Publicité
L'article provient de TVA Sports
Sports

Un espoir du CH se vide le cœur: «Je me suis retrouvé dans un endroit sombre»

Partager
Photo portrait de Nicolas Cloutier

Nicolas Cloutier

2023-03-10T05:00:00Z
2023-03-10T05:18:27Z
Partager

C’était lors d’un camp d’évaluation en prévision du Championnat mondial junior. Logan Cooley s’est élancé et a frappé de plein fouet la barre transversale. Ty Smilanic a ensuite mangé la rondelle dans les dents, en bon français. Depuis, l’espoir du CH sourit sans gêne avec une grosse palette en moins. On ne le confondrait pour rien d’autre qu’un joueur de hockey.

«J’ai juste décidé d’adopter le look par la suite, raconte fièrement le principal intéressé en entrevue téléphonique avec le TVASports.ca. Ça, c’est moi. Je fais plusieurs trucs bizarres dans la vie de tous les jours. Comme m’échauffer nu-pieds avant les matchs.»

Cette façon de s’assumer et ce sourire édenté sont d’autant plus charmants que Smilanic a traversé récemment des moments assez sombres. Il y a quelques semaines, l’attaquant a fini par dévoiler la raison qui l’a poussé à quitter l’entourage des Badgers du Wisconsin pendant deux mois, dans la NCAA : il était blessé. Entre les deux oreilles. 

Publicité

Smilanic a accepté de se confier plus en détail. 

«Cette année, je ressentais beaucoup de pression. J’ai changé d’université en passant de Quinnipiac au Wisconsin et je voulais réussir cette nouvelle épreuve. Malheureusement, j’ai connu un mauvais début de saison et je n’obtenais pas beaucoup d’occasions de me faire valoir sur la glace. Tout cela a fait boule de neige et mon niveau de stress a grimpé. 

«Je me suis retrouvé dans un endroit sombre. C’était difficile de me concentrer sur l’école et sur le hockey.»

Inspiré par Drouin et, surtout, Ramage

Fin octobre, Smilanic n’avait qu’un but en six matchs avec les Badgers. Il a demandé un temps d’arrêt. Pour se tourner vers la thérapie.

Pendant cette pause, sa mère lui a fait parvenir un article qui a piqué sa curiosité. Celui-ci relatait la décision qu’avait prise Jonathan Drouin de prendre soin de sa santé mentale pendant la saison 2020-2021 écourtée par la COVID-19. Drouin avait raté la fin du calendrier régulier et les séries. 

Si cela ne confirmait pas déjà son impression que les Canadiens étaient la bonne organisation pour le soutenir dans ces moments difficiles, il y a eu les interventions de Rob Ramage, le directeur du développement des joueurs.

En ce qui a trait aux épreuves de la vie, Ramage est une excellente référence. Pour la petite histoire, Ramage a été reconnu coupable en 2007 de conduite dangereuse ayant entraîné la mort, à la suite d’un accident ayant coûté la vie d’un de ses amis, l’ancien défenseur des Blackhawks de Chicago Keith Magnuson. Il est aujourd’hui un homme réhabilité. 

Publicité

«C’est la personne qui a été la plus présente pour moi au sein de l’organisation, confie Smilanic. Tout le monde est familier avec ce qu’il a traversé. De l’entendre parler de sa vie, de son combat, ça a remis les choses en perspective pour moi. Ça m’a donné de l’espoir. J’ai réalisé que tout le monde pouvait prendre du mieux avec un peu d’aide.»

L’année de son repêchage en 2020, Smilanic, alors l’un des attaquants les plus prometteurs du programme de développement américain, était pressenti pour être réclamé au premier tour selon la liste de la Centrale recrutement. Il a finalement été choisi au troisième tour (74e au total) par les Panthers de la Floride. C’est dans la transaction de Ben Chiarot que Smilanic est passé aux Canadiens, le 16 mars 2022. 

«Ça m’a pris par surprise, car c’est arrivé durant mes séries avec Quinnipiac. Par contre, dès le jour 1, je me suis senti apprécié et aimé par l’organisation. C’est important, car tu veux sentir que tu obtiendras ta chance. Et le plus difficile dans tout ça, quand tu connais des difficultés, c’est le sentiment de décevoir ceux qui croient en toi. C’est l’un des aspects les plus démoralisants.»

Publicité

Tout n’est pas joué

Parole de Smilanic, c’est sa vitesse qui a convaincu le Tricolore de l’obtenir. C’est l’une des habiletés qu’il n’a pas perdues durant son absence. Ses réflexes sur la patinoire, eux, ne sont pas encore tout à fait revenus. 

«C’est quelque chose que j’ai encore, au moins, se réjouit-il. Le hockey s’en va dans cette direction. C’est un sport axé sur la vitesse aujourd’hui et je pense que je peux en offrir beaucoup.»

Le souvenir est peut-être lointain, mais lorsqu’il était en pleine possession de ses moyens, Smilanic était un fichu bon joueur de hockey et un espoir prometteur aspirant à jouer sur un deuxième trio de la Ligue nationale. Sa première saison dans la NCAA, en 2020-2021, parle par elle-même : 21 points, dont 14 buts, en 29 matchs à seulement 18 ans, ce qui lui a valu d’être nommé finaliste au titre de recrue de l’année dans la conférence ECAC. 

«Ma meilleure saison dans la NCAA a été de loin ma saison recrue, constate Smilanic. À ce moment-ci, j’étais dans de bonnes dispositions, la vie allait bien. Je ne me souciais de rien, je jouais au hockey, c’est tout. Mon objectif est de retrouver cet état d’esprit pour atteindre la LNH.»

Publicité

Parce qu’en réalité, les problèmes de santé mentale de Smilanic se sont manifestés l’an dernier, à sa deuxième saison avec Quinnipiac. Et comme de raison, à ses 11 derniers matchs cette saison-là, il avait été limité à deux points. 

La leçon à en tirer : il y a beaucoup de choses que la fiche d’un joueur sur la base de données hockeydb ne peut vous révéler.

«L’élément le plus important pour un athlète est la confiance, souligne Smilanic. Souvent, les gens vont se demander comment un joueur a-t-il pu devenir si bon ou si mauvais si rapidement et honnêtement, la réponse, c’est la confiance. Quand tu changes d’équipe comme je l’ai fait, aussi, tu hérites parfois d’un rôle différent. Je suis utilisé davantage comme un joueur d’énergie dorénavant. Je n’ai à peu près pas de temps de jeu en avantage numérique.»

Smilanic ne le mentionne jamais explicitement, mais on devine que Tony Granato n’était pas le plus grand fan de son jeu. Du moins, pas assez pour lui donner un rôle de leader offensif dans sa formation. Granato (un chic type malgré tout) a d’ailleurs été remercié après une saison difficile avec l’Université du Wisconsin. 

Pour Smilanic, la saison prochaine sera l’occasion de remettre les compteurs à zéro. Toutefois, même s’il est revenu au jeu, son cheminement est loin d’être terminé. 

«En tant qu’athlète de première division, c’est difficile de trouver du temps pour aller en thérapie. À mon retour au jeu, ce fut compliqué de trouver un moment. Je vais me faire un devoir d’y retourner pendant la saison morte. Ça m’a certainement aidé à réaliser les choses positives dans ma vie et à en retirer du bonheur.»

Avant de retrouver ses repères, la priorité pour Smilanic sera de retrouver ce sourire qui rayonne, même avec une dent en moins.

Publicité
Publicité