Un an pour ce pédophile qui avait 37 500 fichiers de pornographie juvénile
Fait rare, certaines victimes qui apparaissaient dans les images de Jean-Yves Croteau ont pu être identifiées et ont pu témoigner


Pierre-Paul Biron
Un pédophile de 73 ans a écopé d’une peine d’un an de prison pour possession de milliers de fichiers de pornographie juvénile, lundi. Fait rare, 18 victimes ont pu être identifiées dans les images, ce qui a permis le témoignage de deux mamans troublées de savoir «le corps de leurs enfants incessamment violé par le partage de ces images».
Jean-Yves Croteau avait plaidé coupable en novembre 2023 à des accusations de possession de pornographie juvénile.
Au total, 37 500 images et 148 vidéos de pornographie juvénile avaient été retrouvées dans le matériel informatique du délinquant. Les troublantes images montraient des enfants de moins de 10 ans ayant des relations sexuelles avec des personnes adultes.
La juge Réna Émond a condamné le fonctionnaire à la retraite à une peine de 12 mois de prison, assortie d’une probation de trois ans, dont deux qui seront sous surveillance. Il lui sera aussi interdit d’utiliser Internet pour une période de cinq ans, sauf pour certaines exceptions ciblées.
Croteau sera aussi inscrit au registre des délinquants sexuels pour une période de 20 ans.
Des victimes bien réelles
La juge Émond a souligné dans sa décision sur la peine lundi la gravité du crime commis par l’accusé. Elle a rappelé avec raison que chacune des dizaines de milliers d’images retrouvées dans le matériel informatique de l’homme constitue une agression sexuelle commise sur un réel enfant.
D’ailleurs, fait rare dans ce type de dossier, les autorités sont parvenues à identifier et à retrouver 18 enfants qui se retrouvaient sur les images que possédait Jean-Yves Croteau. La procureure au dossier, Me Anne-Frédérique Coulombe, explique que l’expertise du Centre canadien de protection de l’enfance a permis cette avancée dans quelques dossiers récents.
Les mamans de Pia* et Violette* (*noms fictifs) ont donc pu raconter à la magistrate par l’intermédiaire d’une avocate du Centre canadien les lourds traumatismes que portent leurs filles depuis les agressions qu’elles ont subies et qui ont été filmées, puis distribuées.
La mère de Violette* a souligné avec justesse que sa fille était «condamnée à vie» par les personnes qui téléchargent les images d’exploitation sexuelle des quatre années d’abus qu’elle a subies. «Elle sera revictimisée chaque fois qu’un monstre regardera les vidéos», avait confié la femme en marge des observations sur la peine en novembre 2024.
Colère, rage, dégoût, difficulté à faire confiance, chocs émotionnels, crainte constante que les images soient repartagées, les conséquences sur les victimes sont nombreuses, a souligné la juge.
Absence de cheminement
Un rapport présentenciel servant à établir le profil de Jean-Yves Croteau a permis d’orienter la magistrate pour en venir à l’imposition de la peine d’un an de détention.
Vivant en solitaire, n’ayant jamais eu de conjointe ou de vie sexuelle, le délinquant, qui n’avait aucun antécédent criminel, a admis avoir consommé de la pornographie juvénile à compter de 2015 ou 2016. Même s’il dit regretter ses gestes et que les évaluations établissent son risque de récidive à «faible», la juge Émond s’est dite préoccupée par certains aspects du dossier.
Elle a d’ailleurs choisi d’imposer au délinquant une inscription au registre des délinquants sexuels pour 20 ans devant «l’absence de quelque cheminement pouvant atténuer les craintes».
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