Tuerie de Polytechnique: c’est important pour Carey Price (et pour tout le monde) de s'en souvenir
Jean-Michel Clermont-Goulet
Carey Price a assuré mardi matin qu’il connaissait l’existence de la tuerie de Polytechnique, alors que son entraîneur-chef et l’organisation du Canadien de Montréal disaient le contraire la veille. Mais au-delà de la controverse entourant le gardien de but étoile, voici pourquoi c'est important de se souvenir de cette tragédie, même plus de trois décennies plus tard.
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C’est un féminicide
Vers 17 h 10, le soir du 6 décembre 1989, un homme armé est entré dans les locaux de Polytechnique Montréal pour faire feu sur des étudiantes, tuant 14 femmes et blessant 13 autres personnes. Cet attentat antiféministe aura résonné d’un océan à l’autre du pays.
La tuerie de Polytechnique est aujourd'hui reconnue comme un féminicide. Ça n'a toutefois pas toujours été le cas. Ce n'est qu’en 2015 que le terme a en effet officiellement fait son entrée dans le dictionnaire Le Petit Robert, qui définit le féminicide comme le «meurtre d’une femme [ou] d’une fille en raison de son sexe».
Le 6 décembre a d’ailleurs été décrété par le gouvernement canadien comme Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes.
Le nom des 14 victimes de la tragédie
Les 14 victimes de Polytechnique ont été tuées parce qu'elles étaient des femmes. Souvenons-nous de leurs noms:
- Geneviève Bergeron
- Hélène Colgan
- Nathalie Croteau
- Barbara Daigneault
- Anne-Marie Edward
- Maud Haviernick
- Maryse Laganière
- Maryse Leclair
- Anne-Marie Lemay
- Sonia Pelletier
- Michèle Richard
- Annie St-Arneault
- Annie Turcotte
- Barbara Klucznik-Widajewicz.
La violence continue: 14 féminicides en 2022
Trente-trois ans après les événements de Polytechnique, la violence contre les femmes perdure.
Depuis le début de l'année 2022, ce sont 14 femmes qui ont été tuées au Québec. Ces femmes étaient des sœurs, des filles, des mères de famille et des amies, et elles ont été assassinées parce qu’elles étaient femmes.
L'année 2021 a été encore plus meurtrière, alors que 26 femmes avaient été tuées par des hommes, dont la plupart dans un contexte conjugal. Il s'agissait du nombre le plus élevé de féminicides depuis 2008, année pendant laquelle 27 femmes avaient été tuées.
Le code de promotion «dérangeant»
Lorsqu'on connaît les événements de l'école Polytechnique, la controverse entourant le soutien de Carey Price à la Coalition canadienne pour les droits des armes à feu (CCFR) n'a rien d'étonnant. À quelques jours du 33e anniversaire de la tuerie, l'organisation a en effet utilisé le code de promotion «Poly» pour offrir des rabais sur la vente de marchandises sur son site web.
«Il y a un caractère presque sacré à ce qui est arrivé à Polytechnique. C’est le plus grand féminicide au Canada. Une tuerie destinée contre les femmes, c’est assez particulier, et celle-là était particulièrement odieuse. Utiliser ça pour faire la promotion d’items, c’est dérangeant», a déploré Nathalie Provost, survivante de la tuerie de Polytechnique et porte-parole de PolySeSouvient.
La CCFR reproche notamment au gouvernement de s'attaquer aux chasseurs avec son projet de loi C-21.
Si vous êtes victime de violence conjugale
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