Variant Omicron: un cégep repousse sa rentrée à février
Dominique Scali
Un cégep fait cavalier seul en repoussant complètement sa rentrée au 7 février en raison du raz-de-marée Omicron, une décision «audacieuse», selon enseignants et étudiants.
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«On a trouvé que la façon la plus sécuritaire et avec la meilleure vision, c’était de recommencer le plus tardivement possible», explique Hélène Bailleu, directrice générale du Cégep régional de Lanaudière.
La session était censée commencer le 23 ou le 24 janvier. Le cégep a plutôt décidé de commencer en présentiel le 7 février.
D’ici là, il n’y aura pas de cours virtuels. Le calendrier a carrément été décalé.
Devant la contagiosité du variant Omicron, plusieurs cégeps et universités ont décidé de commencer leur session à distance ou de repousser la rentrée d’une semaine.
Mais pour l’instant, le Cégep régional de Lanaudière serait le seul à aller aussi loin dans son changement de plan, selon une tournée d’une quarantaine de cégeps réalisée par Le Journal la semaine dernière.
«Admirable»
«C’est une décision admirable. On est contents de voir que la santé mentale des étudiants leur tient à cœur», a réagi Julien Mei, qui représente les étudiants du campus de L’Assomption.
«Pour nous, un retour à distance ou en mode hybride, ce n’était pas souhaitable», explique Mme Bailleu.
«Nos services psychologiques sont extrêmement occupés [...] On avait plusieurs sons de cloche qui nous disaient que des étudiants allaient abandonner la session si on optait pour l’enseignement à distance.»
Le fait de commencer plus tard a une panoplie d’avantages, comme plus de temps pour que les étudiants obtiennent leur 3e dose de vaccin et plus de recul pour observer l’impact du retour en classe dans les écoles primaires et secondaires, énumère-t-elle.
Du côté des étudiants, la réaction est plutôt mitigée. Étienne Ouellet, vice-président aux affaires externes à l'Association générale des étudiantes et étudiants du Cégep régional de Lanaudière à Terrebonne, a déjà reçu de nombreux messages d’étudiants anxieux à l’idée bouleverser leur horaire.
«C’est une décision un peu démesurée [...] On aurait pu commencer la session en ligne et ça n’aurait pas été très grave», remarque-t-il.
Cette décision «audacieuse» a été bien accueillie par les profs dans un contexte où le réseau a terriblement besoin de «prévisibilité», estime Yves de Repentigny, vice-président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec.
Un pilote dans l’avion?
Il s’inquiète pour l’ensemble du milieu, qui n’a toujours pas eu droit à une conférence de presse de la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, à cinq jours de la rentrée, qui est toujours prévue pour lundi prochain dans plusieurs établissements.
«Où est le pilote dans l’avion?» s’impatiente-t-il. «On ne peut pas en vouloir aux cégeps de prendre leur décision chacun de leur côté.»
Reste qu’au Cégep régional de Lanaudière, une panoplie de questions est toujours en suspens pour plusieurs intervenants: qu’arrivera-t-il avec l’épreuve uniforme de français censée avoir lieu en même temps pour tous? Avec la semaine de lecture et la date limite d’abandon?
De son côté, le cabinet de la ministre de l'Enseignement supérieur indique que les cégeps sont autonomes dans l'organisation de leur calendrier scolaire, pourvu qu'ils respectent certains critères comme celui de terminer la session avant le 30 juin.