Un gros tas d'algues qui fait deux fois la largeur des États-Unis se dirige vers la Floride
Jean-Michel Clermont-Goulet
Une immense île flottante d’algues, qui fait deux fois la largeur des États-Unis, se dirige lentement, mais sûrement vers les côtes de la Floride et des Caraïbes. Elle apportera avec elle de fortes odeurs nauséabondes et pourrait menacer la saison touristique. On fait le point.
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Qu’est-ce que c’est?
On ne parle pas d’algues à sushis ici. En temps normal, la sargasse présente dans l’océan Atlantique est inoffensive.
Au contraire, en quantité normale, elle fournit nourriture et protection aux poissons, aux mammifères, aux oiseaux de mer et aux crabes notamment, selon le Sargassum Information Hub, un projet conjoint de plusieurs instituts de recherche.
Cet «habitat flottant» serait d’ailleurs essentiel pour les tortues marines menacées, en plus de servir comme aire de reproduction pour une variété de poissons d’importance commerciale.
Est-ce dangereux pour la santé?
Là où le bât blesse, c’est lorsqu’elles se décomposent une fois arrivées sur la terre ferme.
Ces algues brunes finissent par être toxiques pour l’être humain en raison du sulfure d’hydrogène – un gaz qui sent l’œuf pourri – et des toxines qui s’en libèrent, pouvant causer des problèmes respiratoires, des vomissements et des maux de tête.
Par ailleurs, cet imposant amas d’algues pourrait aspirer l’oxygène présent dans l’eau et créer ce que les experts appellent des «zones mortes», c’est-à-dire des portions d’océan qui sont désertées par les poissons.
D’où viennent ces algues?
Le phénomène des sargasses est relativement récent et les chercheurs tentent toujours de comprendre ses répercussions et de trouver des manières de lutter contre celles-ci.
La prolifération des algues varie d’année en année en fonction de divers facteurs, comme le vent, les nutriments, les précipitations et les courants marins.
Le phosphore et l’azote déversés dans l’océan via les fleuves et rivières (provenant des activités humaines et industrielles) peuvent également jouer un rôle important.
Une année sans précédent
Si la propagation d’un tel amas d’algues est monnaie courante depuis les dernières décennies, elle pourrait atteindre des proportions sans précédent en 2023, indique Brian Lapointe, chercheur à l’Institut océanographique Harbor Branch de l’Université de Floride Atlantique.
«[L’amas] était plus important en janvier qu’il ne l’a jamais été depuis que cette nouvelle zone de croissance de la sargasse a commencé en 2011, a-t-il affirmé à CNN. Cela va créer un problème pour le tourisme dans la région des Caraïbes où la masse s’accumule sur les plages jusqu’à 1,50 à 1,80 mètre de profondeur.»
Selon les observations, le tas de sargasse ferait 8000 km de large, partant des côtes africaines jusqu’au golfe du Mexique. Le chercheur estime que les côtes de la Floride en seront ensevelies au mois de juillet.
Dur impact sur le tourisme
Brian Lapointe conseille aux voyageurs de s’informer avant de se rendre, ce printemps ou cet été, dans une destination côtière, tant en Floride que dans les Caraïbes.
Malheureusement, dit-il, la sargasse peut faire son arrivée du jour au lendemain sans crier gare.
La présence accrue de sargasse dans l’océan est en partie causée par le rejet d’engrais dans les cours d’eau, mais également par le réchauffement climatique.
Les images satellitaires de la semaine dernière montrent que des algues ont été repérées à environ 346 km de la Guadeloupe, entre les îles de Saint-Vincent et de Bequia et au large de Key Largo, en Floride.
− Avec les informations de CNN