Cette usine de traitement des ordures est une centrale électrique, une pente de ski et un centre d’escalade
Frédéric Guindon
CopenHill, un incinérateur à déchets inauguré l’an dernier à Copenhague, est en quelque sorte la huitième merveille du monde.
Véritable miracle d’ingénierie, l’édifice tire son origine de la volonté exprimée par le maire Frank Jensen, en 2009, d’atteindre la neutralité carbone avant 2025.
Pour ce faire, on utilise l’incinération des déchets pour chauffer les bâtiments grâce à un réseau de chaleur.
Développé dès 1979, le réseau déjà en place se faisait vieillissant et polluant. C’est pourquoi il fut décidé de construire une nouvelle usine à la fine pointe de la technologie, qui surpasserait de loin toutes les normes d’émissions de polluants et qui, de plus, serait doublée d’une centrale de production électrique.
C’est l’architecte Bjarke Ingels qui a remporté son concours de design en 2011, en recyclant un vieux concept où le toit d’un magasin faisait office de pente de ski.
Tout était donc en place pour l’érection, au cours des trois années suivantes du premier incinérateur à déchets - pente de ski du monde.
Dans l’usine, 440 000 tonnes de déchets ménagers sont incinérés chaque année, fournissant 30 000 logements en électricité et 72 000 en chauffage.
Aussi, pour sensibiliser la population au dégagement de gaz à effet de serre, l'usine s’est dotée d’un générateur d'anneau de vapeur. Lorsqu'une tonne de carbone est émise, l'usine produit un anneau de vapeur large de 21 mètres qui est visible depuis le centre-ville.
La pente de ski, elle, est de style sèche, c’est-à-dire qu’elle n’est pas constituée de neige, mais plutôt de matériaux qui en reproduisent fidèlement les propriétés de manière artificielle.
Des remontées mécaniques permettent d’atteindre le sommet de l’édifice, à 85 mètres de haut, avant de dévaler ses 490 mètres qui sont divisés en portion de différentes difficultés.
En été, les skieurs font place aux randonneurs, qui peuvent gravir la pente artificielle pour avoir un point de vue spectaculaire sur la capitale danoise, puisque Copenhill est l’édifice le plus élevé de la ville.
Justement, tant qu’à construire quelque chose de haut, pourquoi ne pas le grimper? Le plus haut mur artificiel d’escalade au monde a donc été installé à même la paroi du bâtiment.
«En tant que centrale électrique, CopenHill est si propre que nous avons été capable d’inclure sa masse de construction dans le tissu social de la ville: sa façade est grimpable, son toit est marchable et ses pentes sont skiables», en dit Bjarke Ingels, l’homme qui l’a conçu. «C’est un exemple probant de durabilité hédoniste.. Une ville durable n’est pas seulement une ville qui est mieux pour l’environnement. C’est aussi une ville qui est plus agréable pour ses citoyens.»