrait non seulement avoir une capacité de transmission accrue, mais aussi être capable de contourner certaines parties de notre système immunitaire», a déclaré un autre chercheur, le professeur Richard Lessells.
22 cas signalés
À ce jour, le variant Omicron a été signalé dans 40 pays, touchant principalement des jeunes, selon l’Institut national des maladies transmissibles (NICD). Des cas ont également été signalés au Botswana voisin et à Hong Kong, sur une personne de retour d’un voyage en Afrique du Sud.
L’OMS a déclaré «suivre de près» ce nouveau variant.
«Il existe de nombreux variants, mais certains n’ont pas d'impact sur la progression de l’épidémie», a tempéré lors d’une conférence de presse John Nkengasong, du Centre de contrôle et de prévention des maladies de l’Union africaine (Africa CDC).
Israël a également annoncé un cas de ce nouveau variant: «Il s’agit d’une personne revenue du Malawi», a indiqué le ministère israélien de la Santé, qui dit craindre «deux cas supplémentaires de personnes revenues de l’étranger» et placées en confinement. Ces trois personnes étaient vaccinées contre la COVID-19.
Un cas a aussi été confirmé en Belgique.
Les vols suspendus
Ottawa a suspendu vendredi après-midi l'entrée au pays de voyageurs étrangers qui ont transigé par sept pays du sud de l'Afrique, incluant l'Afrique du Sud, au cours des 14 derniers jours.
Mis à part l’Afrique du Sud, les pays visés par la nouvelle politique sont le Mozambique, le Botswana, le Zimbabwe, le Lesotho, l’Eswatini et la Namibie, région qui pourrait se transformer en foyer d’éclosion du nouveau variant.
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Le gouvernement demande aux ressortissants étrangers qui sont passés par l'un de ces sept pays et qui sont déjà entrés au Canada de se placer en quarantaine «immédiatement» et d’aller se faire tester pour la COVID-19.
Les citoyens et résidents canadiens qui sont passés par ces pays dans les 14 derniers jours seront testés à leur arrivée et devront se placer en quarantaine «jusqu’à la réception d’un résultat négatif». Même si le résultat est négatif à leur arrivée, ces personnes devront faire une quarantaine d'au moins huit jours, soit jusqu'à la réception d’un deuxième résultat de test confirmant bel et bien qu’ils ne portent pas le virus de la COVID-19.
Le monde se ferme à l’Afrique du Sud
Il n'y a pas qu'au Canada que le variant inquiète. Plusieurs pays européens ont déjà décidé de suspendre les vols en provenance d’Afrique australe, d’autres nations, comme le Japon, instaurant une quarantaine.
En dépit des recommandations de l’OMS, qui a déconseillé de prendre des mesures de restriction pour les voyages, la Grande-Bretagne, la France et les Pays-Bas ont interdit les vols en provenance d’Afrique du Sud et ceux provenant de cinq pays voisins à compter de vendredi midi.
L’Italie a déjà interdit l'accès à son territoire à toute personne ayant séjourné en Afrique australe «au cours des 14 derniers jours». En Asie, Singapour a annoncé une interdiction semblable à compter de dimanche, sauf pour ses ressortissants et ses résidents.
En Allemagne, seuls les citoyens allemands seront autorisés à rentrer d’Afrique du Sud à partir de vendredi soir, et ce, à condition de respecter une quarantaine de 14 jours, même s’ils sont vaccinés, a annoncé le ministre sortant allemand de la Santé, Jens Spahn.
Le Canada n'a pas suspendu, pour le moment, les vols en provenance d'Afrique du Sud.
Hausse importante des contaminations
Mais déjà, «le nombre de cas détectés et le pourcentage de tests positifs augmentent rapidement», a déclaré le NICD dans un communiqué, notamment dans la province la plus peuplée du Gauteng, qui comprend Pretoria et Johannesburg.
Le milieu de la santé doit s’attendre à une nouvelle vague de malades dans les prochains jours ou dans les prochaines semaines, ont mis en garde les scientifiques.
L’Afrique du Sud, officiellement le pays le plus touché du continent par le virus, a connu une nouvelle hausse des contaminations ces dernières semaines. D’abord attribuée au variant Delta, cette augmentation «exponentielle» est plutôt causée par la dernière forme mutée, qui représente «une menace majeure», a déclaré le ministre de la Santé, Joe Phaahla.
Son apparition «renforce le fait que cet ennemi invisible auquel nous avons affaire est très imprévisible», a-t-il ajouté.
Des nouvelles encourageantes
Les premiers «signaux venus d’Afrique du Sud concernant la gravité des cas liés au variant Omicron sont un peu encourageants», a déclaré dimanche le Dr Anthony Fauci, conseiller de la Maison-Blanche sur la crise sanitaire, tout en avertissant qu’il ne s’agissait que de données préliminaires.
«Clairement, en Afrique du Sud, Omicron se transmet davantage, a-t-il dit lors d’une entrevue sur CNN. Mais jusqu’ici, même s’il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives, on ne dirait pas qu’il présente un haut degré de gravité.»
Les experts médicaux ont toutefois souligné ces derniers jours que la démographie de la population sud-africaine était particulièrement jeune, et que les cas graves pouvaient être attendus dans les prochaines semaines.
Les études en laboratoire sont en cours pour déterminer si ce nouveau variant, qui présente de très nombreuses mutations inquiétant les scientifiques, est plus facilement transmissible, et s'il est capable de résister à l’immunité induite par une première infection ou un vaccin, ou de provoquer des cas plus graves de la maladie.
Peu de Sud-Africains vaccinés
L’Afrique du Sud compte environ 2,9 millions de cas, pour 89 600 décès. Plus de 1200 nouveaux cas en 24 h ont été enregistrés mercredi, contre une centaine au début du mois.
Les autorités redoutent une nouvelle vague de pandémie d’ici la fin de l’année. Seuls 35% des adultes admissibles sont totalement vaccinés.