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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Ukraine: «10 millions de plaintes» attendues contre Moscou

AFP
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Agence France Presse

2024-01-24T15:45:08Z
2024-01-24T18:05:48Z
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Dix millions de plaintes en perspective. Le Registre international destiné à évaluer les dommages de la guerre en Ukraine prépare la facture qui sera présentée un jour à Moscou, même si la question du paiement reste hypothétique.

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«Je ne serais pas surpris qu'on atteigne les 10 millions», a déclaré mercredi devant la presse Markiyan Kliuchkovskyi, directeur exécutif du Registre des dommages de la guerre en Ukraine, une nouvelle institution internationale adossée au Conseil de l'Europe.

La création du Registre a été décidée lors d'un sommet des 46 pays membres du Conseil de l'Europe à Reykjavik en mai, afin de garder trace des dommages infligés par la Russie à l'Ukraine depuis l'invasion du 24 février 2022 et d'en calculer le montant. Objectif: obtenir à terme des réparations.

«L'idée est de répertorier les plaintes relatives aux pertes humaines, aux blessures, à la torture et autres souffrances physiques, y compris les violences sexuelles, aux déplacements forcés ou aux déportations, aux pertes de revenus, à la destruction de logements et des entreprises, à l'environnement», a précisé M. Kliuchkovskyi.

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L'objectif du registre n'est pas d'évaluer la recevabilité des plaintes, qui sera réalisée dans un second temps par une commission indépendante chargée des indemnisations, mais uniquement de les rassembler.

En ce qui concerne les seuls déplacements de population, le juriste a relevé que 4 à 6 millions d'Ukrainiens étaient réfugiés à l'étranger et que 2 millions étaient déplacés à l'intérieur même du pays, soit autant de plaintes potentielles. Mais il ne s'est pas risqué à évaluer le montant que pourrait atteindre la facture finale en espèces sonnantes et trébuchantes.

Plainte en ligne

À partir de fin avril, les Ukrainiens pourront commencer à enregistrer leurs plaintes, exclusivement par voie numérique, via une application de service public déjà existante, Diia.

«Cela devra être aussi simple que de se connecter avec son téléphone. Les personnes pourront facilement ajouter n'importe quel fichier, comme des photos, des certificats ou des déclarations, et les soumettre au registre en un clic».

L'application Diia fait l'objet de cyberattaques «quasi quotidiennes» mais M. Kliuchkovskyi a souligné qu'elle ne serait qu'une «porte d'entrée» pour enregistrer les réclamations, qui seront stockées à l'étranger.

Il est impossible pour M. Kliuchkovskyi de dire dans combien de temps les compensations financières seront versées alors que le conflit se poursuit. «Je pense qu'il est plus juste de parler en années», a-t-il convenu.

Basé à La Haye, l'organisme emploiera 45 personnes, dont 10 à Kyïv, «engagés à sensibiliser les populations sur le processus».

Le juriste ukrainien a rappelé que le Registre n'était qu'une première étape dans le mécanisme des compensations, reconnaissant que les moyens de les financer faisaient l'objet de négociations internationales.

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«La Russie est un État agresseur qui a donc le devoir de payer pour les réparations, c'est établi. Dans un monde civilisé, la Russie consentirait à payer pour les dommages subis. Mais nous n'y croyons évidemment pas», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au siège du Conseil de l'Europe à Strasbourg.

M. Kliuchkovskyi a évoqué une éventuelle saisie des quelque 300 milliards d'euros d'avoirs russes gelés à l'étranger.

«En vertu du droit international actuel, il n'est pas possible de saisir les biens d'un autre État», a-t-il remarqué.

«Mais on peut se demander : si un État viole un principe clé du droit international, doit-il pouvoir se réfugier derrière une autre disposition du droit international ? Notre réponse est non».

«Mesures de rétorsion»

Une autre possibilité serait de permettre aux alliés de l'Ukraine de prendre des «mesures de rétorsion» commerciales contre la Russie et de récupérer ainsi des fonds qui seraient transférés à Kyïv.

À ce jour, une quarantaine de pays membres du Conseil de l'Europe ainsi que les États-Unis, le Canada et le Japon, ont apporté leur soutien au processus.

Le Registre international vient s'ajouter à différentes mesures visant à aider l'Ukraine à obtenir réparation.

En mars, la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine pour sa responsabilité dans la déportation d'enfants ukrainiens.

Le projet de création d'un tribunal spécial pour les crimes de guerre en Ukraine, probablement installé à La Haye également, avait fait l'objet de discussions lors du sommet de Reykjavik.

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