Un énorme iceberg qui fait 3,5 fois la superficie de Montréal s’est détaché de l’Antarctique
Jean-Michel Clermont-Goulet
Iceberg droit devant! Un immense bloc de glace de 1550 km2, soit 3,5 fois la superficie de l’île de Montréal, s’est détaché dimanche soir de l’Antarctique, ont annoncé des scientifiques britanniques.
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Selon la British Antarctic Survey (BAS), ce phénomène ne serait toutefois pas causé par les changements climatiques. L’iceberg s’est détaché lors d’une marée de forte amplitude qui a agrandi une fissure existante baptisée Chasm-1, explique l’organisme britannique.
Before and after 🤓
— British Antarctic Survey (@BAS_News) January 24, 2023
Here's a super sharp view of the vast new #iceberg breaking away from the Brunt Ice Shelf in #Antarctica.
📸 Sentinel-2 @CopernicusEU & thanks to @USGSLandsat for the before shot from 20 Jan. pic.twitter.com/PrtAwCvHTf
Cette fissure se trouvait sur une plateforme de glace, c’est-à-dire un glacier qui constitue un prolongement dans l’eau d’un glacier qui se retrouve sur la terre ferme. La fissure s’étendait sur toute la longueur de la plateforme.
Un processus naturel
Le détachement de l'immense morceau de glace était d'ailleurs attendu, précise la BAS dans un communiqué. Il s'agit d'un «processus naturel» de la barrière de Brunt.
«Ces immenses icebergs, parfois aussi grands qu’un petit État [américain], sont spectaculaires. Mais ils ne sont qu’une partie du fonctionnement de la calotte glaciaire de l’Antarctique», a déclaré au Washington Post Ted Scambos, chercheur principal à l’Université du Colorado.
Il s’agit du deuxième évènement du genre à survenir dans la zone.
Il y a deux ans, un iceberg d’une taille quasiment identique s’était déjà formé et sur lequel se situe actuellement la station de recherche britannique Halley VI. Les chercheurs, qui sont en Antarctique de novembre à mars, y observent depuis une dizaine d’années la progression de vastes fissures dans la glace.
En 2016, la BAS avait décidé de déplacer sa station d’une vingtaine de kilomètres par crainte qu’elle se retrouve sur un iceberg à la dérive.
Le réchauffement planétaire inquiète
Bien que le phénomène observé ce week-end ne soit pas nécessairement directement dû au réchauffement de la planète, l'Antarctique est aux premières loges de la crise climatique. L'an dernier, des températures record y ont été enregistrées.
L’étendue de la glace y a atteint en février 2022 le minimum jamais enregistré en 44 ans d’observations satellites, selon un récent rapport du Programme européen sur les changements climatiques Copernicus.
En 2021, la fonte complète d'un iceberg, à 4000 km au nord du lieu où il s'était détaché de la banquise en 2017, avait relâché plus de 150 milliards de tonnes d'eau douce mêlée à des nutriments, ce qui a inquiété les scientifiques de l'impact du phénomène sur un écosystème fragile.
− Avec les informations du Washington Post et de l’AFP