Un médecin québécois à la frontière ukrainienne pour soigner et aider les réfugiés
Nora T. Lamontagne
Un médecin québécois vient de se joindre à une chirurgienne américaine et à un paramédic polonais pour soigner des réfugiés ukrainiens dans une tente médicale improvisée à l’un des postes frontaliers les plus achalandés de la Pologne.
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«Aujourd’hui, j’ai vraiment fait la différence. J’ai vu trois patients qui nécessitaient l’aide d’un médecin, et pas seulement d’une infirmière», racontait Julien Auger, quand Le Journal l’a rejoint avant-hier.
Ces jours-ci, le docteur de 35 ans ne travaille pas à l’hôpital régional de Saint-Jérôme, sur la Rive-Nord de Montréal, mais bien dans une tente médicale de fortune, érigée à proximité du camp de réfugiés de Hrebenne, à 70 kilomètres à l’ouest de Lviv.
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Situé à la limite de la Pologne et de l’Ukraine, ce poste frontalier a été traversé par des dizaines de milliers de personnes fuyant vers l’ouest depuis le début de l’invasion russe.
À son arrivée en Europe jeudi dernier, le Dr Auger avait l’intention de faire le chemin inverse pour aller prêter main-forte aux blessés de la guerre en Ukraine, comme le rapportait Le Journal la semaine dernière.
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«Entre-temps, plusieurs événements super inquiétants au niveau de l’aide humanitaire sont arrivés. Il y a eu des hôpitaux bombardés, des corridors humanitaires non respectés et des civils qui se sont fait tuer», précise le père de deux enfants.
Jusqu’à la fin du mois
C’est donc par prudence qu’il a décidé de se rendre utile à la frontière plutôt qu’en zone de guerre, étant donné les attaques répétées des Russes contre les civils et les soignants.
Après avoir passé ses premières nuits dans l’auberge de jeunesse «la moins chère» qu’il ait pu trouver à Lublin, dans l’est de la Pologne, il est d’abord allé donner un coup de main à la gare pour accueillir et diriger les réfugiés.
«J’étais content d’aider comme ça, mais ce n’était pas le but de mon voyage», reconnaît le trentenaire.
De fil en aiguille, le Dr Auger s’est retrouvé dans la tente médicale du camp de Hrebenne, où il compte rester jusqu’à la fin du mois.
Il a pour collègues Erin, une chirurgienne d’origine américaine, et Darek, un paramédic polonais, en plus d’être entouré de bénévoles «non médicaux» qui traduisent les paroles de ses patients au besoin.
Au diable la paperasse
La plus grande différence avec sa pratique au Québec est qu’il ne garde aucune information au sujet de ses malades, souligne-t-il.
«Les gens viennent, on les aide, et ils repartent, parfois avec une boîte de médicaments pour la route. Alors que normalement, si je vois un patient cinq minutes, j’en ai pour 20 minutes à remplir de la paperasse.»
Malgré la simplicité des installations, les dons affluent et la clinique «commence à être équipée pour de vrai», raconte le travailleur de la santé volontaire.
Médecine de brousse
«C’est de la médecine de brousse, alors j’y vais avec ce qu’il y a. Ce serait pas notre premier choix dans un hôpital nord-américain, mais on peut se débrouiller», racontait-il, après une première longue journée sous la tente.
Plus tôt, il avait ainsi pu soigner une brûlure au deuxième degré causée par l’eau bouillante du café, une allergie par intraveineuse, et la déshydratation avancée d’une octogénaire qui avait fui l’Ukraine.
«J’ai trouvé exactement [le type de travail] que je cherchais auprès des réfugiés. Ils avaient besoin d’un médecin, et j’ai été là pour eux», dit-il.