Un sac de vidanges pour imiter le voile: ce geste «islamophobe» pourrait lui coûter 25 000$
Une dame de 75 ans s'est mis un sac à poubelle sur la tête et un masque en présence de musulmans
Jonathan Tremblay
SAINT-JÉRÔME | Deux hommes de confession musulmane réclament plus de 25 000$ à une dame de 75 ans qui s’est mis un sac à vidanges sur la tête, tel un voile, afin de les «insulter», un geste qu’ils qualifient «d'islamophobe».
«C’était hu-mi-liant, ce qu’elle a fait», confie au Journal Farouk Dannawi, l’un des deux signataires de la poursuite civile récemment déposée à la Cour du Québec.
Encore aujourd’hui, le courtier immobilier de 34 ans se dit «traumatisé» par les actions posées par Susan Bertrand, le 30 septembre 2021.
Ce jour-là, la résidente de Saint-Jérôme de 75 ans s’est rendue dans un bureau de notaire pour compléter une transaction immobilière.
Ses deux sœurs et elle vendaient alors un immeuble à logements situé sur la place Deauville, à Laval, selon la poursuite.
M. Dannawi et son partenaire d’affaires, Ahmad El Ahmad, en étaient les acheteurs.
Mme Bertrand est apparue devant eux avec un sac à poubelle blanc sur la tête et un masque de protection au visage, pour imiter le voile, et elle aurait tenu des propos déplacés.
«J’ai mis un foulard pour vous autres, mais j’ai pris un sac poubelle. J’ai pris un avocat, je vais vous actionner. Ça va puer chez vous», aurait-elle affirmé aux acheteurs, devant la notaire et ses sœurs, peut-on lire dans le document.
Les deux hommes se seraient sentis «très insultés et heurtés dans leur dignité et croyance religieuse», d’après la poursuite. Ils ont néanmoins procédé à la signature.
Sale et malodorant
Une fois dans l’appartement, ils auraient cependant compris la signification de la déclaration de Mme Bertrand.
L’endroit aurait été «très sale» et une «mauvaise odeur» y aurait circulé, est-il indiqué. Les deux sœurs de la septuagénaire auraient été «gênées», au point de s’excuser et de nettoyer la place elles-mêmes, lit-on.
«Le comportement de la défenderesse démontre clairement sa mauvaise foi et son intention d’insulter et humilier les demandeurs en se moquant de leur confession religieuse, en occurrence l’Islam», est-il écrit.
Selon ces messieurs, le comportement de la dame aurait été «clairement islamophobe et intentionnel».
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Elle en rit...
Confrontée chez elle, Mme Bertrand n’a pas nié les faits. Elle a plutôt ricané quand Le Journal les lui a énumérés.
«J’étais en ost** après eux autres. Il m’est venu à l’idée de me mettre un sac sur la tête», a-t-elle tout bonnement lancé, plus tôt cette semaine.
Cette dernière s’est défendue d’avoir agi ainsi, car les acheteurs lui auraient «manqué de respect», en ne respectant soi-disant pas certaines promesses.
«Ils ne m’ont pas respectée. Je ne les ai pas respectés. Parce que je me suis mis un sac sur la tête, il me demande 25 000$. Pour qui il se prend, lui?» questionne-t-elle.
M. Dannawi précise toutefois ne pas avoir entrepris cette démarche dans un but pécuniaire, mais plutôt par principe.
La principale intéressée a néanmoins nié les allégations relatives à l’odeur. Elle s’est maladroitement justifiée en disant qu’elle faisait référence à certaines traditions culinaires étrangères.
On lui réclame 15 000$ en dommages moraux, 10 000$ en dommages punitifs «et exemplaires» pour sa mauvaise foi ainsi que les frais de la mise en demeure de 300$.
«Je voulais juste les niaiser. S’ils m’envoient en cour, je vais me défendre toute seule. Je ne paierai pas un avocat pour ça», a lancé Mme Bertrand.
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