Un docteur inquiet par l’état de santé de Damar Hamlin
Louis-Antoine Lemire
Le professionnel de la santé, Jean-Claude Tardif, avoue être préoccupé par le fait que le joueur des Bills de Buffalo, Damar Hamlin, soit encore dans une condition critique plusieurs heures après avoir subi un arrêt cardiaque à Cincinnati hier soir.
En entrevue à QUB radio, le directeur du Centre de recherche de l'Institut de cardiologie de Montréal et professeur de médecine à l'Université de Montréal a qualifié la situation d’inhabituelle. « En théorie, son cœur a été ramené à la normale. Donc, on n’aurait dû s’attendre à ce qu'il se sente bien. Plus de 12 heures après l’accident, on ne devrait pas entendre qu’il soit encore dans un état critique. On peut se demander s’il n’a pas eu une contusion cardiaque ou un autre problème comme une anomalie congénitale jamais détectée menant à cette mort soudaine.»
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Ce dernier a mentionné que ce genre d’incident n’arrive pas très souvent chez les sportifs et le cas de M. Hamlin est différent des autres. « Quand on parle de mort soudaine chez les jeunes, ce sont souvent des problèmes de maladies cardiaques congénitales ou des personnes qui ont des rétrécissements des valves cardiaques. Je ne crois pas que ce soit le cas pour ce joueur.»
Bien qu’il ne fût pas sur place, M. Tardif estime que l’athlète a probablement subi un trouble du rythme cardiaque mortel. « Cela arrive quand il y a un traumatisme au niveau du thorax. On voit plus souvent ça, lorsqu’un individu reçoit un projectile comme une balle de baseball ou une rondelle de hockey. » L’autre option qui pourrait expliquer ce qui est arrivé est une contusion cardiaque, pense M. Tardif rappelant toutefois qu’il préconise surtout l’arythmie mortelle.
Tout le monde peut agir
L’urgentologue au département de médecine d'urgence de l'Institut de cardiologie de Montréal, Alain Vadeboncoeur, estime que tout le monde peut intervenir lorsqu’il voit un individu subir un arrêt cardiaque. Il mentionne que la personne qui effectue un massage cardiaque et donne un choc sont deux actions permettant de sauver des vies.
Le professionnel de la santé a précisé que la ventilation n’est plus requise pour le grand public, car le massage cardiaque en lui-même produit de l’oxygénation, étant donné qu’il y a un certain mouvement d’air. «Si une personne voit un individu perdre connaissance, il faut appeler à l’aide, faire venir les secours et le défibrillateur et commencer le massage cardiaque.»
M. Vadeboncoeur explique qu’un citoyen doit d’abord reconnaître que la personne a subi un arrêt cardiaque. Selon lui, quelqu’un qui tombe subitement sans raison fera habituellement un arrêt cardiaque par arythmie. «Il faut aller voir la personne et la stimuler en essayant de la pincer ou en la frappant un peu sur le sternum. Quelqu'un ayant un arrêt cardiaque ne se réveillera pas à la stimulation et il a une respiration laborieuse ou ne respire plus du tout. Ces facteurs sont suffisants pour constater qu’un massage cardiaque est nécessaire.»
Alain Vadeboncoeur a tenu à préciser que l’utilisation d’un défibrillateur est simple. «Habituellement, ce sont des appareils qui parlent. Alors, ils vont dire de dévêtir le patient et appliquer les électrodes. L’appareil va même nous dire de masser une fois le choc donné. Même un adolescent sans formation peut l'utiliser.»
Bien conscient qu’on ne peut pas savoir comment une personne va réagir en situation d’urgence, le Dr Vadeboncoeur répond que la pratique est le meilleur moyen pour faire face à ce genre d’événement. «Ce n’est pas pour rien qu’il y a des formations qui existent. Lorsque les gestes ont pratiqué à répétition sur un mannequin, cela devient un automatisme. Cela dit, il vaut mieux une mauvaise technique que rien du tout.»