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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Un important fournisseur de RONA et BMR se retrouve dans une situation précaire

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Sylvain Larocque | Le Journal de Montréal

27 mai 2023
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Un important fabricant québécois d’armoires de cuisine et de salle de bain se retrouve au bord de la faillite après une acquisition qui a mal tourné et la décision des quincailliers RONA, BMR et Patrick Morin de réduire leurs commandes. 

L’entreprise en question, Ébénisterie St-Urbain (EBSU), emploie environ 140 personnes à Salaberry-de-Valleyfield. Ses produits sont vendus dans près de 1000 magasins au Canada.

«Malgré une forte croissance au fil des années, EBSU a rencontré des problèmes de liquidités dans les derniers mois, en raison principalement d’une réduction temporaire importante des commandes de ses principaux clients, en l’occurrence les détaillants Rona, Réno-Dépôt, Lowe’s Canada, BMR et Patrick Morin», peut-on lire dans un document déposé le 11 mai en Cour supérieure.

À elle seule, Rona a réduit de 27% ses achats chez EBSU à la fin de 2022 et au début de 2023, ce qui a fait un trou de 13 M$ dans les revenus de l’entreprise, lit-on dans un rapport produit par le syndic responsable du dossier, Dominic Deslandes du cabinet comptable Raymond Chabot.

Résultat: EBSU a subi une perte de plus de 1,5 M$ l’an dernier alors qu’elle avait dégagé des profits nets de près de 500 000$ l’année précédente.

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RONA et BMR se défendent

Invitée à commenter la situation, Rona a assuré qu’elle n’avait pas coupé les vivres à EBSU et qu’elle entretient «d’excellentes relations» avec ce «fournisseur majeur».

«Notre carnet de commandes auprès d’EBSU fluctue en fonction des périodes de l’année, de la demande des consommateurs et des promotions en cours. Ces fluctuations ne sont pas hors normes et sont récurrentes chaque année. 2022 n’a pas été une exception», a déclaré au Journal une porte-parole de RONA, Valérie Gonzalo.

«En ce moment, notre volume de commandes auprès d’EBSU est très élevé», a-t-elle ajouté.

Notons qu’il y a quelques mois à peine, RONA (anciennement Lowe’s Canada) a nommé EBSU parmi ses «fournisseurs de l’année».

«Nous avons effectivement réduit nos commandes auprès de ce fournisseur au cours de la dernière année. Cette baisse s’explique notamment par le ralentissement important des mises en chantier au Québec, lequel affecte inévitablement la demande», a affirmé un porte-parole de BMR, Kaven Delarosbil.

Acquisition «coûteuse»

Comme si ce n’était pas assez, une acquisition réalisée en 2021 en Ontario a elle aussi porté un coup dur aux finances de l’entreprise, qui a été fondée en 1981 par Michel Boucher et qui est aujourd’hui dirigée par le fils de ce dernier, Napoléon.

Napoléon Boucher, président d'Ébénisterie St-Urbain, une entreprise fondée en 1981 par son père, Michel.
Napoléon Boucher, président d'Ébénisterie St-Urbain, une entreprise fondée en 1981 par son père, Michel. Photo tirée de LinkedIn

Trois mois après l’achat de Woodlore par EBSU, l’entreprise acquise a perdu son plus important client, lequel représentait 40% de ses ventes, soit environ 20 M$. Au moment de conclure l’acquisition, EBSU n’était pas au courant que le client poursuivait Woodlore pour des «défauts contractuels» passés, lit-on dans un document rédigé par le cabinet d’avocats McCarthy Tétrault.

EBSU croule aujourd’hui sous plus de 61 M$ de dettes. L’entreprise doit 3,2 M$ au gouvernement du Québec, 4,6 M$ à la Banque de développement du Canada, 2,5 M$ au gouvernement fédéral, 25 M$ à la Banque HSBC, 7 M$ à l’ancien propriétaire de Woodlore, William Phillips, et plus de 12 M$ à ses fournisseurs.

En juillet 2022, le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon (à gauche), et le député caquiste Claude Reid ont visité les installations d'EBSU en compagnie du président de l'entreprise, Napoléon Boucher.
En juillet 2022, le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon (à gauche), et le député caquiste Claude Reid ont visité les installations d'EBSU en compagnie du président de l'entreprise, Napoléon Boucher. Photo tirée de LinkedIn

Licenciements

Pour réduire ses coûts, l’entreprise a licencié 79 de ses 200 salariés ontariens, a indiqué Napoléon Boucher au Journal. Aucun employé québécois n’a été mis à pied pour l’instant.

EBSU est actuellement à la recherche de partenaires financiers pour se recapitaliser. Elle pourrait également vendre une partie ou la totalité de ses actifs.

«Les dirigeants travaillent très fort pour mener à terme une restructuration favorable à toutes les parties», a dit M. Boucher.

Il a précisé que l’entreprise pouvait compter sur l’appui de ses «principaux clients», dont RONA.

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