Un militant pour l'environnement meurt après s'être immolé par le feu
Anne-Sophie Poiré
Un militant américain pour l’environnement a perdu la vie après s'être immolé par le feu devant la Cour suprême des États-Unis, à Washington, vendredi, pour protester contre les changements climatiques à l'occasion de la Journée de la Terre.
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Wynn Bruce, 50 ans, originaire de la ville de Boulder, au Colorado, a succombé à ses blessures samedi matin, a annoncé le département de la police métropolitaine de Washington à plusieurs médias américains.
Il avait été transporté par avion dans un hôpital à la suite de l'incident, qui s’est produit sur l'esplanade devant le bâtiment de la Cour suprême vers 18h30, le 22 avril.
M. Bruce aurait été aperçu assis sur un banc vers 18h05. Des agents de la Cour suprême auraient vu l'homme en flammes peu de temps après, selon le Denver Post.
Les enquêteurs cherchent toujours à connaître son motif.
Un acte planifié?
Dimanche matin, la climatologue et prêtre bouddhiste à Boulder Kritee Kanko a toutefois laissé entendre que l'acte du militant, un ami et un membre de sa communauté bouddhiste, était planifié.
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Dans un commentaire laissé sur sa page Facebook près de trois semaines avant son acte, Wynn Bruce avait inscrit la date du 22 avril 2022 et un émoji de feu en réponse à un message sur les impacts irréversibles des changements climatiques.
«Cet acte n'est pas un suicide», a écrit Kritee Kanko sur Twitter. «C'est un acte de compassion profondément courageux pour attirer l'attention sur la crise climatique.»
This guy was my friend. He meditated with our sangha. This act is not suicide. This is a deeply fearless act of compassion to bring attention to climate crisis. We are piecing together info but he had been planning it for atleast one year. #wynnbruce I am so moved. https://t.co/bHoRaLK6Fr
— Dr. K. Kritee (@KriteeKanko) April 24, 2022
Elle a expliqué, dans une entrevue avec le New York Times, qu'elle n'était pas tout à fait certaine des intentions de son ami, mais que «plusieurs personnes étaient poussées à des niveaux extrêmes de chagrin et de désespoir climatique».
Mme Kanko a précisé qu’elle ne souhaitait en aucun cas «que les jeunes commencent à penser à l'auto-immolation» pour protester contre la crise climatique.
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Et si elle ou tout autre enseignant bouddhiste de Boulder avait eu connaissance de son projet de s'immoler par le feu, ils l'en auraient dissuadé.
L'auto-immolation dans les protestations
L’avocat en droits civils devenu militant environnementaliste, David Buckel, s’était également immolé par le feu dans le Prospect Park de Brooklyn, en 2018, pour protester contre le changement climatique.
Dans une lettre, il faisait allusion aux racines spirituelles de l'auto-immolation dans les protestations, notamment au Tibet et au Vietnam.
Au début des années 1960, des moines bouddhistes se sont immolés par le feu en signe de protestation pendant la guerre du Vietnam.
Même chose au Tibet depuis 2009, la population demandant la liberté de cette région de la Chine et le retour du dalaï-lama.