Un fermier belge a déplacé la frontière française pour agrandir son terrain
Frédéric Guindon
Parce qu’une borne frontalière barrait le chemin à son tracteur, un agriculteur belge a pris les grands moyens: il a déplacé la frontière internationale entre la France et son pays.
Ce faisant, il a cependant causé un imbroglio qui aurait pu avoir de graves conséquences diplomatiques.
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En effet, le territoire de France s’est vu rétréci de 2,2 mètres, sans égard à un traité international de 1820 qui définissait la frontière.
Le bourgmestre (l’équivalent belge d’un maire) d’Erquelinnes David Lavaux a expliqué aux médias comment l’incident frontalier franco-belge s’est tramé.
«Reculer la borne de 2 mètres 20, évidemment ça agrandissait sa propriété», a dit Lavaux.
Avec une équipe de tf1 à la frontière entre Bousignies et Montignies. On a bougé la borne de 1819, la Belgique et notre...
Publié par David Lavaux sur Lundi 3 mai 2021
L’agriculteur belge est récemment devenu propriétaire de ces terres frontalières en bordure du bois de Bousignies (France) et espérait que, dans la quiétude des environs, personne ne remarquerait son léger déplacement.
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«Ce à quoi il ne s’attendait pas, c’est que cette borne avait été géolocalisée avec beaucoup de précision en 2019. Il a donc été facile de prouver qu’elle avait bougé», a raconté Lavaux.
«Il a agrandi la Belgique en rétrécissant la France! Ce n’est pas une bonne idée», a-t-il aussi dit à TF1. «J’étais content que ma ville soit plus grande, mais la maire de Bousignies-sur-Roc n’est pas d’accord.»
Ce sont des passionnés d’histoire qui ont fait l’étrange découverte il y a environ un mois.
«J’ai tout de suite eu l’impression que la borne frontière, située tout au bout du bois, avait bougé», a raconté Jean-Pierre Chopin à La Voix du Nord.
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Le propriétaire français du terrain a aussi confirmé que quelque chose clochait.
«Il nous a expliqué qu’elle avait été déplacée sur plus de deux mètres par le propriétaire belge du champ voisin, certainement pour agrandir son terrain», a indiqué Chopin.
Le maire belge a déclaré avoir sommé son concitoyen de remettre la borne à sa place initiale, en vertu du Traité des «Limites», signé à Courtrai en 1820.
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«On va avoir un contact avec lui avant la fin de la semaine. On va lui demander de remettre la borne à son emplacement initial. S’il le fait, on n’en parle plus», a signalé le politicien.
Son homologue française, Aurélie Welonek, s’est faite conciliante.
«On devrait, toutefois, être en mesure d’éviter une nouvelle guerre», a-t-elle dit avec humour.