Un air connu et inquiétant
Michel Bergeron
J’ai du mal à décrire le début de saison du Canadien avec un autre mot que «pathétique». À travers tout ce marasme, il y a un sentiment de déjà-vu: l’équipe n’a pas de centre numéro un ni de défenseur numéro un.
Au centre, Nick Suzuki le sera peut-être. C’est d’ailleurs dans cet espoir que le Canadien lui a consenti une lucrative prolongation de contrat qui entrera en vigueur à partir de la prochaine saison et qui lui permettra de toucher 7,875 M$ par saison pendant huit ans. Mais il n’est pas là encore. Suzuki demeure un jeune joueur et il a encore beaucoup à apprendre. On le voit, en ce début de saison. Il connaît des moments difficiles et il n’a probablement pas encore l’étoffe pour porter l’attaque sur ses épaules. Christian Dvorak, quant à lui, est un joueur de deuxième trio.
Regard vers Buffalo?
J’en viens à me dire que le Canadien devrait être agressif dans le dossier Jack Eichel. Je n’ai pas tous les détails entourant sa situation médicale, mais une chose est certaine, il est sur le marché et il veut jouer ailleurs qu’à Buffalo.
À l’arrière, c’est la même chose. On a beaucoup critiqué Shea Weber, mais il n’en reste pas moins qu’il était le pilier à la ligne bleue du Tricolore. Sa présence, autant sur la patinoire que dans le vestiaire, semble manquer cruellement au Canadien jusqu’à maintenant.
On s’ennuie de notre leader chez le Canadien, c’est évident. Par contre, il va falloir en revenir. Weber a 36 ans et ratera vraisemblablement la totalité de la saison actuelle. Peut-il vraiment revenir l’an prochain, à 37 ans, après avoir raté une saison complète? Je suis désolé, mais je n’y crois pas.
À l'interne
On parle beaucoup du leadership de Weber et même de Carey Price, comme d’un manque important à l’heure actuelle. Je pense qu’on exagère. Dans une équipe, tu n’as pas besoin d’avoir 20 leaders. Ce que ça prend, par contre, c’est 20 joueurs qui se présentent chaque soir.
Ça, ce n’est pas du leadership, c’est du dévouement, de l’éthique de travail.
Comme Marc Bergevin l’a mentionné lors de son point de presse de la semaine dernière, la solution doit passer par l’interne.
Ça ne veut toutefois pas dire que ce sont les joueurs eux-mêmes qui devront se sortir la tête de l’eau. L’entraîneur-chef Dominique Ducharme devra commencer à travailler avec les joueurs qui lui en donnent le plus, peu importe leur statut. Il a été assez patient.
Il faudra aussi prendre des décisions. L’une d’entre elles : est-ce qu’il ne serait pas mieux pour les jeunes Alexander Romanov et Cole Caufield d’aller passer quelques semaines avec le Rocket de Laval afin de reprendre confiance pendant que la tempête frappe de plein fouet à Montréal?
Dans le cas de Romanov, on est rendu là. Il a eu ses chances, on l’a même placé avec Jeff Petry pendant quelques matchs récemment, mais sans succès. Dans le cas de Caufield, il se cherche aussi offensivement. Pour s’en sortir, il lance de partout et je ne suis pas convaincu que ce soit la bonne option.
Sécurité
Évidemment, les joueurs doivent se ressaisir. En plus, la majorité d’entre eux jouent sur des contrats à long terme.
Personne, ou presque, n’a à se soucier de son avenir. Personne ne peut être frustré de ne pas obtenir les opportunités lui permettant de se faire valoir à sa dernière année de contrat.
Ducharme est donc en droit d’en demander plus. Dans les points de presse, il demeure calme, mais c’est évident que le message n’est pas le même à l’interne. En bon entraîneur, il ne veut pas démolir la confiance de ses joueurs.
Par contre, c’est la Ligue nationale de hockey, une ligue dans laquelle le seul outil d’évaluation est le nombre de victoires au classement.
Et il va falloir qu’elles commencent à venir.
LES ÉCHOS DE BERGIE
TIENS BON, MIKE!
Je me dois d’utiliser cette tribune qui m’est accordée pour offrir mon support à mon ami Mike Bossy à qui on a récemment diagnostiqué un cancer du poumon. Mike et moi avons tout d’abord été des adversaires dans le hockey pendant plus de 11 ans puisque j’ai dirigé contre lui autant dans la LHJMQ que dans la LNH. On a par la suite appris à mieux se connaître en travaillant ensemble à TVA Sports et j’ai un plaisir fou à travailler avec lui. Mike, il dit les vraies affaires. Je sais maintenant qu’il va se battre comme il l’a toujours fait pour venir à bout de cette maladie. C’est un bagarreur et j’espère que ça se réglera le plus rapidement possible. Heureusement, il est bien entouré par sa femme Lucie, ses filles et ses petites-filles qu’il aime tant. Mike, je suis de tout cœur avec toi.
LENT DÉPART À CHICAGO
Quand j’ai vu que les Blackhawks de Chicago avaient fait l’acquisition de Marc-André Fleury et Seth Jones durant la saison morte et que le capitaine de l’équipe Jonathan Toews était prêt à revenir au jeu, j’étais convaincu qu’on reverrait les Hawks parmi les formations de tête. Pourtant, les Hawks sont maintenant l’une des trois seules formations de la LNH, avec le Canadien et les Coyotes de l’Arizona, à ne pas avoir gagné de match encore cette saison. Ce sont aussi des débuts difficiles pour Fleury qui affiche une désastreuse moyenne de buts alloués de 5,63 et un pourcentage d’arrêts de 0,840. Il faudra redresser la barque rapidement à Chicago.
ÇA PROMET
Les Lions de Trois-Rivières ont peut-être perdu leur premier match jeudi soir, mais l’organisation a démontré qu’elle était sérieuse. J’ai eu la chance d’être au Colisée Vidéotron pour cette première rencontre et j’ai été très impressionné par le travail réalisé par Marc-André Bergeron et toute son équipe. Il est natif de Trois-Rivières et on sent qu’il a à cœur la réussite de cette nouvelle concession de l’ECHL. Ils ont la chance d’évoluer dans un superbe aréna flambant neuf, d’avoir des dirigeants passionnés et d’être épaulés par un maire proactif. Ça promet!