Cet épisode de «Robin et Stella» ne passerait certainement pas aujourd'hui
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Frédéric Guindon
Ceux qui ont entre 35 et 40 ans aujourd’hui se souviennent avec nostalgie de «Robin et Stella», une émission jeunesse diffusée à Radio-Québec de 1989 à 1993.
Depuis le début des années 1990, toutefois, beaucoup de choses ont changé, à commencer par Radio-Québec qui est devenue Télé-Québec en 1996.
La façon des Québécois d’interagir avec leurs concitoyens issus de l’immigration en est une autre, comme le prouve cet épisode de «Robin et Stella» que nous venons de déterrer sur YouTube.
Dans les 30 premières secondes de l’émission, on voit déjà qu’il serait inimaginable qu’une telle émission soit diffusée de nos jours.
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Pour ceux qui ne voudraient pas se donner la peine de cliquer, en gros: un nouveau personnage, Catherine, est d’origine haïtienne.
Elle a de la difficulté à se faire accepter en raison de la couleur noire de sa peau. (Jusque là, tout va.)
Mais Stella boit une potion magique qui la rend noire elle aussi. (Alerte Blackface!)
Et quand Catherine goûte l’antidote de Stella, c’est elle qui devient blanche. (Alerte Whiteface!).
S’en suit alors une série de péripéties lors desquelles Stella, Catherine, Robin et Darius Francoeur vont tout faire pour que les deux jeunes filles reprennent leur couleur de peau initiale*.
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À la défense des producteurs de l’émission, il est toutefois évident que leurs intentions étaient nobles. Ils ne voulaient en effet qu’aborder la question du racisme auprès d’un public d’un jeune âge et faire de l’éducation positive en ce qui concerne la discrimination raciale.
La message à la toute fin de l’histoire le prouve. «Stella connaît maintenant les difficultés que peut vivre un enfant venu d’un pays étranger. Nos deux amis ont aussi compris combien il est précieux pour chacun d’être ce qu’il est. Faire rire de soi parce qu’on est différent, ça fait beaucoup de peine et ça empêche de découvrir de nouvelles amitiés, ne trouvez-vous pas?», entend-on le narrateur dire à la fin de la 3 partie de l'histoire.
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Et soyons honnêtes, il n’y avait à peu près personne, en 1992 au Québec, qui savait ce qu’était le Blackface et encore moins pourquoi c’est une pratique raciste.
De nombreux exemples d’émissions diffusées à cette époque, comme par exemple, cette parodie de Que le meilleur gagne, dans laquelle Yves P. Pelletier de RBO imite Gregory Charles, témoignent d’ailleurs du fait que la plupart des Québécois n’étaient pas encore sensibilisés à la problématique du Blackface.
Les mentalités évoluent!
Et c’est tant mieux.
(*Petite note: les histoires de Robin et Stella étaient divisées en 3 émissions d’une demi-heure, et la vidéo ci-haut est le début de la troisième émission d’une histoire. La personne qui a téléversé cette histoire sur YouTube, à l’époque, a subdivisé chacune de ses émissions en 3 parties, puisqu'il y a 10 ans, on ne pouvait pas téléverser des vidéos de plus de 10 minutes sur YouTube. Bref... Vous pouvez voir les autres parties ICI, ICI, ICI, ICI et ICI. Étrangement, les 3 parties de la 2e émission semblent absentes de YouTube.)