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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Un conflit coûteux pour nous tous

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Julien McEvoy | Le Journal de Montréal

2022-03-12T05:00:00Z
2022-03-12T13:19:06Z
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La guerre en Ukraine a déjà des conséquences sur notre portefeuille, comme les automobilistes l’ont constaté, mais ce n’est que le début. Le pain et bientôt les légumes subiront aussi des hausses de prix, tout comme les billets d’avion, les voitures électriques et le prix des matériaux de construction.

Dès le début de la guerre, Wonderbrands avisait déjà les détaillants ontariens par note de service que le prix coûtant de ses pains tranchés, de ses pains à hamburgers et de quantités d’autres produits avait été révisé à la hausse. 

Wonderbrands appartient à FGF Brands, qui a racheté la division boulangerie de Weston l’an dernier. La note de service que nous avons obtenue est datée du 24 février. Les nouveaux prix doivent entrer en vigueur le 3 avril. 

« Si les prix montent en Ontario, c’est certain qu’ils vont monter au Québec », avance Sylvain Charlebois, spécialiste de l’industrie agroalimentaire à l’Université Dalhousie. 

Cette révision à la hausse du prix du pain n’a rien d’habituel. La production céréalière sera affectée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui à eux deux comptent pour environ le quart de la production mondiale de blé. 

« Pour les céréales et le pain, les augmentations à l’épicerie risquent de se généraliser d’ici trois mois », ajoute M. Charlebois. 

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Wonderbrands ne serait donc que la première à faire ce que tous les autres feront sous peu. 

« C’est préoccupant, l’approvisionnement de matières premières », confirme Denis Landry, directeur général du Groupe Prestige, un regroupement de PME dans le secteur de la boulangerie-pâtisserie.

Un de ses membres vient d’augmenter ses prix pour la troisième fois en 18 mois.

« Clairement, les hausses de prix s’en viennent pour le consommateur », assure-t-il.

Des transformateurs comme les membres du Groupe Prestige doivent négocier la hausse de prix avec les grandes chaînes de supermarché, d’où le délai de « quelques mois », pour voir les hausses apparaître. 

L’effet du prix du carburant  

Les céréales se feront donc plus rares sur le marché, ce qui poussera le prix du pain, des pâtes et de bien d’autres produits à la hausse. 

Le prix du carburant, lui, a déjà fait tout un bond depuis 14 jours, franchissant la barre des 2 $ le litre par endroits. 

« Juste une hausse de 0,03 $ le litre, pour une compagnie de transport qui a 100 camions qui roulent par semaine, c’est énorme », calcule Benoit Therrien, président de Truck Stop Québec. 

Le prix du litre a augmenté d’au moins 30 cents, en moyenne, depuis le 21 février au Québec. 

« Juste pour cette semaine, ça représente 100 000 $ », explique Guy Milette, de Courchesne Larose, un des plus gros distributeurs de fruits et de légumes frais au Canada.

La hausse affectera surtout les légumes, dit-il, et se fera sentir surtout vers la mi-avril, à Pâques.

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La guerre en Ukraine fait exploser les prix du pétrole, du blé, du nickel et d’autres commodités. Ces hausses vont inévitablement être refilées aux consommateurs. Voici quelques exemples. 

Boulangerie  

Photo d'archives
Photo d'archives

« On n’a pas le choix d’augmenter nos prix. C’est absolument hors de contrôle », lance Denis Landry, du Groupe Prestige, qui réunit des PME du secteur de la transformation alimentaire en boulangerie. Le vieux routier achète du blé et d’autres commodités sur les marchés mondiaux depuis très longtemps. Après 18 mois de turbulence, les choses commençaient à se replacer avant la guerre, dit-il. Les prix se remettent à monter depuis.

« Aucune compagnie, peu importe sa taille, ne peut absorber toutes les hausses que l’on subit depuis 18 mois », ajoute M. Landry. 

À la boulangerie Georges, en Estrie, on constate la même chose.

« C’est fou. Nous vendions notre pain à 3,69 $ et nous devrons augmenter notre prix de 4,09 $ dans les prochaines semaines », lance le directeur des ventes, Stéphane Marois. 

Légumes  

Photo d'archives
Photo d'archives

Si le prix n’augmente pas en mars, c’est parce qu’il s’agit d’un mois très tranquille dans l’industrie du camionnage, et que nos légumes arrivent surtout par camions. Mais à l’approche de Pâques, les céleris, les brocolis, les salades et les poivrons, entre autres, vont tous nous coûter plus cher en raison de la hausse du prix du carburant.

La surcharge en carburant est fixée en rapport avec le prix de l’essence et s’ajoute au contrat fixe. Par exemple, faire venir un camion à Montréal depuis le port de New York coûte 2200 $. Avec une surcharge à 53,2 % comme c’est le cas cette semaine, on monte à 3370 $. La surcharge montera à 63,1 % la semaine prochaine, si rien ne bouge.

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Des matériaux de construction plus chers  

Photo d'archives
Photo d'archives

« On a des augmentations de près de 25 % de fournisseurs liés au prix de l’essence », partage le PDG de la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec (CEGQ), Éric Côté, donc les consommateurs vont le ressentir.

Béton, membranes, éléments liés aux toitures coûtent plus cher.

« Va falloir que le gouvernement réfléchisse à des solutions », laisse-t-il tomber.

À l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT), on note que le plastique et le composite seront touchés. 

« Ça ne devrait pas tarder, hélas », résume son président Richard Darveau.

Explosion du prix des livraisons  

Photo d'archives
Photo d'archives

« Je n’ai jamais rien vu de si haut », va jusqu’à dire Matt Lessard, président de Buster Fetcher, qui suit les colis pour les PME.

Des transporteurs comme FedEx ont des surcharges de carburant de 25,5 %, observe-t-il. En août dernier, elles étaient de 15,75 %.

Depuis janvier, chez Postes Canada, la surcharge est passée de 17,5 % à 22 %. Chez UPS, elle a augmenté de 20,5 % à 25 %, depuis la mi-décembre, alors que chez Purolator, elle a gonflé de 15,25 % à 23,25 %, souligne Matt Lessard.

- Avec Francis Halin

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