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L'article provient de Le Journal de Montréal

Un avis disciplinaire pour avoir refusé le temps supplémentaire obligatoire

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Agence QMI

2021-10-19T02:13:58Z
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Une infirmière de Laval qui a refusé le temps supplémentaire obligatoire (TSO) s’est fait remettre un avis disciplinaire, un geste qu’elle a déploré.

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L’incident s’est passé le 7 septembre dernier.

«À 11 h 35, j’ai reçu un appel de la liste de rappel, ceux qui s’occupent des horaires et de la répartition du personnel», a raconté Jessika Montpetit, infirmière à l’Hôpital Cité-de-la-Santé à Laval, lors d’une entrevue à l’émission de Denis Lévesque, lundi.

Elle a alors appris que sa collègue de soir va être absente.

«La journée suit son cours, finalement à 15 h 45 on apprend qu’il va y avoir un TSO», s’est-elle souvenue. «Cette journée-là, il faut savoir que sur le plancher, il y a ma collègue et moi qui faisons du temps plein, et une infirmière d’agence, et l’infirmière d’agence est exemptée du TSO.»

Puisque la collègue de Mme Montpetit doit aller chercher ses trois enfants à l’école, il est convenu qu’elle quitte après son quart de travail.

«Moi je me dis "mon dieu, comment je vais être capable de faire ce quart de travail là?"», a-t-elle expliqué. «Je suis complètement épuisée. Je dis à mon chef de service que je ne pourrai pas rester, que je ne me sens pas apte à travailler huit heures de plus avec mes patients de façon sécuritaire, donc entre 16 h et 17 h, le chef de service débarque sur le département et il commence à nous dire qu’il faut absolument qu’une de nous deux reste au travail.»

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Après une heure de négociations qui ne mènent nulle part, Mme Montpetit dit qu’elle peut rester pour le TSO jusqu’à maximum 18 h 30.

Pendant ce temps-là, Mme Montpetit et sa collègue se sont rendu compte qu’une de leurs collègues de nuit aurait pu entrer au travail à 19 h ou 20 h si on l’avait avisée le matin à 11 h 45, lorsque le problème est survenu, mais qu’il était trop tard en fin de journée.

«Finalement, à 18 h 30, j’ai quitté le département», a précisé Mme Montpetit. «Quand je suis partie, je savais que j’avais une collègue qui allait venir à 19 h 30. J’ai quitté comme si j’allais sur mon heure de souper finalement et après, ma collègue prenait la relève.»

Mme Montpetit a souligné qu’elle travaillait aussi avec une infirmière auxiliaire pour s’assurer de faire un bon suivi avec les patients.

«Il y avait aussi une autre infirmière de soir sur le plancher à qui j’ai donné mon rapport de particularités s’il arrivait quelque chose dans cette heure-là», a-t-elle noté.

Finalement, l’infirmière qui est arrivée à 19 h 30 est la solution que Mme Montpetit avait proposée à 15 h 45.

«J’avais appelé la coordonnatrice des soins infirmiers, je leur avais dit que pour éviter un bris de service, on pourrait prendre l’infirmière centrale, qui se promène dans l’hôpital et va décharger les unités.»

Un avis disciplinaire reçu

Malgré toutes les pistes de solution proposées par Mme Montpetit, elle s’est fait remettre un avis disciplinaire.

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«Au début, ils me disent dans la première rencontre que je suis partie en laissant mes patients sans relève, ce qui est faux», a-t-elle ajouté.

«Finalement, j’ai reçu un avis disciplinaire pour insubordination parce que j’ai mis mon patron devant les faits accomplis, comme si je ne l’avais pas averti ou n’avait pas attendu son autorisation pour partir à 18 h 30», a-t-elle déploré.

Malgré les initiatives du gouvernement pour enrayer le temps supplémentaire obligatoire, Mme Montpetit trouve qu’il n’en fait pas assez, surtout pour la conciliation travail-famille. «La plupart des infirmières dans le réseau de la santé, ce sont des femmes et la plupart des femmes ont des enfants et des obligations familiales.»

«Ce que je dis au gouvernement, c’est qu’ils ont beau donner des primes de 15 000 $ pour garder ou engager des infirmières à temps plein, mais aucune infirmière retraitée, d’agence ou à temps partiel va vouloir faire du temps plein pour avoir une prime de 15 000 $, mais devoir faire trois TSO par semaine», a-t-elle avancé.

Mme Montpetit dit que c’est difficile de croire le gouvernement, surtout que le problème persiste depuis des années.

«Il y avait un problème il y a cinq ans, il y a 10 ans et il y a 15 ans», a-t-elle indiqué. «J’ai des collègues que ça fait des années qu’elles sont dans le système de santé et ça a toujours été comme ça, ça ne va pas bien.»

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