Ukraine: une victoire russe serait «un cataclysme» pour les Français, avertit le premier ministre
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Agence France Presse
Une victoire de la Russie serait «un cataclysme» pour les Français: le premier ministre Gabriel Attal a défendu mardi la stratégie d'aide à l'Ukraine devant les députés, qui devraient largement la soutenir, malgré des divisions à gauche et l'abstention du parti d'extrême droite de Marine Le Pen.
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Dans un «moment de bascule du conflit», le chef du gouvernement a donné le coup d'envoi des débats en rendant «hommage à la résistance exceptionnelle du peuple ukrainien», applaudie par les députés, debout.
Il a insisté sur les «risques concrets» et «tangibles» d'une victoire russe sur «la vie quotidienne» des Français, un «cataclysme pour leur pouvoir d'achat»: «une inflation alimentaire puissance dix, une explosion des prix de l'énergie puissance dix».
Voter contre la stratégie d'aide française, ce serait «tourner le dos à notre histoire». «S'abstenir c'est fuir», a-t-il tancé en visant La France Insoumise (gauche radicale, LFI) et le Rassemblement national de Marine Le Pen (RN).
«Nous ne nous fixons pas de limite face à la Russie qui elle n'en fixe aucune», a-t-il souligné, après les déclarations controversées d'Emmanuel Macron, qui n'a pas exclu l'envoi de troupes occidentales au sol.
Le vote, sans valeur contraignante, est attendu vers 20H00 (19H00 GMT), avec une issue qui pourrait être favorable pour le gouvernement, grâce au soutien du parti de droite Les Républicains (LR), des socialistes et des écologistes.
Il porte sur l'accord de sécurité franco-ukrainien du 16 février. Conclu pour dix ans, il comprend un renforcement de la coopération militaire, en particulier dans les domaines de l'artillerie et de la défense aérienne.
Le groupe de Marine Le Pen «s'abstiendra» lors du vote, a annoncé son président Jordan Bardella, évoquant des «lignes rouges» parmi lesquelles l'envoi de troupes au sol et l'adhésion possible de l'Ukraine à l'Otan et à l'Union européenne.
«Camp de la guerre»
«Vous avez (...) détourné, exploité et instrumentalisé une crise internationale majeure pour la mettre au service d'un agenda électoraliste de court terme» avant les élections européennes, a affirmé Marine Le Pen.
«Soit on est pro-Macron, soit on est accusé d'être pro-Poutine», a-t-elle déclarant, en expliquant son choix d'abstention.
Dans sa déclaration, le chef du gouvernement a défendu l'accord de sécurité franco-ukrainien du 16 février. Conclu pour une durée de dix ans, il comprend un renforcement de la coopération militaire, en particulier dans les domaines de l'artillerie et de la défense aérienne.
En 2024, Paris promet de fournir «jusqu'à trois milliards d'euros de soutien supplémentaire».
«Ces trois milliards ne sont pas un chèque à l'Ukraine. Ils correspondent à la valeur maximale de notre aide militaire en 2024, notamment aux commandes passées auprès de nos industries de défense françaises», a expliqué le ministre des Armées Sébastien Lecornu.
À trois mois des élections européennes du 9 juin, l'aide à l'Ukraine est devenue un des thèmes clés de la campagne, particulièrement depuis les propos fin février d'Emmanuel Macron qui n'a pas écarté l'envoi de troupes au sol et ne veut mettre «aucune limite» dans le soutien à Kyïv.
Depuis ces déclarations qui ont suscité de fortes polémiques en France et en Europe, particulièrement avec l'Allemagne, Sébastien Lecornu a assuré que l'envoi «de troupes au sol combattantes n'était pas sur la table et le président Volodymyr Zelensky s'est voulu rassurant lundi en affirmant à des médias français que "tant que l'Ukraine tient, l'armée française peut rester sur le territoire français».
Le président Emmanuel Macron a mis l'aide accrue à l'Ukraine au coeur de ses priorités mais l'adhésion à ce soutien financier et militaire recule dans l'opinion française.
Un sondage Elabe pour la chaîne BFMTV et le journal La Tribune dimanche montre que 39% des Français considèrent que la France doit continuer de soutenir économiquement et financièrement Kiev comme elle le fait actuellement, soit 11 points de moins depuis le 28 juin 2023. Et davantage de Français (26%, +3 points) estiment qu'elle doit réduire son soutien.
Même tendance s'agissant du soutien militaire: 43% (-9 points) jugent qu'elle doit continuer son soutien comme elle le fait actuellement, 22% (+4) qu'elle doit le réduire.