Un antidépresseur réduirait les complications liées à la COVID-19: ce qu'il faut savoir
Jean-Michel Clermont-Goulet
Le fluvoxamine, un antidépresseur, réduirait de manière considérable les risques d’hospitalisation chez les personnes atteintes de la COVID-19, conclut un essai clinique. Voici ce qu’il faut savoir sur ce médicament.
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Qu’est-ce que la fluvoxamine?
Grosso modo, il s’agit d’un médicament générique déjà disponible sur le marché. Il est notamment utilisé comme antidépresseur, mais aussi contre les troubles obsessionnels compulsifs, les troubles d’anxiété sociale et de panique.
Autre avantage: son faible cout. Pour un traitement de 10 jours, il faudrait débourser 4 $ US.
Ce que dit l'étude clinique
Un essai clinique a été mené auprès de plus de 700 patients de plus de 18 ans, non vaccinés contre la COVID-19. Les participants provenaient de 11 établissements de santé à travers le Brésil. 700 autres patients ont reçu des placebos.
«La fluvoxamine diminue le risque de devoir recourir à des soins avancés chez [une] population aux risques élevés», peut-on lire dans le rapport de l'étude publié dans le Lancet Global Health.
NEW in @LancetGH: Using SSRI #fluvoxamine to treat high-risk outpatients with early-diagnosed #COVID19 reduced the need for prolonged observation in an emergency setting or hospitalisation: largest trial to date. https://t.co/BVtMju74lp @TogetherTrial pic.twitter.com/F1FnZuyqdY
— The Lancet (@TheLancet) October 27, 2021
Les participants devaient présenter un facteur de risque, comme être atteint de diabète ou d’une maladie du cœur ou encore faire de l’emphysème.
L’étude a mesuré combien de malades de chaque groupe ont finalement été hospitalisés après 28 jours, ou ont dû à une occasion rester plus de six heures dans un service d’urgence.
Les malades traités sous fluvoxamine ont été moins nombreux à se retrouver hospitalisés 28 jours ou à se retrouver plus de six heures dans un service d’urgence que les patients sous placebo, soit 11% contre 16%.
Déjà sous observation
Ce n’est pas la première fois que la fluvoxamine intéresse le monde scientifique. D'autres études dans le même genre avaient été effectuées sur de faibles échantillons. Leur méthodologie rendait alors leurs conclusions très incertaines.
La plus récente étude «laisse clairement penser» que ce médicament constitue une option «efficace, sûre, peu coûteuse et plutôt bien tolérée pour traiter les malades non hospitalisés atteints de la COVID-19», juge le chercheur Otavio Berwanger, non associé à l’essai, dans un commentaire aussi publié par la revue.
Des limites
Cette étude comporte toutefois des limites. On ne sait pas si la fluvoxamine permet de réduire les décès.
Même en matière d'hospitalisations, les conclusions sont affaiblies par le fait d'avoir mélangé deux critères. Les auteurs expliquent avoir aussi pris en compte les séjours en services d'urgence, car les hôpitaux brésiliens ont été surchargés durant la pandémie et n'auraient pas pu prendre en charge des patients qui en auraient eu besoin.
Un autre médicament en attente d’homologation
La société de biotechnologie Ridgeback Biotherapeutics a développé un médicament, le molnupiravir, qui diminuerait de moitié les risques d’hospitalisation et de décès, selon les résultats d’un essai clinique publiés ce mois-ci.
Le molnupiravir est un puissant antiviral de la famille des ribonucléosides. Il diminuerait considérablement la multiplication du SRAS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19. Il serait même actif contre les variants du coronavirus.
La demande d’autorisation déposée auprès de Santé Canada est en cours d’examen depuis le 13 août dernier.