Ukraine: enquête sur de possibles écoutes visant l'armée allemande
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Agence France Presse
Le ministère allemand de la Défense a indiqué samedi enquêter sur de possibles écoutes ayant visé des officiers de haut rang de son armée de l’air, lors de discussions confidentielles portant sur la guerre en Ukraine.
«Nous examinons si des communications liées à l’armée de l’air ont fait l’objet d’écoutes; le contre-espionnage militaire (BAMAD) a engagé toutes les mesures nécessaires», a indiqué à l’AFP une porte-parole du ministère.
L’affaire a émergé après la diffusion, selon les médias allemands, dans des comptes russes de réseaux sociaux proches du Kremlin, de ce qui ressemble fortement à l’enregistrement d’une conversation entre officiers allemands.
Ces derniers y parlent notamment de l’hypothèse de l’utilisation par les forces ukrainiennes de missiles de longue portée Taurus (de fabrication allemande), de leur impact éventuel, notamment s’ils devaient viser des cibles comme le pont de Crimée reliant la péninsule de Kertch (à l’ouest en Crimée) et le territoire russe.
Des experts interrogés par l’hebdomadaire Der Spiegel ont estimé que l’enregistrement était authentique.
L’Ukraine réclame depuis longtemps à l’Allemagne ces missiles d’une portée de plus de 500 km, mais Berlin s’y refuse jusqu’ici en arguant du risque d’escalade du conflit.
«Si cette histoire se vérifie, elle serait hautement problématique», a déclaré aux journaux du groupe RND le président de la commission parlementaire allemande de contrôle des services secrets, Konstantin von Notz.
«La question se pose de savoir s’il s’agit d’une affaire exceptionnelle ou d’un problème de sécurité structurel» au sein de l’armée allemande, a-t-il ajouté.
Un expert des questions de Défense du principal parti d’opposition CDU (conservateurs), Roderich Kiesewetter, a estimé pour sa part que «la conversion a été ébruitée à dessein par la Russie à ce moment précis avec un objectif bien particulier», celui de tuer dans l’œuf le débat en Allemagne autour de la livraison des missiles Taurus à Kyïv.
«D’autres conversations ont certainement été écoutées et seront diffusées ultérieurement pour servir les intérêts de la Russie», a-t-il dit à la chaîne ZDF.
Selon le Spiegel, la discussion entre officiers dure une demi-heure et émane d’une vidéoconférence sur la plateforme publique Webex et non d’un réseau secret interne de l’armée, ce qui soulève des questions sur les normes de sécurité interne à la Bundeswehr.